Thane rit amèrement et tendit le bras vers la plage.
— Le voilà, et je te souhaite bien du plaisir avec lui. Maintenant, avec ta permission, je vais te laisser pour aller à la recherche de Galligantus.
Tournant bride, Thane lança son cheval au galop. Blade resta où il était pour observer la bataille et panser sa cuisse avec un linge. A tout instant ses officiers venaient lui faire leur rapport, et certains s'attardaient pour lui tenir compagnie.
— Plus aucun Hitt mâle n'est vivant, dit l'un d'eux, à part quelques vieillards qui n'ont pas eu le temps de se suicider avant que nous les fassions prisonniers.
Blade se retourna vers la prairie, jonchée de chariots et de tentes en feu, et de milliers de cadavres. Les prisonniers étaient massés dans un coin, des femmes pour la plupart avec quelques enfants, gardés par des cavaliers et des fantassins. Ils gémissaient, ils hurlaient, ils appelaient la mort et le son frappa douloureusement les oreilles de Blade. Il se détourna et s'efforça de ne plus entendre.
— Nos pertes?
— Plus d'un millier d'hommes, prince. Et un demi-millier si grièvement blessés qu'ils sont inutilisables. Dois-je donner l'ordre de les tuer? Ils vont être un fardeau.
Blade toisa l'officier qui venait de parler et lui dit d'une voix dure :
— Tu donneras l'ordre de les soigner. Je passerai l'inspection tout à l'heure et te dirai qui doit être miséricordieusement achevé et qui doit vivre.
Il se retourna vers le sommet de la falaise, chercha Bloodax des yeux mais ne le trouva pas. Il éprouva un étrange malaise. Où était le chef des Hitts? Sautant à terre, il se rapprocha du bord et se jeta à plat ventre pour regarder en bas.
— Fais attention, avertit un officier. La roche est friable.
Blade ne répondit pas. Il fouillait anxieusement la mêlée des yeux, cherchant le casque à pointe et la hache scintillante. Ils avaient disparu. Loth Bloodax avait disparu. Blade jura et comprit qu'il avait été dupé. Mais comment?
Ogier avait poussé son saillant jusqu'à la paroi rocheuse et l'avait élargi. Bataillon sur bataillon se déversaient dans la travée divisant les Hitts. Le combat touchait à sa fin.
Sur la plage, les derniers Hitts mouraient l'un après l'autre. Ils étaient encerclés, coupés de tout renfort, attaqués sur tous les côtés.