SCÈNE IV

 

LES PRÉCÉDENTS, moins LES PAYSANS

 

RHEINWALD, présentant le courrier à Masséna. – Un courrier du Directoire.

MASSÉNA. – Un courrier !… S’il nous apporte de l’argent, il est le bienvenu… Oui, le fameux million qu’on nous promet depuis cinq mois, s’il arrive, est le bienvenu. (Lisant la dépêche.) Ah ! je sais… je sais… on m’a déjà prévenu : le général Muller assiège Philipsbourg… Les Autrichiens feront sans doute un détachement, pour sauver cette place… Ce sera autant de moins le jour de la bataille ! (Tendant la dépêche à Rheinwald.) Tenez, Rheinwald, ce n’est pas de l’argent… mais c’est quelque chose !… (Regardant le feu.) Un beau feu ! Allons, messieurs, allons, c’est bien.

(Les officiers qui accompagnaient Masséna sortent.)

RHEINWALD. – Général, faut-il donner des ordres pour introduire ici ?…

MASSÉNA. – Oui, je reste, ce beau feu me réjouit. Qu’on fasse venir les ordonnances, les prisonniers, et que les autres s’en aillent… qu’ils s’en aillent tous ! (Il jette son manteau et son chapeau sur une chaise. Tout le monde sort, à l’exception de Rheinwald.) Rheinwald, vous écrirez !… Oudinot ne rentrera pas cette nuit… Il surveille le transport des barques, à Dietikon… C’est une opération délicate… Mais demain tout sera prêt, et si l’occasion se présente !…

(Il s’assied, les jambes étendues en face du feu, et bâille dans sa main d’un air rêveur. Deux factionnaires se promènent derrière les fenêtres, qu’un aide de camp a fermées avant de sortir. Rheinwald prend un registre et se pose au coin de la table.)