Scène de nuit. Le plateau d’Ospizio, sur le Saint-Gothard. On découvre autour les cimes de Fiendo, de Fibia, de Stella, de Gospis, toutes blanches de neige. La route partage la scène. À gauche, un vieil hospice incendié, où flotte le drapeau russe ; il ne reste plus que les pignons, quelques piliers sur le devant, les poutres carbonisées, et les arêtes du toit. À droite, un hangar. Contre un des pignons de l’hospice, s’adossent une suite d’étables à moitié ruinées ; contre l’autre, une sorte de grange, dont les lucarnes et la porte sont vivement éclairées de l’intérieur. Le reste du paysage est sombre ; des torches s’y promènent, la lune brille sur les glaciers. Plusieurs détachements font leur appel ; les plus éloignés s’entendent confusément ; le plus proche en ligne, sur la droite de la route, est une compagnie du régiment de Rymnik. On remarque dans les rangs des têtes bandées, des vêtements sanglants. C’est le tableau du soldat après une action meurtrière. Deux sous-officiers, sur le front de bataille, continuent l’appel ; l’un tient en l’air une torche, l’autre lit les noms. Devant le hangar, Hattouine et Ivanowna détellent leur charrette ; elles conduisent leur cheval dans l’étable en face, et de temps en temps se retournent pour écouter.