SCÈNE XIII
HATTOUINE, puis le COSAQUE
HATTOUINE, sur la porte de l’étable. – Il n’y a pas de place… (Regardant.) Où donc est le pope ? Il sera bien sûr entré dans l’autre étable… Oui, il aura conduit le cheval à côté, c’est un bon pope !
(Elle s’assied devant le feu ; au même instant, le cosaque sort de la grange et s’avance.)
LE COSAQUE, arrivant. – Eh bien, matouchka, voilà mon service fini jusqu’au petit jour.
HATTOUINE. – Tu veux encore un verre de schnaps ?
LE COSAQUE. – Oui, après ça, je me couche et je dors, (Hattouine lui verse un verre d’eau-de-vie, il boit.) Mais où donc est mon cheval ?
HATTOUINE. – Le pope l’a conduit dans l’étable.
LE COSAQUE. – Ah ! c’est bon… c’est bon… (Au bout d’un instant.) Je voudrais bien avoir mon manteau, pour dormir ; dans quelle étable est le cheval ?
HATTOUINE. – Je ne sais pas… j’étais entrée là, pour chercher une bonne place, et puis en sortant le pope et le cheval étaient partis, j’ai pensé qu’ils étaient à côté.
LE COSAQUE. – prenant un tison avec vivacité, court à l’étable et regarde. – Le cheval n’est pas ici ! (Il court à l’autre.) ni là !… (Se retournant et criant.) Ce pope est un voleur !
HATTOUINE. – Non, cosaque, il avait une bonne figure.
LE COSAQUE, d’une voix brusque. – Sentinelle, tu n’as pas vu passer un homme ?
LA SENTINELLE, se retournant. – Un homme à cheval, – l’estafette, – il est reparti.
LE COSAQUE, avec fureur. – L’estafette, c’est moi ! Le pope est un voleur ! (À Hattouine.) Je te dis, femme, que ce pope est un voleur.
HATTOUINE. – Il avait l’air d’un si brave homme.
LE COSAQUE, criant plus fort. – Je veux ravoir mon cheval, mon manteau !… Sentinelle, m’entends-tu, c’est toi qui me réponds de tout !…
(L’officier sort brusquement de la grange ; les soldats endormis se lèvent, puis d’autres sortent des étables, d’autres arrivent par le fond : la scène s’encombre.)