Le cristal s'imposait avec force.

Conscients votre intention... l'interdisons... préparez-vous retourner immédiatement DN... votre état mental insatisfaisant...

Une vive douleur lui transperça le crâne. Il tomba à genoux en gémissant. Il parvint à se relever et au prix d'un effort surhumain, il chassa les impulsions de l'ordinateur. Ah non ! Non, ils n'allaient pas la lui voler au dernier moment !

— Viens à moi, Blade. Viens vite !

Il se mit à courir. Il avait jeté ses armes et son ceinturon et il était pieds nus. Il courut, penché en avant, la tête un peu baissée, le pied sûr, de plus en plus vite...

Il bondit. D'une puissante détente de ses jambes, il se jeta en avant par-dessus l'abîme. Il plana au-dessus des ténèbres et cette microseconde lui parut une éternité. Il flottait, les bras étendus, les doigts crochus, il attendait...

Il allait manquer la corniche.

Ses réflexes furent plus prompts que son cerveau. Ses mains se décrispèrent, il laissa son corps se détendre. Ses avant-bras frappèrent le rebord et pendant un instant il resta suspendu par les coudes tandis que ses doigts cherchaient une fissure, une mince crevasse dans la roche, n'importe quoi...

Blade se sentit glisser. Un de ses coudes tomba du rebord. Son poids l'entraînait. Ses doigts ne trouvaient rien que de la roche lisse. Il les crispa, tenta par la seule force de sa volonté de s'accrocher. Son autre coude glissa du rebord.

Le bout des doigts de sa main droite s'insinua dans une fissure et tint bon. Il se balança. La crevasse était si minuscule que seuls ses ongles et le bout de ses phalanges le soutenaient. Il redoubla d'efforts. Il ordonna à ses forces, toutes ses forces, de se concentrer dans sa main droite tandis que de la gauche il tâtonnait fébrilement à la recherche d'un autre point d'appui.

Il le trouva, une fissure profonde, miraculeuse, assez large pour contenir toute sa main. Gémissant de douleur, il détendit sa main droite. Il resta suspendu encore un moment, reprenant haleine, trouvant de nouvelles forces, puis il se hissa puissamment et parvint à plaquer son bras droit sur le rebord. Un instant plus tard il était sur la corniche, parmi les statues des rois et des reines hitts.