Blade glissa des genoux de Valli et courut à la fenêtre. Le soleil était levé et la rosée étincelait comme des diamants.

Alors tu te donneras à Ramsus, ordonna- t-il. Il le faut. Il te fera peut-être un enfant pardessus le marché et quand ton heure sera venue d'accoucher, je serai au pouvoir ou mort. Et si je suis mort il est fort probable que tu le seras aussi. Va, maintenant. Le soleil est déjà haut.

Je ne veux pas d'enfant de Ramsus !

protesta-t-elle en venant caresser la tête duveteuse de Blade. Mon petit chéri, j'ai bien du chagrin de te perdre, de te voir grandir si vite.

Va, insista-t-il, et reviens me chercher ce soir comme prévu. Sois prudente. Si tu es surprise maintenant, tout sera fichu.

Je connais un passage secret. Dans le harem, je dors seule. L'Izmir ne m'a pas rendu visite depuis des mois. Là n'est pas le danger. Il viendra quand je tenterai de t'introduire dans la chambre de l'Izmir.

Nous ne pouvons qu'essayer et espérer. Applique-toi à satisfaire Ramsus aujourd'hui. Qu'il te désire encore. S'il veut te retrouver, il sera plus prudent et plus désireux de préserver sa tête. Et dans ce cas précis, sa tête c'est la nôtre. Au revoir, Valli.

Il se faisait l'effet d'un maquereau!

Elle le souleva, le fit sauter et l'embrassa sur la bouche.

Au revoir, petit Blade. Je te verrai ce soir. Et suis ton propre conseil, sois prudent.

Quand elle fut partie, Blade se retira dans son placard et s'enveloppa dans une couverture. Il mourait de faim, mais si tout se passait bien il mangerait dans la soirée. Sinon, il n'aurait pas besoin de manger. Incapable de dormir, il s'efforça de se concentrer pour faire savoir à l'ordinateur, et à Lord L, ce qu'il projetait. Au bout d'un moment, il sentit que ses pensées ne passaient pas. Le cristal avait une de ses sautes d'humeur, il s'était mis en grève et ne transmettait rien, ni dans un sens ni dans l'autre. Blade était livré à lui-même. Ce n'était pas très surprenant, il en avait l'habitude, et pendant les trente jours prochains il lui faudrait donc survivre grâce à sa ruse, à son intelligence et, surtout, à son culot.