SCÈNE IV
JONAS, ZAMPIERI, MARIETTA
JONAS. – Il paraît qu’ils marchent sur Paris.
ZAMPIERI. – Oui, depuis qu’ils ont gagné deux ou trois batailles, ces Russes ne doutent plus de rien.
MARIETTA. – C’est bien loin, Paris ?
ZAMPIERI. – Derrière les Alpes… À deux cents lieues plus loin que la Suisse.
MARIETTA. – Pauvres gens !
ZAMPIERI. – Je te conseille de les plaindre ; ils n’avaient qu’à rester chez eux.
(Rumeurs au fond, cris : – Voici les grenadiers !)
VOIX NOMBREUSES. – Vivent les grenadiers de Rymnik !… Vivent les vainqueurs de la Trebia !...
(On voit défiler une colonne de grenadiers.)
CRIS A GAUCHE, dans la rue. – Halte !… Arrêtez !…
ZAMPIERI. – Qu’est-ce que c’est ?
JONAS, faisant quelques pas dehors, puis rentrant. – Un encombrement dans la rue des Foins.
ZAMPIERI. – Comment passer avec des bagages dans une rue pareille ? un véritable boyau !
JONAS. – Ça les regarde ; ils en verront bien d’autres en Suisse, sans parler des coups de canon.
(On voit paraître à droite une charrette. Sur la charrette est assise contre une tonne, des sacs et un chaudron, une vieille femme, toute grise et toute ridée ; c’est Hattouine la cantinière. Une jeune fille, Ivanowna, tient le cheval par la bride. Tout le monde regarde.)