TROISIÈME TABLEAU  – L’ATTAQUE DU SAINT-GOTHARD

 

Un chemin creux, profondément raviné, sur la pente du Saint-Gothard. Au-dessus du chemin, une assise à droite, et sur l’assise un chalet, la toiture moussue chargée de pierres. À gauche du chemin, la gorge de Trémola comblée de neige ; en face, des rochers à pic jusqu’aux nuages ; au-dessus, les cimes blanches du Saint-Gothard. C’est un coup d’œil épouvantable. Une file de soldats russes, le sac au dos, le fusil sur l’épaule, poussent aux roues d’une charrette embourbée jusqu’aux essieux. Sur la charrette se trouvent Hattouine, son chaudron, ses provisions, sa tonne d’eau-de-vie et une malle en cuir. Ivanowna, devant, tient le cheval par la bride. D’autres soldats russes sur le plateau continuent à défiler. On comprend que la charrette forme, avec les ambulances, une queue de colonne. Quelques cosaques, près du chalet, lèvent les yeux d’un air de stupeur.