Un homme et son destin

Je caresse le projet de me réinstaller à Paris quand je n’enseignerai plus et pourrai me consacrer à plein temps à l’écriture. Je me suis toujours senti beaucoup plus proche de la sensibilité française qu’américaine. La conception qu’ont les Français des relations humaines et de la vie me convient mieux. J’ai été vietnamien et américain. Devenir français bouclera la boucle.

De même que je constate une organisation dans l’univers, je me demande s’il en existe une dans les grandes lignes de la destinée d’un homme, sans qu’il perde pour autant son libre arbitre. Plus j’avance sur le chemin de la vie, plus je me dis que certains événements et rencontres ne peuvent être le seul fruit du hasard. Ainsi, serais-je devenu astronome si Charles de Gaulle n’avait pas prononcé son discours de Phnom Penh et ne m’avait pas fait dévier vers l’université qui possédait le plus grand télescope du monde à cette époque ? Mon père aurait-il péri dans le camp de rééducation si mes pas ne m’avaient mené vers l’astrophysicien providentiel de Meudon ? Je ne peux m’empêcher de rapprocher l’organisation que je perçois dans ma vie du concept bouddhiste du karma. Selon le bouddhisme, ce qui nous arrive dans cette vie est la conséquence de tous les actes et pensées de nos vies antérieures. C’est une sorte de loi de cause à effet qui relie notre vie actuelle à toutes celles qui ont précédé et à toutes celles qui suivront. Certains épisodes de mon parcours, quand je les revois, me paraissent trop extraordinaires pour que je ne m’émerveille pas devant leur agencement.