Il y serait ballotté comme un oignon dans une soupe, jusqu'à ce qu'il se noie ou s'écrase contre un rocher.
Mais il y avait ce promontoire étroit. Blade abrita ses yeux du soleil aveuglant et l'examina plus attentivement. Les gerbes d'écume étaient impressionnantes mais, à l'extrémité, la mer semblait très profonde. Là-bas, il y aurait moins de rochers. Blade s'étira encore une fois pour juger de l'état de ses muscles et se dirigea vers le promontoire.
Pas à pas, d'un rocher à l'autre, il le suivit. Par deux fois, il fut obligé de descendre tout au bord, là où les vagues se brisaient dans un bruit de tonnerre. La première fois, il put traverser l'endroit dangereux entre deux rouleaux. La seconde fois, il calcula mal son élan. La vague suivante se dressa au-dessus de lui comme une muraille de cristal bleu-vert couronnée d'écume blanche. Juste avant qu'elle s'écrase, il se cramponna du mieux qu'il put, enlaçant étroitement le rocher le plus gros et le plus lourd qu'il put trouver. Puis il emplit d'air ses poumons et retint sa respiration. La vague retomba sur lui, le plaqua contre le rocher et Blade crut que ses bras allaient être arrachés. Il tint bon jusqu'à ce que ses poumons lui semblent remplis d'un gaz brûlant; le vert-bleu vira au gris puis au noir. Enfin, brusquement, la mer reflua. Presque d'eux-mêmes, les bras et les jambes de Blade le hissèrent au sommet des rochers, hors d'atteinte du rouleau suivant. Il s'assit et le regarda déferler en tonnant, tout en massant ses membres endoloris. Et puis il repartit..
Arrivé à l'extrémité il grimpa sur le plus haut rocher et regarda autour de lui. Il sourit en constatant qu'il ne s'était pas trompé. L'eau était très profonde.