Petite aiguille sur le 11, grande aiguille sur le 3

Les rideaux s’affolèrent tels des oiseaux qui s’envolent en un tourbillon quelques instants avant que n’éclate l’orage.

Puis la fenêtre s’ouvrit d’un coup.

La vitre se brisa, comme si un monstre invisible l’avait traversée pour entrer dans la chambre. Une pluie de milliers d’éclats de verre se déversa sur le lit.

Malone n’eut que le temps de se protéger le visage avec ses deux mains. Juste le temps de voir, entre son index et son majeur collés à ses yeux, son doudou lui tendre sa patte, avant d’être lui aussi emporté par l’immense courant d’air.

Impossible de décoller les paumes de sa figure. Impossible de l’aider.

Gouti disparaissait déjà. Deux autres mains se tendaient, sans qu’il puisse davantage les attraper. Celles de maman. Elles étaient rouges.

Elle aussi s’éloignait, en tournant sur elle-même, de plus en plus vite, aspirée par le vide.

Malone hurla.

Il voulait basculer, lui aussi. Rejoindre Gouti et maman, dans le noir. Au-delà du vent.

Deux bras le retinrent.

— C’est fini, mon chéri. C’est fini. Maman est là.

Malone était trempé de sueur. Il s’accroupit dans son lit et laissa Maman-da le bercer, doucement, longuement, et le recoucher enfin.

— C’est juste un cauchemar, mon chéri. Rendors-toi. Juste un cauchemar.

Déjà, les lourdes paupières de Malone retombaient.