SCÈNE XI
LES PRÉCÉDENTS, LE HETTMANN, LE PAYSAN, COSAQUES, OGISKI, SOLDATS DE RYMNIK
LE HETTMANN. – Le feld-maréchal !
IVANOWITCHE. – Voici son quartier général… Lui, il est parti pour Altorf.
LE HETTMANN. – De grandes nouvelles, lieutenant… des nouvelles graves !…
(Ogiski devient plus attentif.)
IVANOWITCHE. – Qu’est-ce que c’est ?
LE HETTMANN. – Je ne puis parler qu’au feld-maréchal.
IVANOWITCHE. – Eh bien ! allez à Altorf…
LE HETTMANN. – Et si le feld-maréchal revient par un autre chemin, je serai responsable du retard… Non ! je ne veux pas qu’il m’arrive la même chose qu’à l’estafette Mézenkow, sur le Saint-Gothard !
IVANOWITCHE. – Qu’est-ce qui t’empêche d’envoyer un de tes hommes à la grande halle d’Altorf, où le feld-maréchal inspecte les réquisitions ?
LE HETTMANN, appelant. – Gawrilow, pousse un temps de galop jusqu’à la ville. Dis au feld-maréchal que de grandes nouvelles sont arrivées au quartier général… des nouvelles de Korsakow.
OGISKI, à part. – Ah ! ah !
(Il se lève.)
LE COSAQUE. – C’est bon, hettmann.
(Il part au galop.)
LE HETTMANN, criant. – Approchez, vous autres !
(Alors tous les soldats du bivac sont éveillés. On rallume le feu. Les cosaques mettent pied à terre. On forme cercle autour du paysan ; c’est un homme en veste, large feutre noir, guêtres de toile à boutons d’os, et qui présente toute l’apparence d’un boucher du pays. Du reste, il paraît calme. Ogiski l’observe avec attention et se rapproche. Le paysan finit par s’asseoir sur le timon de la charrette de Hattouine, en face du feu, son bâton entre les genoux.)