21
Assis sur la rambarde de sécurité, Simon Beaver finit sa bière et jeta la canette vide dans les buissons derrière lui. L'esprit ailleurs, il regardait passer le flot de moins en moins dense des véhicules qui circulaient en cette veillée de Noël. Au bout d'une minute, il se pencha pour attraper son pack de bières et s'en ouvrir une autre.
L'alcool. Le seul ami sur lequel on pouvait toujours compter quand on était malmené par la vie. Et la vie n'avait vraiment pas épargné Simon Beaver…



Simon n'en revenait toujours pas. Il allait enfin le faire. En cette veille de Noël, c'était le plus beau cadeau que le père Noël pouvait lui apporter : Natacha Perkins ! Pas vraiment un canon, mais une paire de seins à faire bander un mort, exulta Simon, qui finit d'ajuster sa cravate. Il se regarda dans le miroir et crut voir un homme, un vrai, alors qu'il n'avait que dix-neuf ans.
Il sortit de sa chambre et passa devant le salon.
– J'y vais m'man, à demain.
Affalée dans le canapé devant la télévision, une bouteille de scotch à moitié vide à côté d'elle, sa mère lui fit un vague geste de la main, sans lui jeter un regard. Simon savait qu'il aurait dû rester auprès d'elle, mais cette soirée allait être mémorable.
« Jonathan, j'espère que là où tu es, tu peux comprendre », lança-t-il en pensée à son petit frère.
Il savait qu'il aurait dû marquer le coup et honorer le jour de sa mort, mais il n'avait pas osé demander à Natacha de changer la date. Ce soir était le soir !
Il avait neigé durant toute la semaine. Les toits des maisons de la zone pavillonnaire étaient recouverts d'un blanc laiteux qui étincelait sous les illuminations des nombreuses guirlandes et autres décorations. L'esprit conquérant, il mit son brassard fluorescent, enfourcha sa bicyclette et roula à la lumière de son phare en espérant ne pas s'étaler sur la route. Les parents de Natacha étaient partis fêter Noël à l'autre bout des États-Unis et lui avaient laissé la villa pour elle toute seule.
Chemin faisant, il eut une pensée pour son père. Après l'accident, il avait passé plusieurs mois en hôpital psychiatrique. Le couple n'avait pas tenu longtemps après son retour à la maison. Le divorce avait été prononcé quelques semaines plus tard. Simon n'avait plus jamais eu de nouvelles de son père. Pas même un coup de fil à Noël ou aux anniversaires. Le « jamais je ne te pardonnerai » résonnait encore à ses oreilles.
Longtemps, il s'était senti coupable. Finalement, le psychiatre qui l'avait suivi dès son plus jeune âge avait réussi à la convaincre sur le tard qu'il n'était en rien responsable de cet épouvantable accident. Le seul coupable était « le droit de quiconque à porter une arme aux États-Unis ».
C'est l'esprit embrumé par ces amères pensées qu'il arriva chez Natacha. À peine lui eut-elle ouvert la porte que son regard tomba sur ses seins. Plus rien d'autre n'existait.
– Dis donc, tu t'es fait beau pour moi ? dit-elle d'une voix enjôleuse.
Elle avait dix-neuf ans. Comme lui. Il pensait qu'elle s'y connaissait bien plus en sexe que les actrices de porno.
– Tu le mérites, gargouilla-t-il en rougissant comme une pivoine.
– Allez, entre, on se gèle.
Il crut entendre du bruit et vit apparaître un chat qui le regarda d'un air narquois.
– Fais pas attention, il est jaloux.
– Il est mignon, dit-il bêtement.
Natacha lui sourit et l'attrapa par sa cravate.
– Suis-moi, j'en meurs d'envie, dit-elle d'une voix rauque soulignée d'un regard sans équivoque.
Il se sentait en confiance. Natacha était une chic fille. Incroyable qu'elle ait accepté de se laisser draguer par lui. Il avait l'habitude de faire les devoirs de certaines filles, plutôt jolies. Mais quand Natacha était venue le trouver, deux semaines plus tôt, il savait qu'il n'aurait pas le temps. Alors, il l'avait provoquée en lui promettant de lui faire son devoir contre un simple baiser. Elle avait semblé outrée. Cependant, le lendemain elle était revenue, toute pimpante, acceptant le marché, et au lieu du baiser, elle lui avait promis une véritable nuit d'amour pour la veille de Noël. Sur le moment, Simon n'y avait pas cru. Aussi fut-il stupéfait quand, après qu'il lui eut rendu son devoir, elle lui jura qu'un deal était un deal et qu'il avait droit à sa folle nuit d'amour.
Natacha le prit par la main et l'entraîna dans sa chambre, à l'étage.
Simon était surexcité. Le moment était enfin arrivé. Natacha n'alluma que la lumière de sa table de chevet et mit le dernier CD des Red Hot Chili Peppers, puis se posta face à Simon et d'une pichenette, le fit tomber sur le lit.
– Laisse-toi faire, maintenant, dit-elle alors que les premières notes de « Mother's Milk » résonnaient dans la chambre.
Simon n'en croyait pas ses yeux. Natacha enleva son pull et lui dévoila sa sublime poitrine emprisonnée dans un soutien-gorge en dentelle.
Allongé sur le dos, Simon tendit les mains en avant, mais Natacha lui plaqua les bras sur le lit.
– Laisse-toi faire, je te dis, dit-elle en lui déboutonnant sa chemise.
Elle la lui enleva ainsi que son sous-pull, puis, faisant glisser ses mains, elle attrapa sa braguette et lui fit un sourire coquin.
Simon pria tous les dieux de le faire tenir.
Elle lui ouvrit la braguette et alors qu'Anthony Kiedis criait à tue-tête sous la basse de Flea, Natacha le débarrassa de ses chaussures et de son pantalon.
– Tu es prêt ? fit-elle en saisissant son caleçon.
– Oui, répondit-il dans un souffle.
Avec une dextérité toute féminine, elle le lui enleva et le jeta dans un coin de la chambre. Alors, elle se mit à genoux entre les cuisses de Simon. « Nom de Dieu, si elle commence comme ça, jamais je n'arriverai à me retenir avant de la pénétrer », s'affola-t-il.
Natacha se courba en avant et quand elle eut presque le sexe de Simon collé aux lèvres, elle releva la tête et lui souhaita « Joyeux Noël » avant de lui mordre le gland. Simon hurla de douleur et s'éjecta du lit. Des étudiants ivres et hilares entrèrent dans la chambre et le conspuèrent avec virulence.
– Gros puceau, tu croyais tout de même pas au Père Noël !
– Le con, regarde-le !
– Dégage, connard !
Jamais de sa vie, il n'avait connu pareille humiliation. Malgré les huées et les bourrades dans le dos, il réussit à attraper ses affaires et à sortir de la chambre.
En bas, d'autres étudiants, dont certaines des filles qu'il avait aidées, se moquèrent de lui à son passage. Pleurnichant comme un enfant, il réussit à sortir dans le froid glacial. Un étudiant sortit sur le perron et lui jeta son blouson à la figure.
– La prochaine fois que t'essayes de brancher une fille d'Alpha, on te la coupe, c'est compris ?
Simon n'appartenait à aucune des fraternités de l'université. Jamais il n'aurait imaginé qu'en tentant sa chance auprès de Natacha Perkins, il mettait un pied en enfer. Par bonté d'âme, on le laissa se rhabiller dans le jardin enneigé, les étudiants massés derrière les fenêtres continuant à rire de leur bonne blague.
Simon reprit son vélo. Ses roues étaient crevées.
Dans la lumière scintillante des guirlandes de Noël, il le poussa, le visage ruisselant de larmes.
Un noël à River Falls
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