11.
Il traversa le canal sur le pont des Allemands. Derrière lui, les cloches de l’église Christina sonnèrent 17 heures. Le crépuscule tombait au rythme de leur timbre. Le vent s’engouffrait par le quai des Magasins. Winter frissonna. Il adorait Göteborg à l’exclusion de son caractère venteux. Il faisait toujours du vent. C’était ce qui l’avait empêchée de devenir une métropole plus importante : les gens finissaient par fuir. Cette nuit-là, il avait rêvé d’une voiture en feu. Sur un pont. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait cette voiture en rêve. Le pont s’élevait très haut au-dessus de l’eau. Il avait cru reconnaître les pylônes du pont avec leurs câbles tendus. Ils paraissaient lever leurs bras vers le ciel. Plus loin, il y avait d’autres bras. Ils montaient encore plus haut dans le ciel. Ils étaient liés, comme fondus ensemble avec un énorme bras en travers. Un bras énorme. Tout était jaune vif, comme la voiture en feu. Il avait volé par-dessus la scène. Il avait des ailes. La voiture était une torche dans le noir. Il avait entendu crier. Il avait vu quelqu’un tomber. Il avait vu un navire, un ferry illuminé comme en proie aux flammes. Et puis les bras de nouveau. Ils essayaient de l’atteindre, de l’agripper pour l’entraîner au fond. Il avait vu quelqu’un nager en bas. Une jeune fille. Il s’était réveillé en sueur, s’était levé pour aller aux toilettes et boire un verre d’eau. Puis il était resté assis dans le noir à la table de la cuisine.
Il marchait maintenant à la lueur du crépuscule. Une autre nuit viendrait, de nouveaux rêves. Une autre vie plus clairvoyante.
Tandis qu’il remontait Västra Hamngatan, son téléphone mobile retentit :
– Oui ?
– Bonsoir, Erik ! C’est moi.
– Bonsoir, maman.
Sa petite maman en ligne directe depuis Nueva Andalucia. La Nouvelle Andalousie. Rien ne changeait pourtant là-bas, comme ailleurs. Certes, on avait construit des terrains de golf, certes on buvait différemment : les nouveaux Andalous carburaient au gin tonic, les anciens au sherry, au montilla et au malaga. Mais Siv avait réduit sa consommation ces dernières années, peut-être à cause du décès de Bengt Winter à l’Hospital del Sol, près de Malaga. Son fils était venu. C’était la dernière fois qu’ils se voyaient, bien sûr. Pour Winter, ç’avait été comme une première fois. Ensuite, toute autre possibilité avait disparu. Aucune alternative n’existait plus. Malgré tous les efforts d’imagination. On ne pouvait qu’être vivant ou mort. Pas de situation intermédiaire. Du moins le pensait-il. On ne pouvait être à demi mort.
– Comment vas-tu, Erik ? Comment allez-vous ?
– Bien.
– Les filles aussi ?
– Elles sont en pleine forme.
– J’ai assez envie de rentrer.
– Oui, je sais. Mais j’ignore pourquoi.
– Est-ce qu’on a besoin d’avoir une raison ?
– Non, non.
Elle avait comme un souffle dans la voix et tout à coup sortit un rire éraillé. Siv Winter avait continué à fumer ses Prince bien après qu’on eut fait imprimer sur les paquets les messages d’avertissement.
– Vous me manquez tous.
– Hmm.
– En fait, c’est vous qui devriez vous installer ici. Ils réclament Angela tous les jours à la clinique.
– Tu y vas tous les jours ?
– Tu vois ce que je veux dire.
– Et qu’est-ce que je ferais là-bas ? On en a déjà parlé, maman.
– Tu pourrais te reposer.
– On vient de passer six mois dans ce havre d’oisiveté. Je suis reposé !
– Tu ne me donnes pas cette impression, Erik.
Il ne répondit pas. Après cette conversation, il irait prendre un verre chez Morris. Le bar était à moins de cinquante mètres. Il était déjà calme, mais ça le calmerait encore plus. Et pour plus de sécurité, il fumerait d’abord un Corps dehors. Il s’arrêta net devant la cathédrale. Il venait d’entendre les cloches sonner, là aussi. Un timbre plus sombre que celles de Christina, plus lourd. C’était peut-être un privilège de cathédrale.
– Alors tu retournes au pays, lui dit-il.
– Exactement. Je viens d’appeler Lotta et elle m’a tout de suite proposé de loger chez elle. Aussi longtemps que je voudrais.
– Bien.
Il aurait dû lui faire immédiatement la même proposition, mais il savait qu’elle savait qu’il savait qu’elle savait et les paroles étaient donc inutiles. Beaucoup de choses pouvaient rester tues. Peut-être que dans le futur on développerait une nouvelle forme de communication. Progrès ou régression… La parole, c’est l’homme dans ce qu’il a de plus grand, mais les mensonges ont perturbé la communication, songea-t-il. Personnellement, je suis un taiseux. Je préfère utiliser le langage des signes et fermer ma gueule. Peut-être que dans le futur, pour économiser du temps, les gens cesseront de parler autrement qu’avec des signes. Dans quel futur ?
– Je pensais arriver dimanche, continua Siv Winter. Ou lundi. Je viens d’appeler l’agence de voyages.
– Tu seras la bienvenue.
– Je resterai peut-être un moment.
– Bien sûr.
– Je veux dire vraiment longtemps. Je suis tentée de m’acheter un appartement.
– Ce serait formidable.
– Tu n’as pas le ton de quelqu’un qui trouve ça formidable.
– C’est pourtant ce que je pense, maman.
– Oui, on verra. Mais je… je voudrais voir les filles un peu plus souvent. Elsa et Lilly, Bim et Kristina aussi, bien sûr. C’est comme si je… comme si les choses changeaient avec l’âge. J’ai mauvaise conscience, je crois, d’avoir négligé Bim et Kristina quand elles étaient petites. Je ne veux pas faire la même erreur avec tes filles.
– Je ne pense pas qu’elles ressentent les choses comme ça. Vous vous êtes beaucoup vues, tu sais.
– Parce que vous êtes venus ici. Mais c’était exceptionnel.
– Je n’ai jamais entendu Bim ni Kristina se plaindre de ne jamais te voir.
– La preuve ! Tu viens de dire qu’on ne se voit jamais.
Il ne savait pas vraiment ce qu’il voulait dire. Lui non plus, il n’avait pas beaucoup vu les filles de Lotta ces dernières années. Il y avait déjà pensé. Il avait peut-être un peu mauvaise conscience. Avec l’âge ?
– Lotta… ça ne va pas fort en ce moment, dit Siv Winter.
– Ah bon ?
– Elle ne t’a rien dit ?
– Non. Il s’est passé quelque chose ?
– Elle ne m’a rien dit de précis, mais elle n’avait pas l’air en forme.
– Tu veux que je parle avec elle ?
– Pas tout de suite. Ce serait comme si j’avais donné l’alerte.
– J’avais pensé faire un tour chez elle cette semaine, mentit Winter.
– Dans ce cas…
– Appelle-moi quand tu sais à quelle date tu arrives, maman.


Il but un Springbank au Morris. C’était l’heure bleue. Il était seul dans le bar. Un moment qui devrait durer toujours. Seul dans un bar, à l’heure bleue, un samedi qui durerait toute la semaine. Le monde extérieur se dissolvait doucement dans l’alcool. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour être heureux. Il appela chez lui.
– Je suis au Morris. Tu me rejoins ?
– Tu plaisantes ?
– Mais…
– J’emmène les filles ?
– Pourquoi pas ?
– Tu veux que j’emmène les filles au bar pour qu’elles voient leur père ?
– C’est très bien, comme endroit. Et désert. Pas une âme. En plus, ils ont des craies.
– Des craies ?
– Oui. Pour dessiner. Colorier des drôles de bonshommes.
Angela ne put réprimer un éclat de rire, presque aussi rauque que chez Siv, bien qu’elle n’ait jamais fumé une cigarette de sa vie.
– Alors tu vas pouvoir nous dessiner un dîner, lança-t-elle. Parce qu’ici, on n’a rien. Tu devais passer par les halles.
– On bouffe bien chez Morris.
– Tu as déjà pris combien de whiskies ?
– Juste un. Il est à peine 18 heures. Je vous appelle un taxi.
– Erik…
– Au fait, Siv a téléphoné. Elle pourrait arriver ce week-end.
– Ah bon ?
– Rattrapée par sa conscience. Elle veut voir tous ses petits-enfants.
– Ça leur fera plaisir.
– Tu as parlé avec Lotta ces derniers temps ?
– Non… oui… pourquoi ?
– Siv pensait qu’elle n’allait pas bien.
– Et toi, depuis quand tu ne l’as pas eue au téléphone ?
– Ça doit faire quelques semaines.
– Tu devrais l’appeler.
– Je vais le faire. Ce soir.
– D’où ?
– Comment ?
– Du bar ou de la maison ?
Winter fit tourner son verre dans sa main. Il était malheureusement vide. Un petit groupe s’attardait devant les grandes fenêtres. Les gens paraissaient le dévorer des yeux. Il eut tout à coup l’impression d’être une célébrité. Et il l’était d’une certaine façon. Go away. Ce n’est pas un endroit pour vous. On aurait dit des fonctionnaires municipaux, ou alors des publicistes, des journalistes peut-être. Aucune différence. Ils avaient tous l’air aussi con. Ils entreraient et après deux trois verres, ils troqueraient leur balai dans le cul contre une bonne humeur conventionnelle, prévisible et pareillement triste à contempler. Voici qu’ils passaient la porte. Les voix grêles de ces femmes, leurs rires secs lui glaçaient le sang.
– De la maison, fit-il. Je cours aux halles vous rapporter le veau gras.


La soirée était déjà bien avancée quand Winter se mit à préparer les escalopes de veau. Les paner, un jeu d’enfant. Mais le mal de tête lui vrilla les tempes avec une telle vigueur qu’il manqua de s’évanouir. Il s’appuya contre le plan de travail. La lumière de la cuisine lui parut tout à coup très forte, alors qu’elle se réduisait à la lampe de la cuisinière. La douleur qu’il sentait au-dessus de l’œil gauche commença soudain à balancer d’un côté à l’autre. Une partie de tennis sous son crâne. Federer contre Federer. Il n’avait eu droit à aucun avertissement cette fois-ci. On ne l’avait pas prévenu du match à venir. Pas d’éclairs ni de zigzags devant les yeux. Il entendait quelque part Angela et les enfants. Son champ de vision s’était maintenant réduit. Il se tenait au rebord tandis que des vagues de douleur lui déferlaient dessus. Il entendit à nouveau des voix.


– Ils étaient plusieurs types concernés, assez bizarrement.
– Comment cela ?
– C’est ce que j’essaie de comprendre.
Jacob Ademar reprit son verre. De l’autre côté de la baie vitrée, les gens passaient dans Avenyn. Il se sentait comme un poisson dans un aquarium, même si personne ne le regardait. Son éditeur, Stefan Fors, buvait sa Pilsner, la troisième. Le crépuscule tombait. La journée était bien finie. Le bar commençait à se remplir. Mais pour Ademar, désert ou pas, ce genre d’endroit n’avait rien de chaleureux. Celui-ci moins encore qu’un autre. Peut-être n’avait-il pas pris assez de whisky, ou alors pas de la bonne marque.
– Est-ce qu’elle a nagé tout du long ? Cette question m’obsède. (Ademar reprit son verre : c’était la dernière goutte. Il fallait qu’il en commande un deuxième.) Ou alors est-ce qu’un bateau l’a prise à son bord ?
– Personne n’en sait rien apparemment, émit Fors.
– Non.
– Que sont-ils devenus ?
– Qui ?
– Ces types. Ceux dont tu parlais.
– Aucune idée. Je ne sais pas qui c’était. Je ne suis même pas sûr que c’étaient des mecs.
– On ne peut pas retrouver ça ?
– J’essaie.
– Tu veux un autre whisky ?
– Je ne dis pas non.
– Le même ?
– Pourquoi pas ?
Fors fit signe au garçon qui s’occupait d’une table au fond de la salle. Il lui montra du doigt le verre d’Ademar. L’autre hocha la tête.
Ademar le suivit du regard.
– Et ensuite, elle a disparu ? reprit Fors.
– Complètement disparu.


Une colonne de feu traversait la nuit, non, une boule de feu. Elle atterrit dans l’eau. Winter l’entendit frapper comme une masse. Une explosion. Le pont s’était couché sur le côté. Il flottait sur le fleuve comme un porte-avions. Il y avait une voiture sur le pont du navire. Sans doute parce que c’était un rêve. Comment le savait-il ? On n’est pas censé le savoir quand on dort. L’eau était calme des deux côtés du navire. Quelqu’un nageait dans l’incendie. Il percevait une tête. En feu. La sphère, c’était une tête en feu. C’est moi, pensa-t-il. Mais c’était une femme. Il continua tout de même à penser que c’était lui. C’était elle et lui en même temps. Il reconnaissait son visage. Il ne savait d’où. Elle disparut sous la surface de l’eau. Je ne la verrai plus jamais, se dit-il. Sa tête le brûlait. La voiture prit feu sur le pont. Les portes ouvertes, le moteur en marche. Les portes avant de la voiture claquèrent au vent. Cette voiture était infiniment seule. La scène durait infiniment. Plus personne au monde. Winter était une colonne de feu illuminant la scène. Une sphère. Le soleil.
– Aaaaaïe !
Il se réveilla au bruit de son propre cri :
– Noooon !
Il sentit une main sur son bras. Elle était fraîche contre sa peau. Sa peau toujours brûlante. C’était le noir complet autour de lui. Il avait perdu la vue.
– Erik.
– Je suis aveugle !
– Erik.
– Je ne vois plus !
Il se tourna du côté d’où provenait la voix. Une lumière se dessina : elle avait allumé la lampe de chevet.
Il avait recouvré la vue !
Elle avait toujours la main posée sur son bras. Il aurait dû souffrir de brûlures, pensa-t-il. Il était trempé de sueur. Ses cheveux lui collaient au crâne.
– Je l’ai vue, dit-il en s’essuyant le front.
Son mal de tête était passé, bien qu’il ait sans doute été à l’origine de son réveil. S’il s’asseyait, il se sentirait meurtri, comme s’il avait écopé d’une rossée pendant son sommeil, comme s’il avait été pris en pleine rixe.
– Qui est-ce que tu as vu ? demanda-t-elle.
– Je… ne sais pas.
Il se mit prudemment sur son séant. Il était nu. Il voyait ses vêtements posés sur une chaise plus loin dans l’ombre.
– Comment je suis arrivé au lit ?
– Tu ne t’en souviens pas ?
– Non. (Il se passa la main gauche sur la tête. La peau était encore chaude, et sensible. Il se passa la main sur le visage.) Je me rappelle que j’étais dans la cuisine. J’étais en train de préparer des wiener-schnitzlers. (Il leva les yeux.) Qu’est-ce qu’elles sont devenues, mes escalopes ?
– On en a un peu mangé, Erik.
– Tu les as panées ? Mais tu ne sais pas cuisiner les wiener-schnitzlers !
– Il faut maintenant qu’on fasse quelque chose contre ce mal de tête, déclara Angela. Sérieusement.
– Parce qu’avant, c’était de la rigolade ?
– Je ne plaisante pas, Erik.
– Qui a dit que j’avais un mal de tête ?
– Tu fais l’idiot ? Ou alors tu me prends pour une idiote ?
– Chhuut ! Ne réveille pas les filles.
Elle détourna brusquement la tête.
– Qu’est-ce que tu veux dire, Angela ?
– Tu ne peux plus biaiser. Encore et encore. Tu dis que ce n’est rien. Mais je sais reconnaître une crise de migraine quand j’en vois une.
– Migraine ?
– Oui, migraine.
– Ça pourrait être une tumeur.
– Ah bon ?
– Une tumeur de l’hypophyse.
– Qu’est-ce qui te le fait penser ?
– Mes lectures !
Elle s’était assise à côté de lui.
– Mon Dieu, Erik.
– Tu es médecin. Et comme tous les médecins, tu penses que non, bien sûr ! Tout va bien. Tout le monde est toujours en bonne santé. Surtout dans cette famille. Impossible que les proches soient malades.
– Tu es injuste.
– Mais c’est vrai ! Ça ne sert à rien de venir te consulter si on a quelque chose. On est trop douillet !
– Les bras m’en tombent.
– Maintenant tu parles de migraine.
– Oui, migraine. Tu m’as l’air d’avoir fait une bonne crise de migraine.
Il ne répondit pas. Elle avait probablement raison. Une migraine ? En tout cas, c’était mieux qu’une tumeur de l’hypophyse. On n’en mourait pas.
– Et comment ça se soigne ?
– Il existe des médicaments.
– Ah bon.
– Mon Dieu, Erik.
Elle posa la main sur son épaule. Une main chaude. Il comprit qu’il avait brusquement commencé à avoir froid. Il devait avoir de la fièvre.
– Qu’est-ce que tu disais ?
– Comment ça ?
– Tu as dit que tu « la » voyais.
– C’était un rêve.
– Mais qui était-ce ?
– Je ne sais pas. Dans un rêve… C’était… un souvenir. Je ne sais pas.
– Ce doit bien être quelqu’un. Quelqu’un qui t’a laissé un souvenir.
– Non, dit-il, sans en être bien sûr.
C’était en rêve. Il aurait peut-être la réponse en y retournant.
Presque mort
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