18.
Si tu ne viens pas à la
solution,
la solution viendra à toi…
Tobias avait toujours été un garçon très enthousiaste, pour ne pas dire « naïvement exalté ».
Il était du genre à remonter le moral de tous dans les pires situations, un joyeux drille à la joie de vivre communicative.
Pourtant, depuis plusieurs jours, son moral était tombé au plus bas. À vrai dire, plus bas que jamais. Au point de lâcher prise.
Ça avait commencé par Ggl qui avait absorbé le Cœur de la Terre à Castel d’Os et par la mort de Floyd. Puis par cette terrible nuit sur le Vaisseau-Vie où il s’était réveillé en sueur, sans bien savoir pourquoi, avant de ressentir une oppression terrible, au point de ne plus pouvoir se rendormir. Il avait fait des cauchemars avec des Tourmenteurs, des visions si réalistes qu’il avait fini par se lever et jeter un coup d’œil dans la coursive devant sa cabine. Là, il avait entendu des craquements étranges et aperçu des ombres anormales au fond du couloir. Tobias s’en souvenait avec précision, comme si cela venait de se produire. Il s’était habillé en hâte et s’était même équipé de ses affaires, besace, arc et flèches parce que son instinct lui commandait d’être vigilant. D’être paré à agir. Parce que la présence des Tourmenteurs dans ses rêves était si forte qu’il en avait déduit qu’ils étaient là, tout près de lui, au point de parasiter son sommeil, de filtrer dans son inconscient. Ils étaient passés devant sa cabine. Il en était convaincu. Quand il y repensait, c’était incroyable. Car ils étaient bien à bord ! Il les avait vus ! Huit monstres silencieux portant le Testament de roche ! Il les avait vus quitter le Vaisseau-Vie à bord d’un petit navire et il avait aussi entr’aperçu ce traître de Colin qui les guidait ! Le temps qu’il sonne l’alerte, le système d’autodestruction avait explosé et Tobias s’était retrouvé parmi les premiers à l’eau, à nager pour survivre. Il n’avait rien pu faire. Ni pour empêcher le vol, ni pour sauver le bateau des Kloropanphylles. Tout avait été trop vite, il était demeuré spectateur, comme dans un mauvais rêve.
Puis il avait été capturé par des Ozdults fourbes, des chasseurs, des entraveurs comme ils s’appelaient eux-mêmes, fait prisonnier à l’aide de pièges de cordes et de filets. Il s’était retrouvé au milieu d’autres Pans, des survivants du Vaisseau-Vie, sans savoir si Matt, Ambre, Tania, Chen et tous les autres avaient péri dans le naufrage et s’il les reverrait jamais.
Au début il avait tout essayé pour fuir malgré la présence de ce maudit collier autour de son cou, mais les entraveurs étaient malins et habitués à transporter des Pans, ils avaient l’expérience et Tobias n’était parvenu à rien.
Il s’était retrouvé à Bruneville, la capitale du nord, comme disaient les entraveurs, dépouillé de l’astronax, et vendu aux enchères comme un vulgaire esclave, véritable affront au sang qui coulait dans ses veines, réminiscence odieuse d’une histoire qui n’apprenait pas de ses folies.
Lorsqu’il s’était cru tombé plus bas que terre, il avait découvert qu’il existait un cloaque à son existence : la famille Colvig.
Il aurait dû se douter de quelque chose de louche quand ils avaient surenchéri avec insistance pour l’avoir lui, comme s’ils plaçaient en ce garçon balafré des attentes inespérées. Il aurait dû se méfier, mais il ne pouvait pas savoir. Les Colvig venaient tout juste d’arriver en ville, en même temps que lui, et ils avaient besoin d’esclaves pour les servir. Tobias s’était attendu à des gens cruels, il avait l’habitude avec les Cyniks, et il n’avait pas été déçu. Les Colvig étaient des sadiques.
Celui qui dirigeait la « famille » prenait un malin plaisir à jouer de ce pouvoir nouveau pour lui. Et quand il avait reconnu Tobias sur la Grand-Place, il lui avait été impossible de ne pas l’acheter.
Colin. Le traître.
En le reconnaissant, Tobias avait eu un bref moment d’espoir. Il avait espéré que le garçon l’aiderait, avant de se souvenir que c’était lui qui avait commandé le vol du Testament de roche et la destruction du Vaisseau-Vie. Tobias avait fait profil bas, comme s’il ne savait rien.
Au début, Colin n’avait pas su comment s’y prendre avec lui, à la fois gêné et fier de son autorité nouvelle, comme s’il avait une quelconque vengeance à mener, une revanche à prendre. Puis il s’était laissé griser par le pouvoir, et Tobias avait été obligé de tout faire pour lui, laver, porter, éplucher, soulever, reluire, et surtout : obéir. Colin, tous les jours se moquait de sa position :
« Ah le héros d’Eden ! raillait-il. Il est beau le héros en bouffon de Colin ! Frotte, bouffon ! Tiens, astique mes bottes tant que tu y es ! Fais-les briller ou je te les mets dans les gencives ! »
Et aux insultes se mêlaient les coups. Une tape derrière la tête en passant, sans raison, un coup de poing dans l’estomac pour exercer son autorité, un coup de pied dans les flancs par pure méchanceté…
Tous les trois jours, l’un des hommes au service de Colin partait en ville et revenait avec un entraveur tout neuf qui venait remplacer l’ancien sur la nuque du jeune prisonnier, pour bien anesthésier son altération. On ne prenait pas de risques.
Cela avait été insupportable pour Tobias, au point que son inépuisable joie de vivre avait fini par le quitter. Loin de tous ses amis, entravé, il avait commencé à se résigner. Impensable pour un garçon comme lui. Entropia n’allait plus tarder à les engloutir et il était désespérément seul, probablement oublié de tous. Où étaient ses amis ? Morts ? Dispersés aux quatre coins du pays ? Prisonniers d’une famille Ozdult ? De toute manière, ils avaient tout perdu, c’était fini, il fallait voir la vérité en face. Tobias avait capitulé.
Jusqu’à la conversation.
Tobias avait remarqué que Colin jouait les mystérieux.Il s’isolait souvent dans une pièce à l’étage, son bureau où Tobias l’avait déjà surpris en train d’écrire des petits messages sur de minuscules bouts de papier. Tobias le soupçonnait d’entretenir une correspondance avec son maître. Son terrible maître. Parce que Colin était bien trop idiot pour avoir fomenté tout ça lui-même. Colin ne prenait pas de décision, il obéissait à un plan qui le dépassait, Tobias en était certain. Et il n’y avait qu’une personne pour manipuler son pion ainsi. Le Buveur d’Innocence.
Parfois aussi Colin sortait et filait dans la grange, celle où personne n’avait le droit d’entrer, pas même lui, Tobias le domestique. C’était le seul endroit qu’il ne devait pas nettoyer. Jamais. Colin s’y rendait surtout le soir, après avoir vérifié plusieurs fois qu’on ne le surveillait pas. C’était sans compter sur le regard attentif de Tobias derrière la minuscule fenêtre du renfoncement, sous l’escalier qui lui servait de chambre, ou plutôt de cellule.
Tobias ignorait ce qu’il allait y faire. Il n’y restait jamais très longtemps et en revenait avec un sourire extatique. Au début il avait imaginé les pires choses : la présence d’autres Pans esclaves, destinés à assouvir des besoins d’adultes immondes, mais on n’apportait jamais ni nourriture ni eau dans la grange. Alors il avait supposé que Colin y dissimulait un Tourmenteur. Un de ceux qui avaient débarqué en pleine nuit sur le Vaisseau-Vie, et qu’il le gardait avec lui comme une arme surpuissante, en cas de besoin. Mais nul ne pouvait ressortir d’une entrevue avec un Tourmenteur le sourire aux lèvres ! Non, ils étaient bien trop effrayants, ils buvaient la joie, cannibales de l’espérance, ça ne pouvait pas être ça. Alors quoi ?
Et puis hier avait eu lieu cette conversation entre Colin et un visiteur tardif, un cavalier épuisé et paniqué. Il avait parlé de l’imminence de l’invasion, de la nécessité de « cacher le trésor ». Tobias était en train de ranger la réserve de nourriture pour éviter de se faire frapper par Sam, le bras droit de Colin qui voulait que tout soit parfaitement ordonné, lorsqu’il avait surpris l’échange entre les deux protagonistes qui venaient de s’enfermer dans la cuisine sans savoir que le jeune serviteur était à l’affut. Tobias s’était plaqué contre la porte et avait tendu l’oreille.
– Ils arrivent quand ? avait demandé Colin la voix tremblante.
– C’est une question d’heures, je les précède à peine.
– Ils vont s’installer sur tout le territoire ?
– Oui. Il y en a des milliers, des dizaines de milliers. Le trésor est toujours ici ?
– Bien sûr ! J’attendais les instructions du maître !
– Les oiseaux sont de moins en moins sûrs, ils se font intercepter par les corbeaux de Ggl, c’est pour ça qu’il m’a envoyé. Il faut déplacer le trésor.
– Le déplacer ? Mais… si l’armée de Ggl prend possession de tout le pays, il ne sera en sécurité nulle part ! Le déplacer c’est prendre le risque d’être vu ! Vous imaginez ce qui se passera si Ggl met la main sur le trésor ?
– Oh oui, il n’aura plus besoin de nous ! Tous les humains deviendront inutiles et il nous rayera de la carte !
Tobias avait frissonné à cette idée. Enfin ! Ces idiots d’Ozdults s’étaient rendu compte qu’il n’y avait aucune alliance durable avec une force telle que Entropia.
– J’ai eu toutes les peines du monde à déjouer la surveillance des Tourmenteurs pour subtiliser le trésor, rappela Colin. Maintenant s’ils le récupèrent, la partie sera finie ! Je ne pourrai plus les piéger une seconde fois. Qu’est-ce que le maître veut faire ?
– Ggl a mis la pression sur le nouvel empereur. Je crois qu’il n’est pas dupe, mais il joue le jeu. Il veut qu’Oz lui livre le Cœur de la Terre qui lui manque.
– Il ne faut pas ! Qu’adviendra-t-il de nous tous une fois Ggl satisfait ?
Le visiteur nocturne avait ricané.
– À ton avis ? C’est pour ça que nous allons chercher le Cœur de la Terre, mais pas pour le lui donner. Le maître en fera meilleur usage ! Un contre-pouvoir, Colin ! Il faut toujours un contre-pouvoir !
– Mais pour ça il nous faut la carte ! Pour savoir où est ce fichu Cœur ! Et la carte, c’est Ambre ! Pour ce que j’en sais, elle a fui Castel d’Os avec sa bande, elle est dans la nature ou déjà morte !
– Le maître a son plan, fais-lui confiance.
– Il n’empêche ! Je continue de dire que déplacer le trésor, c’est prendre un trop gros risque ! Personne ne sait qu’il est ici sauf nous trois ! Pourquoi se mettre en danger ?
– Parce que Ggl ne restera pas sans rien faire. Ses armées investissent l’empire et elles ne vont pas attendre les bras croisés. Elles vont tout regarder, tout fouiller, tôt ou tard, elles trouveront le trésor, Bruneville n’est pas assez grande pour conserver un secret de cette ampleur. Le maître s’est entretenu avec Luganoff, le Maester de la cité Blanche, qui est bien conscient du danger qui plane sur nos têtes face à Ggl. Il a garanti que si on lui apportait le trésor, il pourrait le dissimuler. Sa cité est vaste et même les armées entropiques ne pourront tout retourner là-bas. Il faut te préparer, organiser un convoi de marchandises vers le sud et transporter le trésor dans un des chariots.
– À quel point peut-on avoir confiance en Luganoff ?
– C’est un faible, il a servi l’ancien empereur avec dévotion, il continuera. De toute façon, tu l’as dit toi-même, sans la carte, Luganoff ne pourra rien faire du trésor, et il ignore quel est le plan du maître.
– Je n’aime pas ça, avait soupiré Colin. Mais si ce sont les ordres… Je vais préparer le voyage.
Tobias avait compris.
Le Testament de roche était ici.
Dans la grange.
Cela avait suffi à réveiller l’esprit combatif du jeune homme. Si le rocher était ici, alors rien n’était perdu. Même sans Ambre et Matt, il restait encore un combat à mener. Tobias ignorait comment, ni même pourquoi, mais le péril Entropia ne devenait pas une fatalité.
Restait que, depuis cette conversation mystérieuse, Tobias n’avait pas beaucoup progressé dans l’élaboration d’un plan. Devait-il tout faire pour s’allier à Colin, au nom de la fraternité humaine contre Ggl ? Et comment convaincre Colin de l’écouter, de ne plus jouer à l’esclavagiste ? Non, c’était peine perdue. Colin avait basculé dans l’absurdité Cynik, abruti par le pouvoir facile. Au contraire, il fallait se jouer de lui et tout faire pour rassembler les Pans disséminés après le naufrage. Car il en avait vu beaucoup sur les plages ! Épuisés, hagards, mais vivants. Ils avaient fui aux premiers sabots de chevaux, se dispersant dans les dunes. Et Tobias n’avait vu qu’une petite partie du littoral… Mais il fallait aussi se rendre à l’évidence, le Testament de roche sans Ambre, c’était comme une boussole sans aiguille.
Tobias avait envisagé bien des scénarii pendant ces vingt-quatre heures, mais il n’avait pas pensé une seconde à celui qui s’invita au milieu de la nuit.
Alors même qu’il ne dormait pas, fouillant tous les recoins de sa cervelle pour trouver des solutions, ce fut la solution qui le trouva.
La porte de sa « chambre » s’ouvrit doucement, et pendant un instant, il crut que c’était Colin ou Sam qui venait, ivre, se passer les nerfs sur lui, avant de découvrir, incrédule, le visage de son amie.
Ambre.
Les deux compagnons demeurèrent un long moment serrés l’un contre l’autre, les yeux pleins de larmes. Ils avaient imaginé le pire, et même si ces retrouvailles n’étaient pas celles dont ils avaient rêvé, en pleine nuit, dans une maison ennemie, au milieu d’une ville occupée par Entropia, elles avaient la saveur de l’espoir qui renaît. De la force par l’union. De l’amitié profonde.
– Matt est là ? demanda-t-il enfin.
Ambre secoua la tête.
– Il n’y a que nous. Viens, il faut partir avant qu’on nous entende.
– Attendez, il faut passer par la réserve, c’est là qu’ils ont rangé mes affaires ! J’ai mon arc et mon sac ! J’ai réussi à les garder avec moi pendant le naufrage !
Tobias avait failli confier tout de suite ce qu’il savait mais à la réflexion, ce n’était pas le bon moment. Que pouvaient-ils faire de plus ? Le Testament de roche devait peser au moins une tonne. À moins d’utiliser le pouvoir du Cœur de la Terre, il était impossible de le transporter. Et si les Tourmenteurs étaient en ville ou tout proches, c’était une option qu’il ne fallait surtout pas prendre. L’Alliance des Trois l’avait déjà expérimentée : dès qu’Ambre usait du Cœur de la Terre, elle se mettait à briller aux yeux des Tourmenteurs comme un phare en pleine nuit. Non, la priorité était la fuite. Sauver leurs peaux.
Tobias fut tenté de passer par la chambre de Colin pour lui rendre la monnaie de sa pièce, mais il se ravisa aussitôt. Il n’était pas comme ça. Ce n’était pas bon. Mieux valait filer en douce et le faire enrager. C’était plus sûr et la vengeance n’en serait que meilleure.
Ils se glissèrent à l’extérieur de la maison après s’être assurés qu’aucune patrouille entropique ne passait à proximité, et ils filèrent de porche en arcade, de renfoncement en ruelle mal éclairée, le cœur battant, esquivant les petits groupes de silhouettes angoissantes qu’ils repéraient au loin. En passant à proximité d’une plaque d’égout, ils entendirent à nouveau des signes de vie provenant des tunnels. Il y avait du monde sous Bruneville.
Ils se recroquevillèrent dans les ombres en atteignant une esplanade qu’ils contournèrent en constatant que plusieurs formes suspectes guettaient sur les toits, et Elora stoppa Ambre en l’attrapant par le coude :
– Non, la sortie la plus proche est par là, au sud ! dit-elle.
– Je le sais, mais nous n’allons pas quitter la ville.
Tous ses camarades la fixèrent, médusés.
– Le jour va se lever dans à peine trois ou quatre heures, expliqua-t-elle, ils vont alors se rendre compte de notre disparition et leurs cavaliers n’auront aucune peine à nous pister.
– Mais on ne peut pas rester là ! s’exclama un peu trop fort Tobias.
Après avoir vérifié que personne ne s’approchait, Ambre répondit :
– Ils vont envoyer toutes leurs troupes hors des murs de la cité pour nous pourchasser, surtout quand ils découvriront que je leur ai volé les cartes de la région ! Le dernier endroit où ils penseront à nous chercher, c’est ici même.
– Et où veux-tu qu’on se cache ? demanda Ti’an. Certainement pas dans les égouts !
– Non, j’ai une meilleure idée. Venez, si je me souviens bien, nous y sommes presque.
Elle les entraîna à travers deux autres rues où aucune lanterne ne brûlait au-dessus des portes. C’était à la fois réconfortant pour se fondre dans l’obscurité et peu pratique pour s’assurer qu’aucune créature immonde n’attendait, tapie dans la nuit. Puis elle ralentit à l’approche d’une palissade clouée à la va-vite. Là elle chercha à se frayer un chemin et, n’en trouvant pas, avec l’aide de Ti’an elle parvint à arracher le bas d’une des planches pour improviser un passage vers le terrain vague. Ils étaient entre deux petits immeubles, sur une propriété en friche, au milieu d’arbres tordus. Un peu plus loin, la façade d’une église se dessinait dans la nuit, son fier clocher perçant la pénombre malgré les bardeaux qui aveuglaient ses vitraux.
– Une église ? s’étonna Tobias. T’es sûre que c’est une bonne idée ?
– Manifestement ils en ont peur. C’est le seul endroit où nous pourrons nous cacher quelques jours, le temps qu’ils abandonnent les recherches.
Le groupe fit le tour de l’édifice en quête d’une ouverture qu’ils trouvèrent par le biais d’une trappe qui descendait vers la crypte. De là, ils purent remonter par un mince passage vers le chœur où flottaient des nappes de poussières.
Ambre alluma une bougie et la leva au-dessus de sa tête.
Les vitraux multicolores captèrent quelques reflets, faisant apparaître des yeux, des mains crucifiées, et même la queue d’un dragon…
Tobias se rapprocha d’Ambre.
Il n’était pas très rassuré. Après tout, si les Ozdults avaient soigneusement barricadé cet édifice, il devait y avoir une bonne raison.
– Voilà notre nouvelle maison, chuchota Ambre, presque religieusement.
La charpente craqua au même moment, comme pour leur souhaiter la bienvenue.
Ou pour protester ! pensa Tobias.
Des piles de petites bibles attendaient un peu partout sur les bancs, traces émouvantes de tous les croyants qui s’étaient amassés ici pendant la Tempête pour prier leur dieu de sauver leur âme.
– Trouvez-vous un endroit pour dormir, suggéra Ambre, nous allons y passer pas mal de temps.
Tobias vit Elora, Ti’an et Chris se disperser en quête d’un nid douillet, et il songea que ce n’était vraiment pas une bonne idée.