D'un mouvement gracieux elle s'y glissa et s'éleva lentement à petits battements de palmes.
Le cercle de lumière s'agrandit, les ténèbres se dissipèrent. Juste avant d'émerger à la surface, elle s'assura que son épée glissait librement dans le fourreau. Interroger l'étranger seule était une nécessité. Y aller sans être armée serait une folie.
Prudemment, Alanyra haussa la tête hors de l'eau et contempla l'homme étendu. L'étranger lui parut encore plus magnifique hors de l'eau que dans la mer, avec ses longs membres musclés, son torse puissant, son ventre plat. Il avait une demi-tête de plus qu'Oknyr, le plus grand Maître de la Mer qu'elle eût jamais vu, et à côté de lui elle avait l'impression d'être une petite fille.
Mais cet homme était-il l'étranger qu'elle espérait depuis si longtemps, celui qui pourrait apporter la victoire, ou même la paix, dans la mer de cristal troublée? C'était pour le savoir qu'elle avait mis la drogue de vérité dans le pain et les poissons. Sous cette influence, il répondrait à toutes les questions qu'elle lui poserait, il serait incapable de mentir ou de dissimuler. La drogue de vérité avait déjà révélé que les quatre précédents étrangers n'étaient que des hommes sans valeur. Maintenant leurs os se recouvraient de coraux à l'extrémité des récifs du Clan. Celui-là serait-il le cinquième? Alanyra espérait bien que non. La situation entre Talgar et les Maîtres de la Mer était plus grave que jamais. Et elle devait s'avouer que cet homme était merveilleusement beau, bien plus que les quatre autres.
— Déesse de l'Écume, fais que ce soit l'étranger, pria-t-elle à mi-voix.