Finalement, la femme se lassa. D'un nouveau retournement gracieux elle plongea comme une flèche vers les profondeurs. Les autres hommes- poissons la suivirent. Il y eut un nouveau bouillonnement quand les conducteurs du chariot tiré par les yulons mirent leur attelage en mouvement. Puis la mer s'étala, calme et déserte, autour du vaisseau. Pour la première fois depuis des heures, l'équipage pouvait s'asseoir en paix, soupirer de soulagement et se détendre.
Blade était encore trop énervé pour s'asseoir. Le combat l'avait épuisé mais la vue de cette femme l'avait rendu surexcité, frustré et curieux. Il arpenta le pont comme un ours en cage en examinant l'horizon.
La Galante n'était plus qu'un ponton noirci encore fumant. Blade la vit s'enfoncer lentement et, enfin, se retourner et sombrer dans un grand nuage de vapeur. Quand il se dissipa, il ne restait plus rien de la Galante qu'un peu de bois d'épave dérivant à la surface.
Bientôt le vent se leva, les voiles de la Maîtresse se gonflèrent, la mer se remit à bouillonner sous son étrave. Lentement, l'équipage se ranima, dégagea le pont de tous les débris et compta les pertes. Sur les quarante hommes, cinq étaient morts, trois agonisaient et onze étaient plus ou moins grièvement blessés. Seuls le capitaine, le bosco et Blade semblaient avoir conservé des forces; ils purent bientôt transmettre un peu de leur énergie aux matelots.
Deux heures après la disparition des derniers hommes-poissons, Blade et Foyn se retrouvèrent sur le gaillard d'avant. La Maîtresse courait sous une brise fraîchissante, cap à l'est, vers les Villes qui se trouvaient maintenant à quelque quatre-