Il regarda de nouveau la carte. Une ligne d'épingles à tête rouge s'allongeait presque d'un coin à l'autre. Deux des apprentis d'Oknyr s'activaient et déplaçaient les épingles. Au centre de la ligne rouge brillait une seule épingle à tête d'or. Les yeux dorés d'Alanyra ne la quittaient pas, comme si elle attirait son regard, tel un aimant.
— Et l'étranger arrive avec eux, murmura-t-elle. Je le savais. Un tel guerrier devait venir.
— S'il est celui que tu espères, dit gravement l'Ordonnateur. Y a-t-il une raison, autre que ton propre désir, pour qu'il soit celui-là?
— Oui. Il y a le besoin de paix des Maîtres de la Mer comme des Villes Marines, un besoin que bien peu reconnaissent, dans un camp comme dans l'autre. Si cet homme vient réellement d'un pays inconnu, il pourra peut-être voir avec de meilleurs yeux que les nôtres. Il pourra voir comme moi, et m'aider.
— Il pourrait aussi être un tueur sans intelligence, à la main lourde, comme tant d'hommes de Stipors. Il voyage avec la Garde Conciliaire et Stipors a depuis longtemps l'habitude de s'entourer de tels hommes.
Alanyra haussa les épaules. Ses seins admirables frémirent sous la longue robe légère qu'elle portait habituellement dans ses appartements. Les apprentis eurent du mal à garder les yeux sur la carte.
— S'il est de ceux-là la drogue de vérité le révélera, comme elle a révélé les autres que j'ai pris pour des étrangers. Mais la prophétie demeure... La Déesse de l'Écume reconnaîtra un jour notre besoin et nous enverra cet étranger. Tu ne peux pas le nier, Oknyr.