Même les enfants se battent, murmura Thane. Viens. Ne perdons plus de temps.

Ils repartirent. Blade se retourna encore une fois. Sa cavalerie le suivait à cinquante mètres, et derrière elle apparaissait la piétaille comme un mille-pattes de cuir et de fer. La crique, avec sa large plage, n'était plus qu'à cent mètres. Blade fit sentir ses éperons à son destrier.

Thane et Blade étaient à vingt mètres de la terre ferme quand un homme de cuir tomba des hauteurs et lâcha son feu-puant. C'était la première fois que Blade voyait de près ces guerriers de l'air avec leurs ailes de chauve- souris et les armatures de bois dans lesquelles ils glissaient leurs bras. Tirant sur les rênes, il regarda l'homme de cuir plonger vers eux dans un léger sifflement d'ailes. L'homme était nu, à part un pagne, et n'avait pas de casque. Il portait à chaque main un sac de cuir. Il plana si bas que Blade put voir son ricanement mauvais, les dents pointues, les yeux emplis de haine et de rage. L'homme de cuir lâcha un sac et une flamme fumante jaillit tandis qu'une odeur infecte empuantissait l'air.

— Pas tombé loin, marmonna Thane.

Il tira de son fourreau une courte épée et se dressa sur ses étriers. Il visa et lança. L'homme de cuir plongea dans la mer, la lance perçant son ventre de part en part.

 

Thane éclata de rire puis il ouvrit sa bouche toute grande et brailla le cri de guerre des Hitts :

Yiiiiii-ahhhhhh !

Tais-toi, gronda Blade. Nous ne savons pas ce qui nous attend. Souviens-toi que tu n'es plus un Hitt.

C'est dans le sang. Et bon sang ne saurait mentir. Sans ces salauds de Bloodax et de Galligantus, je serais en train de te combattre, Blade.

Ils abordèrent sur la plage. Les chevaux caracolèrent sur le sable, heureux de retrouver la terre ferme, Thane et Blade s'écartèrent pour laisser aborder le premier escadron. Il passa au petit galop, dans un grand cliquetis de gourmettes et d'armes, fanions au vent, et Blade cria des ordres à son capitaine : il devait conduire immédiatement ses cavaliers dans les ravins et les collines basses au-delà de la crique et protéger l'arrivée à terre de l'infanterie.