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– Asseyez-vous, je vous prie, dit Miss Richardson.
À quelques jours de Noël, la neige s'était enfin décidée à tomber. Dans la nuit noire de la forêt, de gros flocons charnus virevoltaient en tous sens, sous le regard attendri de Callwin, debout près de la fenêtre.
– Pour moi, c'est ça, Noël. La neige, fit la journaliste en venant s'asseoir face à la vieille dame.
Le thé était servi. Callwin en but une gorgée, étonnée d'y prendre goût.
– Aujourd'hui fut une très belle journée pour moi. Outre la neige qui commence à tomber, le Seigneur a fait recouvrer raison à mon petit-fils. J'étais persuadée que le Seigneur saurait le guérir de ses démons. Il est bon de croire que nos prières ne furent pas veines.
Callwin avait une tout autre interprétation de la réalité, mais elle n'avait pas envie de se quereller. Elle aussi avait passé une très bonne journée.
– Si vous le dites, fit-elle avec un brin d'ironie.
Miss Richardson ne la releva pas et reprit de son même ton doucereux.
– Quant à Margareth, vous avez eu une très bonne idée. Jamais je ne l'ai vue aussi pétillante et si heureuse. Je n'aurais jamais cru qu'une simple paire de lunettes et un chignon pouvaient vous changer comme ça.
« Et encore, vous ne l'avez pas vue maquillée et en tailleur ! » se garda bien de lui dire Callwin.
– Qu'on le veuille ou non, l'image de soi est très importante. Au-delà du simple fait qu'on y voit bien mieux avec des lentilles, fit la journaliste, qui ajouta : Margareth était complexée par son physique. Je lui ai juste montré qu'elle était aussi belle que n'importe quelle autre femme.
Et surtout, elle lui avait montré qu'elle était capable de séduire !
– Vous avez raison, vous avez bien fait, reconnut Miss Richardson.
Elle s'était attendue à se faire légèrement rabrouer. Il fallait croire que la rétractation de Nathaniel avait mis la vieille gourou sur un petit nuage.
– Alors, nous parlons de quoi ce soir ?
Miss Richardson la dévisagea longuement à la lueur de la lampe à pétrole. Callwin sentit qu'elle voulait lui faire une confidence, mais visiblement, elle n'était pas encore prête à se livrer. Miss Richardson reprit une attitude plus stricte.
– De vos articles. Eux aussi nous font le plus grand bien. Je n'ai jamais compris la haine d'une certaine élite envers nous autres, chrétiens traditionalistes. C'est d'autant moins compréhensible que, lorsqu'il s'agit de groupes traditionalistes d'autres pays, ces mêmes personnes vont jusqu'à se battre pour défendre leur survie.
Callwin n'était pas bien certaine de la suivre.
– Vous parlez de qui, exactement ?
– Connaissez-vous ce pays où certains enfants sont pris dès le plus jeune âge pour être formés à devenir des religieux ? Ils vivent de façon extrêmement spartiate, passent des journées entières à prier et à apprendre des textes sacrés. De jeunes garçons à qui l'on interdira, une fois devenus hommes, toute sexualité, et par conséquent le droit d'avoir des enfants. Un pays dont le leader charismatique est un religieux.
Callwin eut un doute. Les catholiques ? Mais non, ces pratiques dataient du Moyen Âge…
– L'Iran, répondit-elle, en se doutant qu'elle était tombée dans le piège.
– Non, les musulmans n'exècrent pas la sexualité, c'est d'ailleurs pour cela qu'ils ont le droit d'avoir plusieurs femmes. Non, je parle d'un pays qui bénéficie d'une extrême bienveillance de la part de la communauté internationale.
Callwin chercha encore, en vain.
– Allez, c'est qui ?
– Le Tibet, déclara Miss Richardson, fière de son effet.
Callwin en aurait ri, si son interlocutrice n'avait eu l'air très sérieux.
– Oubliez un seul instant l'oppression de la Chine sur sa population, et concentrez-vous uniquement sur les us et coutumes des moines bouddhistes. Ne trouvez-vous pas abject l'embrigadement de milliers d'enfants, dès leur naissance, dans le seul but d'en faire des bonzes ? Quelle démocratie accepterait cela ? Le plus drôle étant que des millions d'athées soutiennent cela, et sont en totale admiration devant un homme qui se prend pour une espèce de dieu vivant. Ils veulent même le mettre au pouvoir faisant fi de toutes les valeurs démocratiques qu'ils défendent par ailleurs. Ça serait à mourir de rire, si ce n'était pas une triste réalité.
Callwin ne s'était jamais penchée sur le sort des enfants condamnés à devenir moines, et se demandait si la vieille folle n'exagérait pas un peu. Cela méritait réflexion, mais était-ce bien pire que d'être communiste ?
– Vous oubliez que les Tibétains sont soumis à une répression sanglante.
– Je suis pour un Tibet libre et indépendant, mademoiselle, mais contre une République religieuse qui donnerait le pouvoir au dalaï-lama et qui laisserait la pratique des bonzes en l'état. Je me suis d'ailleurs toujours indignée que les associations défendant les droits des enfants ne s'érigent pas contre ces pratiques proches de l'esclavagisme. Sans parler des actes de pédophilie, aussi nombreux que chez les catholiques, mais rarement dénoncés.
Callwin s'étonna qu'elle s'en prenne de façon détournée aux catholiques, avant de se souvenir que les Enfants de Marie se disaient chrétiens traditionalistes. Ignorait-elle que la pédophilie existait partout ? se demanda-t-elle avant de répondre :
– Vous dites ça parce qu'ils ne croient pas à votre Jésus au Tibet ! se moqua Callwin, puis, plus sérieusement : Vous savez, ça changera, il faut laisser le temps au temps.
– On avait promis, à la libération du Koweït, que les droits des femmes et des chrétiens seraient respectés. Vingt ans plus tard, la Croix-Rouge y est toujours interdite, et les femmes y sont régulièrement battues ou mises à mort sur le simple prétexte d'infidélité, avérée ou non.
Miss Richardson prit sa tasse et la finit d'un trait.
Elle n'essayait pas seulement de convertir cette pauvre fille ; évoquer ces sujets lui faisait le plus grand bien. Cela lui rappelait sa jeunesse, un pan de sa vie qu'elle avait enterré depuis des dizaines d'années. Face à cette journaliste, la jeune femme éprise de liberté, féministe, rebelle et conquérante qu'elle avait été renaissait.
– Vous savez pourquoi j'ai décidé d'installer notre communauté dans ce manoir ? se décida-t-elle à révéler.
Mettre en confiance pour s'attirer l'amitié d'autrui.
Callwin ne voyait pas le rapport avec la discussion et se demanda si la vieille femme n'était finalement pas un peu sénile.
– Non.
Miss Richardson se mordilla les lèvres, et eut soudain un doute sur le bien-fondé de sa méthode. L'éventuelle conversion de Callwin valait-elle une mise à nu ? Elle hésita et décida de s'en remettre au Seigneur, qui avait amené cette jeune femme sur son chemin. Le hasard n'existait pas. Tout avait un sens, même si elle n'était plus certaine de le saisir.
– Pour retrouver l'enfant que j'ai abandonné, dit-elle en sentant chaque mot lui raboter la langue.
Un volet se détacha et vint frapper la fenêtre. Callwin sursauta et renversa du thé sur sa robe.
– Excusez-moi, dit-elle en se levant.
Elle alla ouvrir la fenêtre. Le froid glacial la fit frissonner. Elle se pencha au-dehors et bloqua le loquet du volet alors que quelques flocons tournoyaient dans la pièce. Vite, elle referma la fenêtre et resta debout près du radiateur.
– Retrouver votre enfant ? reprit Callwin, d'un air inquiet.
Ça sentait l'Alzheimer à plein nez.
– Oui, mais c'est une longue et triste histoire. Ouvrez donc cette armoire. Vous grelottez, dit Miss Richardson, qui pointa du doigt le meuble près de la fenêtre. Je vous laisse choisir.
Callwin sourit devant les bouteilles soigneusement alignées. Elle prit le temps de les examiner et d'en ouvrir quelques-unes pour en sentir leur effluve. Elle se décida pour un cognac.
Pas une journée depuis le début de son séjour, Callwin n'avait eu envie qu'elle lui raconte sa vie. Mais elle avait eu trop peur de sa réaction. Elle allait enfin tout savoir.
– Trinquons à votre longue et triste histoire.
La vieille dame approuva, et les deux femmes lampèrent avec délice le divin nectar.
– Il était une fois une jolie et jeune Texane…



Miss Richardson lui raconta d'abord son enfance. Son père mort sur les plages d'Omaha Beach. Sa mère l'élevant péniblement en faisant des ménages. Des années difficiles, qui devinrent terribles quand sa mère se mit en couple avec un vétéran de la guerre. Pas un méchant homme, mais un penchant certain pour l'alcool le rendait irascible. Par chance, flanqué d'une jambe de bois et gêné dans ses mouvements, il n'arrivait jamais à atteindre personne, même quand il voulait se battre contre les fantômes qui le hantaient.
– J'ai très vite compris qu'il fallait que je quitte le foyer. On chantait souvent à la maison avec ma mère. J'avais à peine quinze ans. J'ai tout quitté et je suis partie pour Dallas. Comme ma mère, j'ai commencé à faire des ménages, avec des négresses charmantes qui chantaient à tue-tête.
– Négresses ?
– Allons, allons, ne faites pas votre mijaurée. Tout le monde parlait comme ça à l'époque. Surtout au Texas. Croyez-moi, ce n'était pas méchant. J'ai toujours eu du respect pour ces femmes. Même si je regrette ce que leurs enfants et petits-enfants sont devenus, croyez bien que je ne doute pas de leur humanité à tous.
Callwin, perplexe, la laissa reprendre.
Miss Richardson fut très vite acceptée par ces femmes qui la surnommèrent Dorothy.
– Comme dans Le Magicien d'Oz, vous connaissez ?
Elle habitait chez une logeuse dans un des quartiers populaires de Dallas. Durant deux années, elle travailla six jours par semaine pour un maigre salaire, suffisant toutefois pour payer son loyer et se nourrir.
– Un jour, je rentrais du travail quand j'ai reconnu une amie qui faisait la queue devant un cabaret pas très reluisant où je ne me serais jamais arrêtée d'ordinaire. Ils passaient des auditions pour un radio-crochet. Je me suis mise dans la file. Et j'ai perdu, dit Miss Richardson, qui se détendait au fur et à mesure que l'alcool passait dans son sang.
Néanmoins, elle avait compris qu'elle avait trouvé sa voie. Avec ses maigres économies, elle prit des cours de chant. Une année plus tard, alors qu'elle n'avait que dix-huit ans, elle décrochait une place dans une espèce de cabaret-saloon de seconde zone, dans la banlieue de Dallas. Un repaire de représentants de commerce qui venaient y passer la nuit avant de repartir vers leurs affaires.
– Vous n'imaginez pas toutes les sales idées qui passent par la tête des hommes, dans ces endroits. J'ai échappé à plusieurs tentatives de viol. Mais j'avais mes protecteurs.
Elle ne se cacha pas d'avoir eu beaucoup d'amants. Des portiers, des livreurs, et même des étudiants. Callwin n'osa lui demander si elle se faisait payer, mais n'avait pas trop d'illusions.
– C'est là que ma chance a tourné. J'ai rencontré Ronny. Il avait près de cinquante ans, mais dès que nous nous sommes vus, ce fut le coup de foudre.
Callwin serra les mâchoires. Jamais elle ne croirait à une romance entre un vieux pervers et une jeune fille à la recherche d'un père. Quoi qu'elle en dise, elle s'était vendue à un vieux porc, se dit-elle en se resservant un verre de cognac.
– Il était dans l'immobilier. Une affaire qui marchait bien. Sa famille possédait un des plus grands parcs immobiliers de Dallas et des environs. Le problème était que je sortais avec un jeune Noir, fit-elle en insistant sur le mot.
Callwin sourit. Drôle de bonne femme !
– Après l'avoir quitté, je me suis rendu compte que j'étais enceinte.
Callwin s'étonna de cette longue confidence. La très stricte Miss Richardson, redevenue la petite dévergondée d'après guerre. Fascinant ! « Aurai-je moi aussi besoin me confesser à la veille de ma mort ? Ou veut-elle que je fasse de sa vie un roman ? »
À cette époque, l'avortement était interdit. Et même si Miss Richardson haïssait ce bébé qui risquait d'empêcher son mariage avec le beau Ronny, elle ne pouvait se résoudre à se faire charcuter avec des aiguilles à tricoter, ou à se rendre dans l'un de ces dispensaires clandestins sur lesquels les rumeurs les plus folles circulaient.
Elle prétexta la maladie d'une vieille tante et retourna chez sa mère. Son beau-père n'était plus que l'ombre de lui-même. Une épave qui passait son temps sur le canapé à écouter la radio, à râler contre les communistes et les nègres, et à boire des litres de bière. Quand elle expliqua que le bébé serait noir, sa mère accepta qu'il naisse sous X.
– Je pensais que c'était la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Deux mois après l'accouchement, je me mariais en petit comité avec Ronny.
La famille de ce dernier, très à cheval sur les valeurs chrétiennes, n'accepta jamais cette souillon de basse extraction. Ses passages à la télévision à moitié dénudée n'arrangèrent rien.
– Mon Ronny était fou de moi. Il s'est mis toute sa famille à dos, mais personne ne pouvait rien contre lui. Il était doué en affaires. Il a vendu ses parts au reste de la famille et a créé sa propre holding. En peu de temps, il avait bien plus d'argent que la famille n'en avait jamais eu !
Callwin sentait elle aussi que l'alcool lui montait au cerveau. C'est dans un léger brouillard qu'elle écouta la suite de l'histoire. Comment ils achetèrent leur ranch, son premier rodéo, son premier disque, son premier et dernier tube… Le bonheur, jusqu'à ce qu'un accident de voiture lui enlève Ronny. Longue dépression. Jusqu'au jour où la Vierge lui apparut au-dessus de la tombe de son défunt mari. Elle décida d'utiliser sa fortune pour retrouver tous les membres de sa famille, mais aussi de celle de Ronny, qui avaient été ruinés dans un scandale immobilier retentissant au début des années soixante-dix.
– C'est à la naissance de Nathaniel que j'ai repensé pour la première fois à l'enfant que j'avais abandonné.
Elle avait fait des recherches et payé les meilleurs détectives privés du pays. Elle n'avait pas tardé à obtenir un nom. Clarence Derreck. Sa famille d'accueil l'avait rejeté et il avait passé sa vie de foyer en foyer, avant d'être mis à la porte à sa majorité. On retrouvait sa trace dans de nombreux centres pénitentiaires, du Texas à la Californie, puis plus rien.
– Aucune nouvelle, jusqu'à l'année dernière, dit Miss Richardson.
Ses yeux brillaient. Callwin n'eut pas le cœur de lui dire d'arrêter de boire.
– Le corps de Clarence a été retrouvé dans le charnier des catacombes de ce manoir.
L'alcool aidant, Callwin se sentit saisie par la même émotion qui étreignait le cœur de cette vieille femme.
– Mon pauvre garçon a été tué par ce monstre.
Miss Richardson pleurait. Callwin était dans un état second, les souvenirs de sa propre jeunesse tumultueuse lui revenaient. Ses deux avortements, mais surtout…
« Non, n'y pense pas, n'y pense pas ! »
Elle s'efforça de reprendre pied, se focalisant sur les paroles de la vieille dame en pleurs.
– J'ai alors compris que je devais retourner auprès de mon seul et unique enfant. Purifier par la présence du Christ ce terrible endroit où le mal avait sévi durant tant d'années.
– Je comprends, dit Callwin, qui avait réussi à reléguer ses propres démons à l'arrière-plan.
– Je me suis renseignée auprès des sans-abri qui vivent dans les anciennes scieries. Clarence a vécu parmi eux cinq années. Il paraît que c'était un brave homme. Toujours souriant et affectueux avec ses compagnons d'infortune. Vous ne pouvez pas imaginer combien je m'en veux de l'avoir abandonné.
Callwin comprenait la douleur de cette mère. Ce devait être atroce. Une déchirure jamais refermée.
– Écoutez, je vais vous laisser. Je crois que nous avons trop bu toutes les deux.
Callwin se leva et ressentit un léger vertige. Ses terribles chimères revinrent la hanter.
Miss Richardson nota le changement d'attitude. Elle comprit que c'était le moment de libérer la jeune femme des démons qui la torturaient.
– Leslie, dites-moi le mal qui vous ronge. Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ?
Surprise, Callwin la regarda fixement. Elle ressentit comme un coup de sangle dans le dos.
Elle avait huit ans. Elle était assise sur le bord de son lit… le sexe de son père dans la bouche.
– Rien, il ne m'est jamais rien arrivé. Jamais ! cria-t-elle.
Elle partit en courant de la pièce, descendit les marches quatre à quatre et sortit du manoir le cœur battant à tout rompre. Elle glissa et s'affala de tout son long dans la neige.
– Pourquoi tu m'as fait ça ? Pourquoi tu m'as fait ça ? gémit-elle en labourant de ses ongles le sol boueux.
Un noël à River Falls
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