54.

La ville où tout s’achète


Cette nuit à Mangroz fut bien moins reposante que ce que Matt s’était imaginé. Certes, il y avait eu le moment du bain, un véritable délice après ces jours de moiteur et de transpiration insupportables, mais la suite n’avait pas été à la hauteur de ses espérances. Bien qu’il fût installé dans un lit confortable, il eut du mal à dormir d’un sommeil profond. Le moindre pas dans la ruelle en contrebas, le moindre éclat de rire distant, tout le réveillait, les sens en alerte, prêt à sauter sur son épée pour combattre.

Après la confession de Lily, il avait craint que la pègre locale ne cherche à les attaquer pendant leur sommeil. C’était plus fort que lui, un instinct de survie. Se sentant potentiellement en danger, il ne parvenait pas à s’abandonner au repos.

Et puis il s’était couché contrarié. D’abord l’aveu de Lily l’avait déçu. Même s’il s’était douté que les motivations de la jeune fille pour les accompagner n’étaient pas toutes claires, il découvrait qu’elle pouvait les mettre dans une situation encore plus périlleuse qu’elle ne l’était déjà ! Et puis c’était la première nuit depuis ses retrouvailles avec Ambre qu’il dormait sans elle à ses côtés. Il s’était habitué à sentir sa présence contre lui, son souffle chaud dans son cou, sa respiration lente qui le berçait, et cette façon bien à elle qu’elle avait de maintenir un contact permanent, que ce soit avec la main ou un bout de pied. Mais il fallait s’y faire, il n’y avait que deux chambres, les filles d’un côté, les garçons de l’autre, après tout ils n’étaient pas mariés non plus et même Torshan avait accepté de quitter sa supérieure qu’il s’était pourtant juré de protéger à tout instant.

Ils prirent un petit déjeuner constitué de pain, de fromage et de lait dans la grande salle de l’auberge quasiment vide au petit matin. Les deux serveuses semblaient s’ennuyer avec leurs rares clients et Marco était absent. Les deux Kloropanphylles et Lily se cachaient toujours sous les capuches de leurs capes.

Après une bouchée de pain encore chaud, Matt commença à organiser leur journée :

– Il serait plus prudent qu’Orlandia et Torshan restent avec toi, Lily, pour ne pas attirer l’attention.

– Je n’ai pas l’intention d’attendre sans rien faire, lui rétorqua la Kloropanphylle.

– Nous sommes jeunes et nombreux, deux mauvais points pour être discrets à Mangroz, si en plus les gens découvrent que deux adolescents pas comme les autres sont parmi nous, autant se promener avec un gyrophare !

Ambre se mêla à la discussion :

– Orlandia, toi et Torshan êtes d’excellents combattants, vous protégerez Lily. On n’est jamais trop prudent.

Orlandia gloussa, dépitée.

– C’est bon, pas la peine de tous vous y mettre, j’ai compris. C’est pour le bien de notre caravane.

Manifestement, il n’y avait pas que lui qui avait mal dormi, constata Matt face à la mauvaise humeur de la Kloropanphylle.

– Par où commençons-nous ? demanda-t-il.

Lily exposa son plan :

– Vous vous séparez en deux groupes, pour être plus discrets. Ici c’est primordial : plus vous passerez inaperçus, mieux ce sera. Le quartier du port est rempli de pickpockets, d’escrocs, de toutes sortes de baratineurs en quête d’un mauvais coup et à première vue nous pouvons passer pour des proies faciles. Il faut aller à la capitainerie, demander la liste des navires à quai et les destinations prévues. Ensuite il faudra aller parler aux capitaines qui partent pour New Jericho ou dans cette direction, souvent ils ne déclarent pas leur véritable destination car ils ont des activités plus ou moins officielles.

– Et ces contrebandiers accepteraient de nous prendre avec eux ? s’étonna Tania.

– Ici tout est une question d’argent. Il y a un prix pour tout. Absolument tout.

– Et l’autre groupe ? demanda Tobias.

– Il faut aller voir l’hôtel des commerces, c’est l’espèce de palais qui domine le port, à l’entrée du haut-village. C’est une sorte de bourse où tous les commerçants peuvent échanger des marchandises, des renseignements, ou affréter ensemble des navires. Il faut demander là-bas, et peut-être que si plusieurs négociants veulent expédier un bateau mais qu’il leur manque encore un associé, ils seront heureux de nous prendre comme partenaires.

– Ça c’est un job pour Chen, fit Tobias en souriant. Tu es bon pour marchander, ça doit être à cause de ton sang chinois.

– Hey ! C’est raciste de dire ça ! fit Chen faussement indigné.

– OK, Chen et moi on veut bien aller à l’hôtel des commerces.

Lily calma leur ardeur aussitôt :

– Soyez prudents et méfiants, ici tout se vend et s’achète. Ne signez rien du tout ! Vous pourriez vendre votre âme sans le savoir ! N’entrez sous aucun prétexte dans la Banque des Cendres ! C’est là que se monnaye tout ce qui touche à la mort et à la souffrance.

– Un commerce des morts ? s’indigna Dorine.

– Oui, aux yeux de certains, les cadavres regorgent d’ingrédients pour des décoctions magiques. Mais c’est aussi là qu’on passe des contrats pour assassiner quelqu’un, c’est également un passage vers Basse-cul.

– On s’en tiendra éloignés, pas de problème ! assura Tobias.

– Et quoi qu’il arrive, ne négociez jamais avec quelqu’un qui porte la marque d’Oxxen : un tatouage dessinant deux X imbriqués sur l’intérieur du poignet.

Chen donna un coup de poing dans l’épaule de Tobias :

– Pourquoi tu nous as envoyés là-dedans ? Idiot !

Tania au contraire posa une main sur l’autre bras de Tobias :

– Je viens avec vous. Une présence féminine sera nécessaire pour mettre un peu d’intelligence dans ce paquet de muscles.

Matt, qui connaissait Tobias par cœur, vit qu’il prenait cela comme un compliment, fier qu’on puisse penser qu’il était musclé, et il s’en amusa.

Lily termina ses explications :

– Ici, à Mangroz, une bonne partie du commerce se fait par le bouche à oreille, par les réseaux des uns et des autres. Je vais m’assurer que Marco œuvrera dans ce sens aujourd’hui. Il connaît du monde.

Matt l’arrêta d’un geste de la main :

– Tu as confiance à ce point en lui ?

– Absolument.

– Il est jeune pour avoir une auberge à lui.

– Et alors ? Il est doué en affaires !

– Justement ! Tu viens de dire qu’il y a un prix pour tout dans cette cité. Et si les gens que tu as contrariés parvenaient à trouver le prix de Marco et de sa fidélité ?

– Pas lui.

– Il a quitté Neverland, il a vingt ans, il vit parmi les adultes, pourquoi hésiterait-il ? Rien que chez les Pans, nous avons eu pas mal de cas de trahisons ! Des ados qui ne se sentent plus à leur place avec nous et qui passent à l’ennemi !

– Justement, ce qui cause la traîtrise, c’est le mal-être. Marco, lui, n’est pas errant entre deux camps, ou malheureux, il a choisi et il assume pleinement : il est devenu l’un d’eux, il est un adulte. J’ai confiance en lui. Si nous n’avons plus de confiance, alors que nous reste-t-il ? Particulièrement dans un lieu complexe comme celui-ci !

Ces mots plutôt sages plurent aux Pans qui acquiescèrent, Matt y compris. Il regarda Ambre et Dorine.

– À nous le port. Il faut que ce soir nous ayons trouvé notre navire. Moins nous resterons à Mangroz, plus je serai rassuré. Ces adultes tolèrent peut-être les enfants, mais ils ne m’inspirent rien de bon pour autant. Les Cyniks et les Ozdults sont des fanatiques, mais ceux-là vénèrent un autre dieu tout aussi aveuglant et dangereux.

D’une pichenette Matt fit tournoyer sur la table une pièce d’argent que Lily venait de poser pour payer leur petit déjeuner. La face d’Oz dessina des cercles à une vitesse folle, et le profil de l’empereur devint omniprésent.

Tobias se sentait nu. Il avait préféré sortir léger, laissant la plupart de ses affaires sous la surveillance de Lily et des Kloropanphylles, y compris son arc, pour ne pas s’encombrer inutilement d’une arme qu’il ne pourrait pas employer. Mais à présent qu’il arpentait les rues bondées de Mangroz il le regrettait. Non qu’elle eût pu lui servir, mais sa présence dans son dos l’aurait rassuré car la foule bigarrée qui les entourait était plutôt angoissante. Il y avait ceux qui filaient sans se soucier de quoi que ce soit d’autre que leur destination et qui bousculaient sans vergogne, ceux qui au contraire prenaient tout leur temps, observant chacun d’un œil malicieux et qui firent resserrer leur cape aux Pans comme pour mieux s’en protéger, ceux qui criaient, qui juraient, qui riaient trop fort, ceux qui sentaient l’alcool, la transpiration, ceux qui tiraient les manches pour proposer leur précieuse marchandise, leurs services de protection ou des plaisirs plus charnels, et bien d’autres encore que Tobias préféra oublier.

Lui, Chen et Tania grimpaient par les ruelles en pente et par des escaliers dans les hauteurs du port. L’architecture chaotique de la cité, avec ses habitations creusées à même les racines et les bâtisses construites de part et d’autre de la chaussée en bois, leur dissimulait l’horizon la plupart du temps. Ils pouvaient jeter un regard vers le port en contrebas en se glissant entre deux maisons ou lorsqu’ils parvenaient à une terrasse, mais l’hôtel des commerces demeura masqué jusqu’à ce qu’ils atteignent une petite place le long de laquelle s’écoulait un filet d’eau au creux d’un lit sculpté dans le séquoia. Là, ils purent s’asperger le visage et boire un peu avant d’admirer le bâtiment en forme de palais qui les surplombait. Juste au-dessus de lui s’étendait le haut-village et, pour ce qu’ils en voyaient, il ne paraissait guère différent, sinon peut-être par la taille plus imposante de ses demeures.

Le palais, lui, était constitué de quatre tours rectangulaires encadrant un corps en chaux, tout blanc, recouvert par une série de dômes en albâtre, comme les cloches abritant un plat chaud, et à cette image Tobias s’interrogea sur le genre de nourriture effrayante qu’on pouvait bien y servir.

La rue qu’ils suivaient remontait vers le haut-village, mais aucun des Pans ne pouvait affirmer avec certitude si elle desservait l’hôtel des commerces.

Ils virent un escalier abrupt taillé à même l’écorce qui zigzaguait sur la paroi pour atteindre une passerelle de corde donnant sur une porte au-dessus du vide, au pied d’une des tours.

– Pas sûr que ce soit l’accès le plus simple, mais au moins celui-là on le voit et on peut pas se perdre ! commenta-t-il en entraînant ses compagnons vers le pied du haut escalier.

Ils n’en avaient pas gravi la moitié que leurs cuisses étaient en feu, leur souffle court, et le paysage tout entier tournait. Tobias se laissa tomber dans les marches en prenant soin de se coller à la paroi. Car ce qu’ils n’avaient pu distinguer d’en bas, c’était qu’il n’existait là aucun garde-corps, aucune rambarde pour se tenir. La moindre étourderie, un pied qui s’accroche, et ils pouvaient basculer et chuter de plusieurs dizaines de mètres.

– La prochaine fois que tu as une idée de génie, surtout tu la gardes pour toi ! râla Chen en se reposant.

– La prochaine fois je t’autorise à m’abattre sur-le-champ, gémit Tobias en cherchant sa respiration.

– Je comprends mieux pourquoi ce chemin est désert ! Ils ne sont pas fous, eux !

Tania ne paraissait pas en meilleure forme, mais dure au mal, elle gardait tout pour elle.

Ils firent deux autres pauses avant de traverser la passerelle qui s’agitait à chaque pas ; terrorisés par le vertige, ils se précipitèrent sur la lourde porte pour y cogner énergiquement.

De là, ils dominaient tout le bas de Mangroz. Les navires qu’on chargeait et déchargeait, l’eau olivâtre de la baie, et le début des méandres du marais. La lumière du jour ne parvenait pas jusque sur la cité des pirates à cause de l’épaisseur de la végétation, et les lampes pleines de vers luisants avaient été remplacées par des torches imbibées d’huile de citronnelle qui parfumaient toute la ville. Des centaines de silhouettes circulaient dans tout le port, au milieu de ces points lumineux et, au loin, la jungle reprenait ses droits sur la pénombre éternelle qui l’habillait.

Tobias sondait les quais dans l’espoir d’y apercevoir ses amis, lorsque la porte grinça pour les laisser entrer.

– Il est rare d’avoir des visiteurs qui empruntent l’accès de secours, fit un homme âgé.

Chen donna un autre coup de poing dans l’épaule de Tobias.

Les trois visiteurs découvrirent un vaste souk aux murs orange pastel, tout éclairé par des bougies dans des lanternes de verres multicolores. Les grandes salles étaient remplies de commerçants proposant tout ce qu’on pouvait imaginer. Certains vendaient des articles de cuir fabriqués artisanalement, d’autres de verre, d’autres encore de fer, des marchands proposaient des vêtements, des armes forgées soi-disant par le meilleur maître de l’empire d’Oz, là-bas c’était des tas d’épices, plus loin des fruits et de la viande séchée, puis du poisson, et c’était sans compter sur tous ceux qui offraient à la vente des articles datant de l’ancien monde : matelas, lunettes, boîtes de conserve, chaussures, livres… Il y en avait partout. Même les hauts couloirs qui reliaient les halls entre eux étaient investis par les commerçants.

En circulant dans ce dédale, Tobias réalisa qu’il fallait ajouter tous ceux qui proposaient des services à la vente et qui n’avaient pas d’étal. Ils déambulaient dans les allées, criant leurs offres ou alpaguant le chaland discrètement pour des propositions moins honnêtes.

Les mots fusaient, enchevêtrés de chiffres, les voix montaient, les poignées de main s’échangeaient, en même temps que les billets de créance ou les bourses tintantes. Les trois Pans s’aventuraient là-dedans au hasard, ne se sentant pas du tout à leur place.

Lorsque Tobias tomba sur un assortiment de bocaux contenant divers produits ésotériques, dont un brillait des lueurs de scararmées, il pointa son index vers les insectes bleus et rouges :

– Combien pour les scararmées ?

– Toby ! le gronda Tania tout bas. Nous ne sommes pas là pour ça !

Le vendeur découvrit une bouche édentée :

– Ah, le jeune homme est connaisseur ! Des bêtes de glace et de feu pour faire tomber amoureuse la jeune fille !

Tania piqua un fard.

– Mais non, pas du tout !

– Combien ? insista Tobias.

– Pour toi, parce que tu me plais bien, et que j’ai envie que vous vous accoupliez, ce sera seulement cinquante faces d’Oz.

– Cinquante ! s’écria Tobias.

C’était un quart de ce que Lily lui avait confié pour le cas où ils auraient besoin d’argent.

– À vingt on ne discutait même pas, fit Chen qui se prenait au jeu, mais alors à ce prix-là…

– C’est très rare ! Allez, quarante-cinq !

Tobias était indigné :

– Rare ? Il suffit de se pencher pour en ramasser par poignées entières quand on tombe sur une autoroute !

– Par chez toi peut-être, mais pas ici !

– Toby ! s’impatienta Tania.

Tobias capitula. Ils s’éloignèrent sous le regard déçu du vendeur.

– Ils auraient pu nous servir, dit-il, plus déçu encore.

– Peu importe, ce n’est pas pour ça que nous sommes venus. Allez, il faut qu’on trouve comment faire.

Après maintes hésitations, Tania se lança la première et demanda à un vendeur de paniers tressés :

– Nous cherchons un bateau pour aller à New Jericho, vous savez à qui nous pouvons nous adresser ?

– C’est le bateau que vous souhaitez acheter ou seulement le voyage ? fit le marchand sur un ton peu amical.

– Le voyage.

– Allez plutôt voir du côté de la foire aux mandats, au fond là-bas !

Les trois compagnons s’empressèrent de prendre la direction indiquée. Après dix minutes dans l’hôtel des commerces, Tobias avait cessé de présenter ses excuses dès qu’il bousculait ou était bousculé, en constatant que tout le monde s’en fichait. Il était rassuré de voir qu’ils n’attiraient pas les regards malgré leur âge. C’était un bon point. Toutefois, lorsqu’ils passèrent dans un large couloir qui ouvrait sur des salles d’où s’échappaient des odeurs musquées, sa confiance se dissipa quand on tenta par trois fois de les attraper pour leur demander s’ils étaient à vendre. L’un des commerçants insista lourdement pour acheter Tania. Il monta son offre à deux cents faces d’Oz auprès de Chen et Tobias, fascinés par le spectacle des danseuses à moitié nues qui se déhanchaient derrière l’homme dans une alcôve rouge et noire. Tania dut leur tirer l’oreille pour les faire décrocher en assurant qu’elle n’était pas à vendre.

Au bout, ils entrèrent dans un endroit moins étouffant où une centaine d’hommes et de femmes discutaient à voix basse par groupes de deux ou trois. Ils s’échangeaient des morceaux de papier sur lesquels ils griffonnaient à la va-vite des denrées et des nombres dès qu’ils se mettaient d’accord, et Tobias en vit certains écrire des noms de villes. Il décida d’en suivre deux comme ça et remarqua qu’à peine une transaction terminée ils agitaient un petit écriteau « Transiteur » au-dessus d’eux.

Tobias en arrêta un :

– Nous cherchons un transport jusqu’à New Jericho, dit-il.

– Ah je ne fais pas si loin.

– Est-ce que vous pourriez nous dire qui fa…

La phrase mourut au bord des lèvres de Tobias, l’homme était déjà reparti. Pas découragé pour autant, il continua avec deux autres qui secouèrent la tête sans rien ajouter avant qu’un quatrième lui demande :

– Pour quelle quantité de marchandise ?

– Neuf passagers et neuf montures.

– Pas intéressant.

Et l’homme disparut dans le flot des mandataires.

– Ça ne va pas être simple, soupira Tania.

Ils s’y mirent à trois, arrêtant tous les passants pour multiplier leurs chances, et, pendant près d’une heure, ils sollicitèrent toutes les personnes possibles. La plupart ne les écoutaient même pas lorsqu’ils prononçaient le nom de New Jericho, et les autres tournaient les talons en entendant le peu de « marchandises » en jeu.

Découragée, Tania se laissa tomber sur une caisse en bois.

– On n’y arrivera jamais, dit-elle.

– À moins de proposer bien plus que le prix normal, ajouta Chen.

– Si c’est la seule solution…, se résigna Tobias.

Un homme vêtu d’une tunique rouge et orange, le crâne rasé, s’immobilisa devant les trois Pans.

– J’ai entendu dire que vous cherchiez un transport pour New Jericho ?

Tobias se redressa. Il avait vu plusieurs individus similaires à celui-ci dans l’hôtel des commerces, tous arborant la même robe de toile légère, semblable à celle des moines bouddhistes.

– Oui, vous avez de la place ?

L’homme se fendit d’un rictus à peine discernable.

– C’est possible, mais venez discuter de cela dans nos bureaux, jeunes voyageurs.

– Qu’est-ce qui ne va pas ici ? demanda Tania, méfiante.

– Moi et mes confrères avons pour habitude de négocier à l’abri des oreilles indiscrètes.

– C’est loin ? questionna Chen.

– Non, dans l’aile ouest. Venez.

Tobias chercha un avis du côté de Tania qui faisait une moue pas convaincue. Chen, lui, haussa les épaules.

Après tout, cela n’engageait à rien et ils n’avaient pas mieux.

– On vous suit, répondit Tobias en lui emboîtant le pas.

L’homme écarta les bras pour les accompagner d’un geste amical dans le dos. Et plusieurs mandataires alentour eurent un regard réprobateur envers les trois adolescents.

Ils filèrent dans l’immense palais où tout pouvait s’acheter et se vendre.