Chapitre 44

 

 

La forteresse du Chaos, dans les appartements de Mina.

Rosh était sur le grand lit rose en train de cingler passionnément les fesses déjà marbrées de Lirias, l’une des proches de Mina. Cette fille était une authentique masochiste, une madone de la souffrance. Elle aimait avoir mal, elle en redemandait. Du pain béni pour les appétits pervers du rouquin.

Mina, sa douce et perverse Mina, était allongée sous son amie, occupée à laper son intimité ruisselante.

Sequin frappa à la porte à cet instant, puis entra, comme Rosh l’avait autorisé à le faire. Son nouveau chef de la sécurité, grand gaillard au crâne rasé et au large visage terminé par un bouc d’un noir dense, était devenu un intime.

— Oh-oh, voilà mon bon Sequin. Sers-toi un verre ou viens nous rejoindre, mon ami ! grasseya Rosh.

 

Une demi-heure plus tard, les deux hommes se retrouvaient dans le sauna accolé aux appartements de Mina. Nus tous les deux. Le contraste était vif entre le corps bronzé, massif, sec et musclé du guerrier et celui, blanc, gras, empâté, du fils Melfynn. Hormis au lit, Rosh n’avait aucun goût pour l’exercice physique.

Ils étaient assis l’un en face de l’autre, sur des bancs de teck. La vapeur se diffusait tout autour d’eux, chaleur délassante.

— Je t’écoute, Sequin. Quelles sont les nouvelles ?

— Nous allons manquer de Rêve de Jour. Cette drogue est une aubaine, elle plaît beaucoup à tes petits nobles.

— Je vais m’occuper d’en commander à nos amis ténébreux. La livraison se fera selon les modalités habituelles, dès que j’aurai une date, tu te chargeras de la réceptionner. Quoi d’autre ?

— J’ai recruté les nouveaux gardes que tu voulais. Un clan entier de guerriers hamachiis. Ils sont redoutables à souhait… Sinon, concernant notre petite affaire, elle est presque réglée. Il ne reste plus qu’un garde à éliminer. La femme dont je t’ai parlé. Le problème est qu’elle a intégré l’escadron des Spectres de ce bâtard de Cellendhyll de Cortavar. Les Spectres sont partis en mission secrète et j’ignore quand ils rentreront.

— Hum… Voilà qui est ennuyeux. L’idéal serait que nous puissions mettre la main sur elle et sur Cellendhyll. Ma haine pour lui est encore plus forte qu’avant.

— Oui. Elle et l’Adhan, ce serait vraiment parfait, renchérit Sequin.

Lui aussi avait eu maille à partir avec l’Ange du Chaos. Il reprit :

— Je continue à penser, cependant, que si elle avait voulu nous dénoncer, elle l’aurait fait depuis longtemps.

— Tu as peut-être raison. Mais je ne veux pas courir le risque. Si l’on découvre que toi et moi sommes les assassins de l’héritier du clan Garthe, je ne donne pas cher de nos têtes. Même si nous parvenions à éviter une condamnation du conseil, le seigneur de Garthe se fera un plaisir de lancer une vendetta contre nous…

— Alors les hommes, toujours à vos messes basses ? Je vais finir par me demander si vous n’êtes pas ambivalents tous les deux.

— Ce n’est pas le cas, Mina, sinon, ma douce vicieuse, crois bien que tu serais la première informée. Alors mes gourmandes, vous venez vous détendre avec nous ?

— Évidemment ! J’ai amené de quoi raviver vos instincts virils.

— Tu es partant, Sequin ? demanda Rosh, adressant un clin d’œil complice à son comparse.

— Toujours.

Depuis qu’il s’était mis au service du Melfynn, Sequin connaissait la richesse et la puissance, et autant de drogues et de femmes qu’il pouvait en rêver.

Mina et Lirias se rapprochèrent. La maîtresse de Rosh était une petite blonde au visage faussement innocent, au regard pervenche, rouée à tous les aspects du plaisir. Brune, le teint mat, les yeux noisette, plutôt ronde, Lirias était moins séduisante mais non moins avide de perversité.

Le coffret de bois laqué qu’avait apporté Mina contenait des perles de Kaa. Des boules de verre emplies de fumée rosâtre. Chacun en prit une, qu’il cassa avant de l’inhaler avec avidité. La fumée de passion révulsa les regards, décupla les sens, le désir et l’endurance.

Quelques instants plus tard, les corps s’étaient mélangés, humides de vapeur, de transpiration et de stupre.

Lirias avait été abondamment fessée  – à son plus grand plaisir, qu’elle avait sonore  – tour à tour par ses trois partenaires, tandis que de sa bouche ou de ses mains, elle s’occupait à satisfaire les deux autres.

Mina s’était ensuite occupée de la verge de Sequin, lui délivrant une fellation gloutonne et salivaire. Écartelée par Rosh, Lirias subissait et jouissait des grands coups de boutoir du rouquin.

Sequin renversa Mina en levrette et pilonna ses reins avec application, claquant de temps à autre le fessier ravissant de la jeune femme. Mina hurlait son plaisir.

Ils prirent Lirias à deux, puis Mina.

Les combinaisons se succédèrent jusqu’à l’explosion finale des sens.

 

Mais le repos de Rosh, qu’il jugeait bien mérité, ne dura pas plus que quelques minutes. Alors qu’il se tenait avachi dans le sauna avec ses petits camarades de jeu, une cloche résonna au-dessus de leur tête.

Le Melfynn se dressa d’un bond un peu chancelant. Il quitta la salle enfumée sans donner d’explication, évoquant son retour dans quelques heures.

Ce genre de convocation était rare, il ne pouvait s’y soustraire sous aucun, vraiment aucun prétexte.