CHAPITRE XII

Blade raconta son mensonge: Galligantus avait glissé, il était tombé dans le gouffre. Le jeune officier ne le crut pas et Blade serait mort immédiatement sans l'ordre de Bloodax de le ramener sain et sauf. Galligantus avait transmis cet ordre à ses hommes, aussi n'osèrent-ils pas tuer Blade. Ils le ramenèrent, les mains liées et une corde au cou, et il fut de nouveau emprisonné au sommet de son piton rocheux. Il fut interdit à Lisma de venir le voir.

Mais elle lui rendit visite, arrivant au cœur de la nuit noire après avoir soudoyé la garde. Elle apportait à Blade une longue dague et en la lui tendant elle ne mâcha pas ses mots. Elle ne voulut pas qu'il la touche.

— Mon père songe à cette affaire. Ce n'est pas dans sa manière d'agir soudainement. Il se tient à l'écart, même de moi, et quand il prend une décision il n'en change jamais.

A la fin, Blade, je crois qu'il te jugera coupable d'avoir tué Galligantus.

Et toi, Lisma? Me crois-tu coupable?

Elle s'assit sur la chaise, tendue, nerveuse.

Oui. Je crois que tu as tué Galligantus. A cause de ce qu'il a fait à ton ami Thane. Cela je peux le comprendre, n'importe quel Hitt le comprendra. Et à mon avis, ce n'est pas une grande perte. Sa veuve Sariah le pleure à peine. Mais là n'est pas la question. Galligantus était un chef hitt et un ami de mon père. Ils ont grandi ensemble, des amis d'enfance. Galligantus était mauvais et envieux, personne ne l'aimait, mais il était loyal. Mon père ne peut pas laisser passer cela sans rien faire, il ne peut l'ignorer car cela provoquerait des troubles dans les tribus. II te punira à la fin, Blade.

Blade, assis sur sa paillasse, tournait entre ses doigts la dague qu'elle lui avait donnée. Elle avait une lame incurvée longue d'un empan, affûtée comme un rasoir. Le manche était en bois poli.

Quelle sorte de punition, Lisma?

Tu seras conduit au sommet d'une montagne et laissé nu aux vautours. C'est une mort lente et terrible. Nous sommes quittes, Blade, et j'ai été ta dupe. Mais je ne te souhaite pas une telle mort. C'est pourquoi je t'apporte cette dague.

Il considéra l'arme, avec un léger sourire.