La torche au-delà de l'abîme projetait une lumière diffuse, vacillante. Prudemment, il s'insinua entre les étincelantes images de diamant, les frôlant sans les voir. Janina l'attendait.
Le crépitement reprit dans son cerveau. Préparez retour immédiat DN... Préparez retour immédiat DN... Préparez...
Blade les maudit tous et ferma son esprit. Jamais. Ne jamais retourner. Janina l'attendait.
Elle s'était retournée sur son socle. Elle le regardait approcher entre les statues immobiles. Elle souriait.
— Tu es venu, Blade. Enfin !
Il fit halte. Elle avança vers lui. Son corps cessa d'étinceler. La lumière de la torche ne faisait plus jaillir de reflets multicolores des mille facettes. Elle baignait un corps tiède, blanc et rose, qui respirait doucement et tendait vers Blade des bras amoureux.
Il embrassa chacun des seins parfaits. Les doigts de Janina sur sa figure étaient des plumes de velours. Elle murmura des mots d'amour, susurra ce qu'ils feraient, et il comprit que tout était bien. Oui, ah oui ! Ils feraient toutes ces choses ensemble.
La bouche de Janina était un puits de tendresse qui attira profondément sa langue. Son haleine était un parfum, sa chair ensorcelante, et ses mains tenaient les promesses du paradis après les mensonges de l'enfer. Il tomba à genoux, elle avec lui. Ils s'enlacèrent, s'embrassèrent et elle souffla :
- Maintenant, Blade. Maintenant... Enfin!
Elle le caressa légèrement. Il était rigide,
gorgé de sang, gonflé et affamé, plus phallus qu'homme. Une torture aussi exquise ne se pouvait supporter. Janina chuchota :
— Ah Blade! Enfin, enfin... Je veux te sentir en moi. Ah Blade! Mille ans, je t'ai attendu et te suis restée fidèle. Ah Blade... Viens !
Blade pénétra dans la vallée du plaisir. Une longue ravine étroite et rose aux parois élastiques. Tout ce qu'il avait jamais connu ou rêvé ou désiré s'accrut mille fois. Il comprenait ce qu'était la mort. La mort, c'était cela. Et cependant pas la mort, car c'était la vie, indiciblement merveilleuse, et lorsque ce serait fini il connaîtrait la paix. Oui, il comprenait car Janina était à la fois la vie et la mort et tous deux ne faisaient plus qu'un.
Jamais encore la luxure n'avait été aussi tendre. Jamais paradis ne s'était tant prolongé. Janina l'enlaçait de ses bras et de ses jambes, le happait, l'aspirait et il y avait encore en elle des profondeurs inexplorées. Hardiment il plongea, de plus en plus profondément dans la ravine rouge.