SCÈNE VII
LES PRÉCÉDENTS, OGISKI
OGISKI, présentant la feuille à Ivanowitche. – Voici, capitaine, l’histoire de l’illustre feld-maréchal.
HATTOUINE, riant. – Il t’appelle capitaine, Ivanowitche, ça vaut deux kopecks de plus.
IVANOWITCHE. – Et je veux qu’il les ait. Tiens, mon brave.
OGISKI. – Merci, commandant.
IVANOWITCHE. – Ah ! le gueux, il va m’appeler général, il faudra que je lui donne ma bourse. (Pliant la feuille. – À Ogiski.) Tu n’es cependant pas Italien ?
OGISKI. – Pardon, colonel !
IVANOWITCHE, secouant la tête. – Un Italien avec des cheveux blonds et des yeux bleus ! Regardez-moi ce gaillard-là, mère Hattouine. Vous avez vu des figures de tous les pays depuis soixante ans, est-ce qu’il n’a pas une tête de Slave ?
HATTOUINE, regardant Ogiski. – C’est pourtant vrai !
OGISKI, à Hattouine. – Votre Seigneurie me fait trop d’honneur !
IVANOWITCHE, riant. – Ah ! voilà qui tranche la question ! Du moment qu’il appelle la vieille matouchka : Votre Seigneurie ! – ça ne peut être qu’un Italien.
HATTOUINE, riant. – Oui… oui… c’est un véritable Italien… Ah ! le gueux… Il me fait du bon sang !…
(Ils se mettent tous à rire. Ogiski salue et sort par la droite, en criant : – Histoire de Souworow, etc. – Le défilé recommence.)
IVANOWITCHE, tendant le papier à Ivanowna. – Tiens, Ivanowna, tu liras ça à la mère Hattouine le soir, au bivouac, ça lui rappellera ses anciennes campagnes. Et maintenant, en route ! Je vous ai vues, rien ne vous manque, je pars tranquille… Allons, Ivanowna, allons matouchka !…
(Il leur serre la main et part.)
IVANOWNA, criant. – Tu viendras nous voir en chemin.
IVANOWITCHE, se retournant et agitant la main. – Oui… oui… quand je pourrai… Chaque fois… (Il disparaît à gauche.)