ANNEXE 1
Polybe, dans le livre III de son Histoire générale, présente trois traités signés entre Carthage et Rome hors ceux concluant les trois guerres puniques : un datant de 509, Polybe, III, 22, et les deux autres donc de 348 et de 279.
A. Premier traité (509)
« Entre les Romains et leurs alliés d’une part, les Carthaginois, les habitants de Tyr, d’Utique et leurs alliés de l’autre, il y aura paix et amitié aux conditions suivantes : Les Romains s’abstiendront de faire du butin, de trafiquer ou de fonder une ville au-delà du cap Beau [Bon], de Mastia et de Tarséiôn. Si les Carthaginois s’emparent, dans le Latium, d’une place qui ne soit pas sujette de Rome, ils garderont l’argent et les prisonniers, mais remettront la place aux Romains. Si les Carthaginois prennent quelque citoyen d’un peuple qui soit en paix avec Rome de par un traité formel, mais sans lui être soumis, ils ne le débarqueront pas dans un port romain ; s’il y est débarqué et qu’un Romain mette la main sur lui, il sera remis en liberté. Les Romains, de leur côté, observeront les mêmes réserves. Si un Romain prend de l’eau ou des vivres dans une contrée soumise aux Carthaginois, il ne s’en servira pour porter tort à aucun ami ou allié de Carthage. Si cette clause est transgressée, on ne devra pas se faire justice soi-même ; si quelqu’un le fait, la nation entière sera rendue responsable de ses actes. Les Romains ne pourront ni trafiquer ni fonder une ville en Sardaigne ou en Afrique ; ils n’y aborderont que pour prendre des vivres ou radouber leurs vaisseaux ; si une tempête les y pousse, ils en repartiront dans les cinq jours. A Carthage et dans la partie de la Sicile où s’exerce la domination des Carthaginois, ils auront le droit d’agir et de trafiquer comme les citoyens. Il en sera de même pour les Carthaginois à Rome. »
B. Deuxième traité (348)
« Entre les Romains et leurs alliés d’une part, les Carthaginois et leurs alliés de l’autre, il y aura paix et amitié aux conditions suivantes : Les Romains et leurs alliés ne navigueront pas au-delà du cap Beau [Bon], à moins d’y être poussés par la tempête ou chassés par leurs ennemis ; s’ils le dépassent en cas de force majeure, il ne leur sera permis d’acheter ou de prendre que ce qui leur sera nécessaire pour radouber leur vaisseau ou pour faire un sacrifice. Les marchands pourront trafiquer à Carthage, mais aucun marché ne sera valable s’il n’a été conclu par l’intermédiaire du crieur public et du greffier. Pour tout article vendu en leur présence, la foi publique sera garante à l’égard du vendeur ; il en sera ainsi pour les marchés conclus en Afrique et en Sardaigne. Si un Romain aborde dans la partie de la Sicile soumise à Carthage, tous ses droits seront respectés. Les Carthaginois ne feront aucun tort aux habitants d’Ardée, d’Antium, de Laurentium, de Circée et de Terracine, ni à aucun autre des Latins sujets de Rome ; ils s’abstiendront d’attaquer les villes non sujettes des Romains et, s’ils en prennent une, ils la remettront aux Romains sans lui causer aucun dommage. Ils ne bâtiront aucun fort dans le Latium ; s’ils débarquent en armes sur les terres des Latins, ils n’y passeront pas la nuit. »
C. Troisième traité (279)
« Si l’un ou l’autre des deux Etats fait alliance avec Pyrrhos, il devra spécifier par écrit cette condition : il leur sera permis de se venir en aide mutuellement, si l’un des deux est attaqué sur son territoire ; quel que soit celui des deux qui ait besoin de secours, c’est Carthage qui fournira les vaisseaux et pour le transport et pour les combats ; mais chaque pays paiera la solde de ses troupes. Les Carthaginois porteront secours aux Romains même sur mer, en cas de besoin, mais les équipages ne seront jamais obligés de débarquer, s’ils s’y refusent. »