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Rusa’h l’Incarné des faeros
Au cœur du Palais des Prismes : là était sa véritable place. Rusa’h flamboyait, répandant autour de lui le feu et la lumière au cœur de ce prisme grossissant. Son éclat se réfléchissait le long des parois de cristal pour illuminer l’extérieur tel un phare. La lumière sur Ildira était brillante. Fort brillante en vérité.
À présent que les faeros avaient rallumé le soleil de Durris-B, la gloire de l’Empire serait plus forte que jamais. Au-dessus de Mijistra, les entités ignées s’étaient gavées de plus de dix mille flâmes issues d’autant d’Ildirans aussi impuissants qu’aveugles à la destinée. Son peuple. À présent, chacun d’eux appréhendait la vérité de la Source de Clarté, le feu purificateur. Si seulement ils avaient écouté avant… Mais il avait enfin la force de les contraindre à écouter.
Il n’avait pas l’intention de détruire cette grande cité, mais de la sauver. La purifier.
Hélas, le chrysalit, son trône légitime, n’avait pas supporté la splendeur de sa présence. Il gisait sur le sol en une flaque de métaux précieux fondus et de débris cendreux. À l’intérieur du palais, tout était brûlé, mort.
Il se sentait rassasié… pour l’instant. L’attaque de l’adar Zan’nh lui avait coûté deux bolides ignés. Mais en surplomb du Palais des Prismes, les autres se mirent à enfler en palpitant. À se reproduire, enfin. Ils commencèrent à se scinder, d’abord en deux, puis en quatre, emplissant peu à peu le ciel ildiran.
Pendant ce temps, le reste des faeros s’étaient engagés dans de grandes batailles contre les wentals. La guerre finale ne faisait que commencer.
Grâce au prêtre Vert qui habitait ici, celui qui avait tissé son propre réseau de télien, Rusa’h avait découvert une nouvelle voie, qui menait droit à la forêt-monde. Il y projeta ses pensées comme autant de traits enflammés. Les entités ignées se précipitèrent à sa suite le long des rayons-âmes, jusqu’à ce qu’il tombe sur le réseau bizarrement familier des prêtres Verts : leur télien.
Dans le passé, des humains avaient réussi à se connecter au thisme ildiran. Mais à présent, Rusa’h fondait, irrésistiblement, sur l’esprit des prêtres via les connexions libres que Kolker et ses disciples avaient involontairement créées. Il en trouva un, puis un autre, et un autre encore. Le feu invisible se rua vers le cœur de la forêt-monde.