SCÈNE PREMIÈRE

 

KASPER EVIG ET LAUBERGISTE JACOB

 

JACOB, criant de sa fenêtre. – Qu’est-ce qui fait ce bruit dans la nuit ? qu’est-ce qui réveille le village ?

KASPER. – C’est moi, maître Jacob, Kasper Evig, le fils de l’aubergiste de Hospenthâl, votre cousin ; levez-vous bien vite… pas une minute à perdre !

(On voit des volets s’ouvrir à droite et à gauche, et des gens se pencher pour entendre.)

JACOB. – Qu’est-ce qui se passe donc, Kasper ?

KASPER. – Les Russes arrivent !

JACOB, d’un air étonné. – Les Russes ?

KASPER. – Oui, maître Jacob, ils descendent du Saint-Gothard, ils remplissent déjà la vallée d’Urseren. Levez-vous, rassemblez votre bétail, sauvez-vous dans la montagne, ne perdez pas de temps ! Ils arrivent… ils pillent tout, ils dévorent tout !… mon père m’a fait monter à cheval pour vous prévenir.

JACOB, se retournant et criant dans sa chambre. – Katel, habille-toi… les ennemis s’approchent !

UNE VOIX DE FEMME, répondant. – Oh ! mon Dieu ! ça ne finira donc jamais !

(Grande rumeur dans le village : les portes s’ouvrent, les habitants sortent ; l’aubergiste et sa femme paraissent aussi, à demi-vêtus.)