— Et quelle est cette faveur, Hirga?
— Tue-moi, Blade. Coupe-moi la tête et emporte-la avec toi. Elle te sera peut-être de quelque secours quand tu rencontreras Urdur.
— Qui est Urdur? Ou quoi?
Hirga se mit à pleurer.
— Un monstre né de monstres. Casta a accouplé un mâle avec un monstre femelle, et ils ont conçu Urdur. C'est le favori de Casta, qui le garde, et maintenant que tu as pénétré aussi loin dans le labyrinthe, tu vas le rencontrer.
Si tu parviens à tuer Urdur, tu auras vaincu Casta. Je ne pense pas que tu en sois capable, Blade, mais tu ne peux revenir en arrière. Maintenant, avant que la folie me reprenne, je te conjure de me tuer. Je suis vile, je me méprise et je me hais au-delà de toute endurance. Je vieillis. Bientôt je serai une loque humaine et Casta se servira de moi pour engendrer ses monstres. Et je n'ai pas le courage de me suicider.
Blade contempla longuement les yeux verts, et comprit qu'elle parlait sincèrement. Elle désirait réellement la mort.
— Dis-moi comment on peut sortir d'ici, Hirga.
— Tu promets de me tuer?
— Je te le promets.
— Tu es allé dans la salle privée de Casta?
— Oui.
— Alors tu as vu un feu?
— Oui. Il était assis devant.
— Sous le feu, si on l'éparpille, il y a une grille qui se soulève. Un puits conduit à un passage souterrain qui aboutit sur la plaine. Quand la tombe est scellée, comme elle l'est maintenant, c'est l'unique issue.
Il la crut. Il la regarda, tout en se grattant la barbe, et sut qu'il devait accomplir cet acte de miséricorde. Hirga était toujours à genoux devant lui.
— Fais vite, Blade. Avant que je perde courage et que je redevienne folle. Avant que mon corps se remette à désirer. Il caressa les cheveux flamboyants.
— Ferme les yeux, Hirga. Sois en paix. Cela ne te fera pas mal.
— Merci, Blade. Adieu.
— Adieu, Hirga.