SCÈNE II

 

SOUWOROW, MANDRIKINE, IVANOWITCHE

 

SOUWOROW, se retournant. – Hé ! C’est toi, la reconnaissance est terminée ?

IVANOWITCHE. – Oui, feld-maréchal.

SOUWOROW. – Vous avez poussé ?…

IVANOWITCHE. – Jusqu’au fond du Schaechenthal, à six ou sept lieues de Glaris.

SOUWOROW. – Et vous avez trouvé les avant-postes de Linken ?

IVANOWITCHE. – Non, feld-maréchal.

SOUWOROW. – Alors ceux de Jellachich ?

IVANOWITCHE. – Nous n’avons trouvé personne.

SOUWOROW, avec une indignation contenue. – Voyez, Mandrikine, la lourdeur de ces Allemands ! (Avec explosion.) Il était pourtant bien convenu que Linken et Jellachich s’avanceraient dans le canton de Glaris, le 26, qu’ils se réuniraient par leur droite au général Hotz, et qu’ils me donneraient la main par la gauche. Allez donc compter sur des lourdauds pareils ! Pendant que l’armée russe d’Italie fait soixante lieues pour les joindre, par-dessus le Saint-Gothard, ils ne peuvent pas en faire quinze ou vingt. Quelle abominable race ! (Dominant sa colère.) Enfin tu as pris des informations ?

IVANOWITCHE. – Oui, feld-maréchal, sur toute ma route ; pas un Autrichien n’a paru dans la montagne. Mais j’ai rencontré en revenant, près du hameau de Trudelingen, un soldat de Korsakow.

SOUWOROW, brusquement. – Un déserteur ?

IVANOWITCHE. – Il dit être échappé des avant-postes républicains, qui l’avaient pris à Rapperschwyl.

SOUWOROW. – Tu l’as amené ?

IVANOWITCHE. – Il est près d’ici, feld-maréchal.

SOUWOROW. – C’est bien, qu’il vienne. Nous allons voir cela. Peut-être aurons-nous des indications.

(Ivanowitche sort par la droite.)