Avant une demi-heure, Blade put apercevoir plus d'une centaine d'ennemis constamment en vue.
L'impression que les « tritons » jouaient avec eux au chat et à la souris s'accentua. Et Blade trouvait fort désagréable d'être parmi les souris.
Les mains de Nezdorn entrèrent en action. Puis ses palmes s'agitèrent plus vite et il nagea devant la compagnie. Des deux flancs, les arbalétriers le rejoignirent. Encore des signaux et une douzaine de guerriers du centre nagèrent aussi vers leur chef.
Blade en faisait partie. Sur sa droite et sur sa gauche, il vit les autres commandos talgariens exécuter la même manœuvre. Ces petites avant-gardes étaient destinées à empêcher les hommes-poissons de briser la ligne principale dans une attaque soudaine. Elles pourraient peut-être aussi abattre un ennemi ou deux qui s'aventureraient à portée de tir.
Mais cette interminable nage lente dans une mer limpide, à la poursuite d'un ennemi perpétuellement en retraite, tournait au cauchemar. Blade voyait croître la tension sur le visage de tous ceux de l'avant-garde, capitaine compris. Il était persuadé qu'ils allaient bientôt tomber dans un piège. Les commandos s'enfonçaient beaucoup trop profondément dans le territoire des hommes-poissons. Ils faisaient trop de dégâts sur leur passage, plus que l'ennemi ne pouvait en supporter.
Un éclair éblouissant fulgura dans les profondeurs bleu-vert, derrière eux et sur la droite. Blade se mit à compter. Une pression terrible lui frappa les tympans. Il se dit que ce devait être un pot à feu beaucoup plus puissant, qui explosait à un bon mille.