Prudemment, Blade sortit de sa grotte et avança sur les mains et les genoux vers une formation rocheuse dominant la plage. Il y resta caché jusqu'à ce que le soleil se lève. La chaleur le ranima tout à fait. Il se coucha sur le dos et laissa les rayons lui baigner la figure. Il allait se rendormir quand il entendit un martèlement étouffé de sabots sur le sable, et un cliquetis d'armes et de harnais. Une patrouille. Il se pencha au-dessus d'un rocher. Il y avait là une douzaine de cavaliers conduits par un sous-lieutenant. Des Zirniens !
Blade poussa un grand cri et dévala la pente vers la plage. Le jeune officier le reconnut immédiatement.
— Prince Blade ! Nous vous avons cru mort ou prisonnier des Hitts !
Blade sourit largement.
— Prisonnier, oui. Mort, non. A moins que je sois un fantôme. Et si c'est le cas, je suis le fantôme le plus affamé que vous ayez jamais vu. Conduisez-moi immédiatement là où je pourrai faire un bon repas. Quelle est cette patrouille et où êtes-vous cantonnés?
— Notre camp est à deux heures de marche, dans l'intérieur des terres, prince. Je vais t'y emmener. Le capitaine Ogier sera heureux d'avoir de tes nouvelles.
La troupe atteignit un défilé et s'y engagea. Blade avait brièvement examiné les hommes et ce qu'il avait vu ne lui avait pas plu. Les uniformes étaient des guenilles, les armes sales, les armures rouillées et cabossées. Il remarqua que certains soldats dormaient presque sur leur selle. Il considéra sévèrement le jeune officier.
— Ces hommes sont épuisés. Ils devraient être au repos. Et pourquoi êtes-vous si peu nombreux?
— Les temps ont bien changé, prince. Casta et sa putain, la princesse Hirga, sont installés au palais, et ils travaillent jour et nuit à saper le moral de l'armée. Le capitaine Ogier et Casta se sont rencontrés, et le bruit court qu'ils se sont disputés et qu'ils ont failli s'entretuer. Finalement Casta a obtenu ce qu'il voulait.
Les corbeaux noirs sont dispersés dans toute l'armée pour imposer la discipline et la loyauté à Casta. Ils ont reçu des armes et des armures, et ils ont toute autorité. Aucun soldat n'est libre de dire ce qu'il pense, de peur de se faire un ennemi de Casta. Beaucoup ont déserté... Tu reviens à un bien mauvais moment, prince Blade.
Blade lui sourit.