SCÈNE PREMIÈRE
SOUWOROW, MANDRIKINE, OFFICIERS, GROUPES DE SOLDATS, etc., etc.
SOUWOROW. – Relisez.
MANDRIKINE, lisant. – « À messieurs les généraux Korsakow, baron de Hotz et baron de Linken. – Quartier général de Seedorf, en avant d’Altorf, le 27 septembre 1799. – Je vous annonçais de Bellinzona, le 22 de ce mois, que les troupes impériales russes, restées en Italie, seraient maîtresses du Saint-Gothard, le 25 ; qu’elles repousseraient les républicains de la vallée d’Urseren, le 26, et qu’elles s’empareraient d’Altorf le 27. Malgré la résistance acharnée du général Lecourbe, qui m’a disputé tous les ponts de la Reuss, et qui ne m’a pas laissé un pouce de terrain sans le défendre, j’ai tenu parole. Les troupes impériales russes de l’armée d’Italie ont surmonté tous les obstacles ; quinze mille de mes meilleurs soldats occupent la vallée, entre Altorf et Fluelen, aujourd’hui 27, et sont en mesure de tourner le lac des Quatre-Cantons par la gauche. Lecourbe tient encore au pont de Seedorf, avec trois bataillons ; mais cette résistance ne peut nous retarder plus d’une ou deux heures. Au reçu de la présente dépêche, vous attaquerez donc immédiatement sur toute la ligne ; demain, je serai sur les derrières de Masséna, et nous terminerons la campagne d’Helvétie comme les autres, par un coup de tonnerre. »
SOUWOROW. – C’est bien. (Il s’assied et signe.) Expédiez cela tout de suite.
(En ce moment, arrive Ivanowitche à cheval. Il met pied à terre et prend des informations auprès du groupe d’officiers, à l’angle du chemin, à droite. On lui indique l’endroit où campe Souworow ; il attache son cheval et s’avance. Mandrikine, de son côté, cachette la dépêche.)
HATTOUINE, voyant passer Ivanowitche. – Ivanowitche qui va chez le feld-maréchal.
IVANOWNA. – Oui, mère Hattouine, il ne nous voit pas.
(Elles reprennent leur attitude.)