- Tu partiras en flèche, ordonna-t-il, et je suivrai à la tête du troisième groupe. Le deuxième sera sur ta gauche à deux cents mètres en arrière, et moi sur ta droite en pendant. Nous avancerons de deux kilomètres, pas davantage, et chercherons des arbres pour nous abriter. Quand tu auras amorcé ton virage vers l'ouest, donne le signal avec un fanion. Reste constamment derrière l'écran de la forêt si tu peux, car notre but est de surgir derrière le gros des Hitts, sur les prairies au sommet des falaises. Si nous rencontrons des Hitts, n'importe quels Hitts, ils devront être faits prisonniers ou tués. Aucun ne devra s'échapper pour aller avertir Bloodax que nous le prenons en tenaille. Tu as bien compris?

— Et les femmes et les enfants, prince?

— Fais-les prisonniers si tu peux... Sinon, tu devras les tuer.

Cette décision fut pénible pour Blade, mais il n'avait pas le choix.

Après le départ du premier escadron, Blade donna des ordres aux capitaines des deux autres. Il se plaça en tête du troisième, et ils partirent. Il n'y avait toujours pas la moindre trace de Hitts.

Ils avaient couvert un quart de lieue quand un courrier rejoignit Blade.

— Le capitaine Thane te fait dire que toute l'infanterie est à terre, prince, en formation et qu'elle commence à marcher. J'ai reçu l'ordre de rester auprès de toi, au cas où tu aurais besoin d'envoyer des messages.

Blade regarda sur ses arrières. L'avant-garde de l'infanterie apparaissait déjà, une colonne scintillante hérissée de lances renvoyant les premiers rayons du soleil. Malgré la distance, il reconnut le miroir de bronze du casque cornu de Thane.

Le courrier n'était guère qu'un enfant. Blade l'examina.

— Comment t'appelles-tu, petit?

— Marko, prince.

Blade lui sourit.

— Alors reste auprès de moi et suis-moi, Marko. Espérons que je n'aurai pas besoin de toi, car cela signifierait que la fortune nous est contraire.

Thane savait ce qu'il avait à faire. Blade et lui avaient répété et projeté cette campagne toute la semaine.

Pendant une demi-heure, ils s'enfoncèrent au trot dans l'intérieur des terres. Le fracas de la bataille s'assourdit quand ils s'engagèrent dans une forêt. Blade observait anxieusement le soleil, car il n'osait pas laisser Ogier subir l'assaut trop longtemps, avec ses soldats de troisième ordre.