Ses yeux sombres restaient fixés sur Blade, aussi immobiles et inexpressifs que ceux d'un serpent.
Enfin l'Autocrate se redressa et demanda :
— Quelle espèce d'aide te faut-il?
Blade poussa un soupir de soulagement. Il changea de position pour détendre ses muscles ankylosés et s'efforça de ramener un peu de salive dans sa gorge sèche. Puis il énonça la liste qui était préparée depuis longtemps dans sa tête. Un petit navire rapide, bien équipé et bien armé, avec un équipage réduit qui lui serait entièrement loyal, formé d'hommes aussi bons combattants que bons marins. Une somme raisonnable en or. Des documents irréfutables le présentant comme un acheteur d'armes pour l'Autocratie des Finances des Villes Marines.
— Je vois que tu as tout prévu, lui dit Krodrus. C'est parfait. Je craignais de t'envoyer à la mort.
— J'ai souvent accompli ce genre de mission. On apprend beaucoup en voyageant loin.
— C'est certain. Je me demande jusqu'où tu as voyagé, murmura Krodrus comme s'il se parlait à lui-même; puis il demanda sur un ton plus vif : Combien d'hommes te faut-il?
— Dix ou douze. Je puis être mon propre capitaine mais j'aurais besoin d'un bon second. Si c'est possible, j'aimerais que ce soit Gershon, celui que j'ai vaincu le jour de la manifestation sur les marches de la Maison du Conseil. Il me sera loyal, j'en suis sûr, aussi puis-je le laisser recruter l'équipage lui-même.
— Je vais avertir le Bureau des Marins. J'espère pour toi et pour les Villes qu'on peut vraiment avoir confiance en lui. Stipors paierait cher pour connaître cette mission et plus encore pour l'empêcher ou la faire échouer.