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Sirix
Les robots noirs utilisèrent l’arsenal des FTD qui leur restait pour attaquer les planètes klikiss. Un monde à la fois. Chaque fois qu’ils découvraient une sous-ruche, ils l’éradiquaient. La flotte de Sirix attaquait sans prévenir. Elle l’écrasait quand elle le pouvait, battait en retraite dans le cas contraire. Mieux valait réduire ces mondes en ruines fumantes que les laisser reconquérir par les créateurs.
En dépit de ces victoires, Sirix sentait qu’il perdait du terrain. Les événements lui rappelaient trop les jours anciens, lorsque ses camarades avaient perdu la guerre originelle et avaient été asservis par le spécex majeur. Il ne pouvait laisser cela se reproduire, même s’il ne s’avouait pas qu’il avait peur… du moins, pas encore.
Sirix marchait pesamment le long de la passerelle du Mastodonte. Ses deux compers Amicaux l’accompagnaient tels des chiens fidèles.
— Va-t-on bientôt arriver ? demanda DP.
— Vous aurez bien assez tôt l’occasion de tirer sur quelque chose.
Leurs réserves d’ekti se vidaient à une vitesse inquiétante, tout comme leur stock de munitions. Et cependant, Sirix devait augmenter l’efficacité de ses destructions. Il ne pouvait se permettre de gaspiller son carburant et ses armes en sondant chacune des planètes jadis habitées par les Klikiss. La plupart étaient toujours vides. Sirix devait être plus sélectif, plus précis. Il devrait mener le combat personnellement, avec ses robots et ses compers Soldats dotés d’armes de poing provenant de l’armurerie du bord. Ce ne serait pas aussi rapide qu’un bombardement orbital, mais il attendait avec impatience ce genre d’affrontement : tête à tête et pince à pince, comme à l’époque de la guerre originelle. Les Klikiss ne l’oublieraient jamais… peu importe quel camp survivrait au cataclysme.
Mais d’abord, il devait trouver un spécex majeur.
Lui et ses robots atterrirent sur une planète klikiss déserte et encerclèrent un transportail. Sirix ordonna à trois compers Soldats de sélectionner sur les tuiles de coordonnées une destination que les robots n’avaient pas encore explorée. Les compers traversèrent sans rechigner le passage pour mener leur reconnaissance.
DP et QT les regardèrent disparaître vers les lointaines planètes, en quête d’une infestation.
— Que vont-ils voir à leur arrivée ? demanda QT.
— Ils verront s’il y a des Klikiss.
— Et ensuite ?
— Ils seront détruits, ou bien reviendront nous apprendre que la planète est vide. C’est le meilleur moyen de choisir notre prochaine cible sans gaspiller de carburant.
Deux des éclaireurs revinrent très vite, avec les images qu’ils avaient filmées. Le premier monde était totalement désert, tandis que le second abritait une petite – mais indésirable – colonie humaine. Des hommes s’étaient précipités sur le comper en le bombardant de questions, mais celui-ci s’était contenté de revenir dans le passage sans répondre. Sirix aurait aimé éradiquer cette colonie importune, mais il avait plus urgent à faire.
La pierre trapézoïdale devint floue lorsqu’un nouveau passage s’ouvrit. Sirix s’attendait au retour de son troisième éclaireur. Mais au lieu de la silhouette humanoïde du comper, le transportail dessina celles de guerriers klikiss qui se pressaient pour passer.
Les compers Soldats abattirent les premiers ennemis avant même qu’ils aient émergé du passage. D’autres formes menaçantes apparurent, et les guerriers franchirent le seuil, prêts à l’attaque.
Sirix était paré. Par précaution, il avait placé des charges de démolition autour du socle.
— Détruisez ce côté du transportail.
Une rapide explosion, et la plaque trapézoïdale s’effondra dans un craquement, obturant le passage et bloquant la nuée de Klikiss qui affluait. Sirix tourna la tête vers DP, QT ainsi que les robots noirs :
— À présent, nous savons où trouver une infestation à détruire. Une planète nommée Llaro.