19.

L’histoire des trois frères


Le jour se levait lentement, comme s’il rechignait à découvrir les dégâts de la nuit.

Au loin, les détonations des collines explosives continuaient à retourner la terre, à briser la forêt, tel un orage immobile décidé à s’acharner sur le même territoire, encore et encore.

Au moins ils quittaient ce danger-là, songea Matt en émergeant de ses couvertures rendues humides par les longues heures passées sur l’herbe.

– Comment va Johnny ? demanda-t-il en avisant Lily penchée au-dessus du blessé.

– Mal. Il a perdu beaucoup de sang, les bandages au miel que nous lui avons posés hier ont contenu l’hémorragie, mais il est faible et j’ai peur que l’infection se déclare.

– Est-ce que le miel est une bonne idée ? Ça ne risque pas de lui filer des maladies ?

– Non, au contraire, c’est un antiseptique efficace. Il me faudrait des chenilles-hygiéniques pour bien faire.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Oh, on en trouve un peu partout, ce sont des petites chenilles blanches qui nettoient les plaies et sécrètent une bave antibiotique puissante.

– Je vais t’aider à en chercher ! lança Piotr en refermant son sac à dos.

Matt n’était pas très rassuré à l’idée de s’attarder davantage.

– Il ne faut pas traîner. J’ignore si la meute était suivie par autre chose et je n’ai pas très envie de le découvrir.

– Johnny a un début de fièvre, annonça Lily. Si on n’agit pas rapidement, j’ai peur qu’il n’atteigne pas Neverland vivant.

Matt soupira.

– Bon, alors faites vite ! Je vais atteler le chariot pendant ce temps.

Matt circula entre les nombreux chiens géants qui entouraient le campement, la plupart se réveillaient doucement. Tout comme les Pans, ils étaient épuisés, ils avaient voyagé difficilement depuis les côtes du naufrage, probablement affronté plusieurs périls, et certains présentaient de vilaines blessures aux pattes et sur les flancs. Matt s’agenouilla devant Plume qu’il caressa. Sa chienne se léchait méthodiquement la patte gauche, entaillée par plusieurs morsures de lévriers.

Les chiens avaient payé leur tribut. Trois avaient succombé à une explosion hier après-midi, il était temps de trouver un refuge pour tous.

Lily et Piotr revinrent vingt minutes plus tard.

– Tu as ce que tu voulais ? demanda Matt.

– Non, mais j’ai des pansementhes et c’est très bien aussi !

La jeune fille défit le bandage rougeâtre sur la cuisse de Johnny et la vilaine plaie apparut, suintant d’un sang poisseux. Elle appliqua minutieusement deux longues feuilles semblables à de la menthe, mais beaucoup plus grosses, en travers de la blessure, et à peine en contact avec la peau, les poils transparents de la feuille s’enfoncèrent dans le derme et se contractèrent pour resserrer la feuille et ainsi refermer la plaie. Johnny se mit à gémir dans son sommeil, puis se calma aussitôt.

– C’est mieux que des points de suture ! s’enthousiasma Matt.

– Aussi efficace, mais plus fragile. Il faudra veiller à les remplacer régulièrement, surtout avec le voyage, elles vont se casser facilement. Les pansementhes sont un bon antidouleur et diffusent leurs vertus médicinales dans tout le corps, mais ce n’est pas non plus miraculeux. Maintenant il faut gagner Neverland le plus rapidement possible.

Lily refit le bandage sur la cuisse après avoir badigeonné la gaze avec le miel qu’il leur restait, et ils reprirent leur longue marche en direction de l’est.

Une cinquantaine de chiens les suivaient pendant qu’un petit groupe ouvrait la marche. Ce n’était pas discret, mais Matt se sentait bien plus en sécurité avec eux. Il n’imaginait pas une patrouille Ozdult se risquer à les attaquer avec une pareille protection, et la meute éloignait tous les prédateurs de la forêt.

Sauf si on passe à proximité d’un fort Ozdult. Ils ne pourront pas nous manquer et je n’ai pas envie de voir les chiens se sacrifier contre un bataillon d’hommes en armures.

La brume matinale se leva lentement, le plafond de nuages était bas et menaçant, mais cela n’empêchait pas le convoi de filer à bonne allure sur un vieux sentier en partie gommé par la végétation.

Lily veilla Johnny un long moment avant de grimper sur le dos de Lycan pour rejoindre Matt et Plume en tête de la colonne.

Les cheveux bleus de l’adolescente brillaient dans la pâle clarté, unique touche de couleur vive dans ce paysage morne.

– Hier soir au bivouac tu as parlé de ce Ggl…, dit-elle, et de ses molosses. Tu crois que c’est après toi qu’il en a ? Qu’il sait que tu es là ?

– Je ne sais pas. Je n’arrête pas d’y penser. Il n’a aucune raison de me pourchasser moi en particulier, par contre il traque peut-être Ambre.

– C’est la fille qui a avalé le Cœur de la Terre, c’est ça ?

– Elle l’a absorbé, mais oui, c’est elle.

– Tu crois qu’elle est vivante ?

– Je l’espère. Et si Ggl lance ses troupes à nos trousses, c’est qu’il le croit lui aussi. Je me dis que si Ambre était morte, elle aurait relâché l’énergie du Cœur de la Terre, d’une manière ou d’une autre, et une chose comme Ggl l’aurait senti. Si elle était… morte, il ne nous chasserait pas.

– À t’entendre on pourrait en conclure que c’est une bonne nouvelle !

– Qu’il nous traque ? Si ça signifie que Ambre est bien vivante, alors oui c’en est une…

– Entropia ne respectera pas la zone franche, pas vrai ?

– Non. En effet.

– Alors il faudra que Neverland se prépare à la guerre.

– On ne peut mener une guerre contre Entropia. Il est impossible de se battre contre cette force, elle ravage tout sur son passage, nul ne peut lui résister. Si résistance il doit y avoir, il faudra trouver un autre moyen, mais j’ignore encore lequel.

Lily resta silencieuse un long moment, à méditer là-dessus.

– Il existe une hiérarchie à Neverland ? demanda Matt. Avec des chefs ? Vous êtes coordonnés ?

– On peut dire ça, répondit Lily, lointaine, toujours absorbée par ses pensées.

– Quelqu’un qui est écouté plus que les autres ?

– Gaspar, assurément.

– C’est un Pan ?

– Bien sûr. C’est le symbole de notre rébellion.

– J’ai entendu Johnny prononcer son nom plusieurs fois lors de nos bivouacs, il semblait très admiratif.

– Oh, beaucoup le sont ! C’est un garçon un peu particulier. Tu veux entendre son histoire ?

– Je crois que ce serait bien, en effet, que je sache qui je vais rencontrer.

– Je te préviens, c’est une histoire triste.

– Laquelle ne le serait pas depuis la Tempête ?

Lily approuva.

– Gaspar est le plus jeune d’une fratrie de trois frères. L’aîné s’appelait Georges et le cadet Thomas. Quand la Tempête a bouleversé le monde, ils étaient ensemble, dans leur maison en Allemagne. Leur mère était une très belle femme, une actrice allemande, si je me souviens bien, tandis que leur père était un chercheur français, un scientifique, un génie à ce qu’on raconte. Par chance, les trois frères ont survécu à la Tempête, mais, comme tu le sais, ce qui a suivi était peut-être pire… Les quelques adultes rescapés n’avaient plus de mémoire et, privés de tout repère, ils retournèrent à leurs instincts les plus vils : l’agressivité, la violence, la peur. Au début, les hommes étaient dispersés, désorganisés, mais ça n’a pas duré longtemps. Un homme a émergé, il tenait un discours rassurant pour les adultes, il affirmait avoir eu une vision de l’avenir : il fallait qu’ils se rassemblent, qu’ils lui obéissent, qu’ils prêtent allégeance et il les guiderait vers le futur. Cet homme, c’était Oz. C’est comme ça qu’il s’est autoproclamé empereur. Si tu veux mon avis, c’était juste un type un peu plus malin que la moyenne qui n’était pas assez fort pour se faire craindre, pas assez intelligent pour avoir une science à partager, pas assez doué pour espérer survivre pour son utilité, mais il a eu une idée, il a inventé un concept qui dépassait les hommes sans mémoire. Il s’est mis à leur parler d’une malédiction lointaine et de ses pouvoirs formidables. Comme il était malin, certains l’ont cru et ils ont propagé sa parole qui est devenue un mythe. Tout cela a pris quelques mois seulement. Et, parce que les enfants refusaient de se soumettre, parce qu’ils osaient parler d’un ancien monde où les adultes étaient respectueux et vivaient pour la plupart en démocratie, Oz a décrété que la parole des enfants était mauvaise et que nous ne méritions que d’être leurs serviteurs.

Matt était stupéfait. Ce qui s’était produit en Europe ressemblait beaucoup à ce qui était arrivé en Amérique avec Malronce. La perte de mémoire, un être qui s’élève plus haut que les autres, qui fédère au nom d’une vision, à travers la haine, qui unit par l’autorité. Cela lui rappelait sa propre histoire.

– C’est à ce moment-là que Gaspar et ses frères sont intervenus ?

– À peu près. Mais avant cela, les frères ont dû affronter un autre danger.

Un frisson secoua Matt sur le dos de Plume, et il tourna la tête vers Lily pour la dévisager, impatient d’entendre la suite. Elle poursuivit :

– Dans les ruines de la Tempête, les trois frères se sont alliés à d’autres Pans, avant qu’une étrange menace ne commence à planer sur eux. À l’époque, ils s’étaient tous installés dans une ville au nord-est de la frontière, Wiesbaden je crois. Ça a commencé avec des Pans qui disparaissaient la nuit. Des enlèvements sans un bruit, sans aucune trace. Ils se couchaient le soir et au petit matin, certains n’étaient plus là. Georges a commencé à mener une enquête. Il a veillé la nuit avec un groupe de volontaires qui sillonnait les quelques maisons de la ville où les Pans s’étaient rassemblés. Ils guettaient le moindre changement, le moindre cri, la moindre ombre. Ils ne virent rien et pourtant les disparitions continuèrent. Alors ils décidèrent de tous habiter dans le même lieu, au centre de Wiesbaden, un palais qu’ils appelaient le Kurhaus, pour mieux veiller les uns sur les autres. Là, les disparitions ne s’arrêtèrent pas pour autant, mais ils découvrirent d’où elles provenaient.

– Des Ozdults ?

– Non, à l’époque les Ozdults se rassemblaient tous à l’ouest, autour de l’empereur. Ils fuyaient pour la plupart les terres à l’est du rift.

– Le rift ? Qu’est-ce que c’est ?

– Oh, tu verras… Bref, ce n’était pas des adultes qui enlevaient les enfants, mais… les ténèbres.

Le Raupéroden !

Le cœur de Matt bondit dans sa poitrine. Cela ressemblait de plus en plus à ce qu’il avait lui-même vécu.

– Une créature dans l’obscurité surgissait de sous les lits ou des placards, parfois même des profondeurs des caves, et elle venait happer les Pans qui passaient à proximité d’elle. Dès qu’il y avait un recoin totalement obscur, elle pouvait apparaître.

– Elle ressemblait à quoi ? insista Matt.

– L’histoire n’est pas très précise à ce sujet. J’ai entendu parler de mains avec des griffes qui sortaient des ténèbres, d’un visage effrayant avec une énorme bouche capable d’avaler un adolescent tout entier ! Mais ce n’était pas une vraie tête, ni des vraies mains, plutôt des ombres qui leur ressemblaient. Et pourtant, il s’agissait bien d’une personne. Je veux dire : pas physiquement, mais au niveau de… de la personnalité. Cette créature, cette sorcière qui hantait les ténèbres pour venir dévorer les Pans, c’était…

– La mère des trois frères ?

Lily releva la tête et dévisagea Matt.

– Comment tu le sais ?

– Disons que… continue ton histoire, je t’en raconterai une autre tout à l’heure.

– C’était bien leur mère. Du moins ce qu’il en restait. Elle jaillissait en pleine nuit, prenait sa proie et s’évanouissait tel un spectre. C’est là que les trois frères se sont séparés. Georges voulait traquer leur mère et la détruire, jugeant que le monstre qu’elle était devenue n’avait plus rien de commun avec celle qui leur avait donné la vie, tandis que Gaspar, lui, désirait requérir l’aide des Ozdults et d’un adulte en particulier : leur père. Il avait été vu parmi les nouveaux fidèles de l’empereur et Gaspar était convaincu qu’il pouvait le raisonner, que leur père n’était pas totalement perdu et qu’il était la clé pour stopper leur mère.

– Et le troisième frère ?

– Thomas, lui, ne voulait pas prendre position, il était tiraillé, mais lorsque Gaspar quitta Wiesbaden pour aller chercher leur père, il resta avec Georges. Un jeu du chat et de la souris débuta entre Georges et la « sorcière des cauchemars », comme la surnommaient les Pans du Kurhaus. Un vilain jeu qui se solda une nuit par la disparition de Thomas. La créature se jeta sur lui, depuis l’obscurité d’une trappe dans le grenier, et il se volatilisa, happé par la bouche du monstre, dévoré par sa propre mère. On dit que c’est ce qui a rendu Georges à moitié fou. Tout s’est terminé dans le sang et dans les flammes. Gaspar est revenu après plusieurs semaines. On raconte qu’il a traversé l’empire et a affronté maints ennemis, qu’il a fait plier les Ozdults sur son chemin, mais surtout : il était accompagné de leur père. L’homme était ligoté, il refusait de voir les enfants comme des êtres humains à part entière, même son propre fils était pour lui un mensonge du passé, une malédiction. Gaspar était dévasté, mais il réapparut avec son captif, espérant de tout son cœur que s’il voyait ses frères, quelque chose changerait. Mais lorsqu’il rentra, la sorcière se matérialisa et l’homme devint hystérique. Il voulut la rejoindre et ce sont ses propres fils qui le sauvèrent. La sorcière n’avait pas témoigné de la même agressivité que d’habitude et Georges en profita pour lui planter une lance qui s’enfonça totalement dans le néant avant que le garçon lui-même ne tombe dans la flaque de ténèbres. Il y eut des explosions, des hurlements, comme si Georges, du tréfonds des abysses, menait un combat titanesque, et puis les flammes s’emparèrent du Kurhaus avant de gagner toute la ville. La sorcière explosa, tel un ouragan de feu à ce qu’on dit, et beaucoup de Pans sont morts cette nuit-là.

Lily fit une pause, les yeux perdus dans le vague, comme si elle revivait la scène.

– Le père et la mère avaient fusionné ? demanda Matt en se remémorant sa propre histoire.

– Non. La sorcière avait été terrassée de l’intérieur par Georges, mais le garçon l’a payé de sa vie. Le père, en découvrant que la chose qui avait été sa femme avait été détruite par les Pans et par ses propres fils, s’est mis à maudire leurs noms. Gaspar l’a libéré, incapable de tuer son géniteur, et l’homme est reparti vers l’ouest. Ce jour-là, le père a décidé que tout ce qui se trouvait à l’est du rift n’existait pas, et que même les enfants n’étaient rien que des fantômes. Plus tard, il est devenu un pion important dans le système de l’empereur, et lorsque Gaspar a décidé de lancer des missions en territoire Ozdult pour libérer des Pans ou pour nuire à l’empire, son père s’est servi de cette histoire pour dénigrer la rébellion. De son côté, Gaspar est devenu malgré lui une figure de la lutte contre l’oppression et la tyrannie.

Matt se souvint d’un discours semblable. Celui d’un homme qui clamait avoir inventé les rebelles, un illuminé, un fanatique scientifique… Lily venait de dire que cet homme était devenu un pion important à Oz…

– Luganoff ! s’exclama-t-il.

Lily acquiesça, sombrement.

– Mince ! insista Matt. Luganoff est le père des trois frères !

– Tu en sais plus que tu ne veux bien le dire. Tu connais beaucoup de choses, Matt Carter.

Matt n’en revenait pas. L’histoire des trois frères ressemblait beaucoup à la sienne. Les deux parents opposés, l’un fanatisé, l’autre transformé en une créature angoissante, symbole des inconscients les plus noirs, en connexion avec un territoire parallèle surnaturel proche des peurs primaires, des cauchemars ancestraux. C’était presque rassurant, il n’était plus le seul ! Soudain il se prit à espérer que ce genre de conte sinistre s’était reproduit en de nombreux endroits sur la planète, sur tous les continents. Que la Tempête avait bouleversé les êtres vivants jusqu’à créer des schémas qui s’étaient répétés, la dislocation du conscient et de l’inconscient, l’incarnation des peurs enfantines, la haine de l’enfant… Le monde n’était pas totalement fou. Il répétait un schéma. Tout n’avait pas été parfaitement orchestré par la Tempête, cette force vive de la Terre qui n’avait cherché qu’à « corriger » ses terribles enfants, les êtres humains, qui lui avaient manqué de respect, qui la martyrisaient depuis trop longtemps, qui la menaçaient même ; il existait des modèles qui pouvaient se retrouver un peu partout. En frappant, la Tempête avait vaporisé bien des individus, elle en avait transformé d’autres, mais son déferlement d’énergie était tel qu’il avait altéré jusqu’aux conscients et inconscients des survivants.

Matt n’était pas unique, et cela le rassurait terriblement.

– Pourquoi souris-tu ? s’indigna Lily. Ce n’est pas drôle !

– Non, tu as raison, mais je suis impatient de rencontrer Gaspar. Nous aurons beaucoup à nous dire, j’en suis certain. C’est lui le chef de votre communauté ?

– Officiellement non. Il est respecté et écouté, mais ce n’est ni un roi ni un chef véritable. C’est plutôt un symbole, un leader officieux.

– Vous n’avez pas de hiérarchie pour vous organiser ?

Lily fit la moue, comme si elle hésitait à répondre.

– Nous prenons des décisions collégialement. Il y a un petit groupe qui écoute et qui décide, dont fait partie Gaspar et dans lequel il a beaucoup d’influence.

– C’est bien. Si Neverland est structuré, ce sera plus simple pour se protéger.

– Mais il existe quelqu’un qui… nous donne des conseils. Quelqu’un que nous écoutons.

– Qui ?

Lily haussa les épaules.

– Tu verras.

– C’est un Pan, j’imagine ?

– Pas vraiment.

Matt ouvrit de grands yeux.

– Comment ça ? Vous obéissez à un adulte ?

– Ce n’est ni le moment ni le lieu pour parler de ça. Tu voulais connaître l’histoire de Gaspar, je te l’ai racontée, maintenant c’est à toi de me dire pourquoi tu connais tant de choses.

– Pas maintenant. C’est un récit que je ferai à vos chefs. Ou à votre chef, quel qu’il soit, répliqua Matt un peu vexé.

Un malaise s’installa entre les deux cavaliers et il dura un long moment, jusqu’à ce que le temps finisse par l’atténuer. Plus de deux heures s’étaient écoulées.

– Nous sommes encore loin de Neverland ? demanda enfin Matt.

– Nous nous rapprochons. Ouvre les yeux, Edo ne devrait plus tarder à réapparaître. Il ne faudrait pas qu’il prenne peur en découvrant tous les chiens et qu’il s’enfuie !

– Nous ne sommes pas encore dans la zone franche, à l’abri des Ozdults ?

– Non, mais ne t’en fais pas, tu sauras qu’on y sera quand elle arrivera. On ne peut pas la manquer !

Un gloussement satisfait secoua Lily qui fit demi-tour avec Lycan pour retourner auprès du jeune blessé, laissant Matt à ses doutes.