— J'ai l'esprit pratique, reprit Casta. Je veux le pouvoir. J'ai déjà un certain pouvoir mais il ne me suffit pas. Car c'est seulement avec le pouvoir absolu que je pourrai faire tout ce que je veux. Si je ne t'ai pas encore fait assassiner, Blade, c'est que je pense que tu peux m'aider. Et je suis capable de t'aider. Dans ce cas, nous serions fous de nous prendre à la gorge, et nous avons déjà reconnu tous deux que nous n'étions pas des imbéciles. Hein?

— Je comprends que je puisse t'aider, Casta, hasarda prudemment Blade. Mais comment peux-tu me servir?

Encore ce rire ironique.

— Par bien des façons. Par les conseils, l'intrigue, par la trahison s'il le faut, et par l'argent. Enfin, ce qui est le plus important, en ne te faisant pas tuer. Maintenant, dis-moi, d'où viens-tu?

— A quoi bon te répondre, tu ne comprendrais pas. Je viens d'un autre monde, peut-être d'une autre planète, encore que de cela je ne puisse être certain. La différence est dans la dimension, et non dans le temps. Mais c'est inutile, tu ne peux rien savoir de tout cela.

— Tu es arrogant, répliqua Casta. Intellectuellement arrogant, ce qui est la pire espèce. Comment peux-tu savoir ce que je sais, Blade? Il y a longtemps que je soupçonne l'existence d'autres mondes, d'autres temps et d'autres dimensions que ceux que nous connaissons à Zir. Nous sommes prisonniers de l'ignorance, tous sauf moi, et je crois que tu es bien une de ces personnes, venue d'un tel endroit, et que ta faculté de devenir un homme en un mois n'est rien de plus qu'une mécanique avancée du cerveau. Je ne puis l'imiter, ni même comprendre, mais je sais que cela peut exister et je n'en ai pas peur. Il n'y a rien de surnaturel chez toi, Blade. Le surnaturel, c'est mon domaine, mon art, et peut-être un jour te montrerai-je quelque chose. Mais pour le moment, mon irascible ami, je tiens à te garder en vie et à apprendre grâce à toi. Quand ton savoir sera le mien, quand je t'aurai drainé de toutes tes connaissances, alors il sera temps de s'inquiéter de la mort. En attendant, nous ne sommes pas des amis et ne prétendrons pas l'être. Mais nous pouvons nous entraider. Ce serait dommage de ne pas le faire. Qu'en dis-tu à présent?