Murmures d'assentiment dans la foule, comme il se devait. Blade dut reconnaître que le Khad n'était pas mauvais comédien. Il attendit que le silence se fasse avant de proclamer :

Sadda désire épouser ce Blade! Quand il sera libre, bien sûr, car aucune princesse mong ne peut épouser un esclave! Que pensez-vous de cela?

Blade, qui guettait la réaction de Rahstum et du nain les vit échanger un regard puis se tourner vers lui. Leurs visages impassibles ne lui apprirent rien.

La tente bourdonnait comme une ruche. Tout le monde dévisageait Sadda et Blade. Il eut l'impression que certains n'étaient pas très étonnés.

Et maintenant la folie flamba dans l'œil du Khad. Son sourire évoqua la grimace d'un singe charognard.

J'autoriserai ce mariage, dit-il. Je te libérerai, Blade, de ton collier. Une fois que la ville des Caths de la Mer sera prise, et après que tu auras contribué à l'emporter! Et tu joueras un rôle important, car je veux que tu sois en première ligne!

Blade s'inclina.

C'est un grand honneur pour moi, grand Khad. Je m'efforcerai de ne pas te décevoir.

Le Khad gronda en désignant sa sœur :

Fais en sorte de ne pas la décevoir, elle! Je sais que tu es un grand guerrier, Blade, du moins on me le répète. Et je t'ai vu vaincre Cossa, alors ce doit être vrai. Mais demain nous verrons si ta victoire sur mon champion n'a pas été un coup de chance!

Rahstum, sans regarder Blade, prit la parole :

Une sage décision, Seigneur. Mais je réclame aussi une faveur. Que ce Blade combatte avec mes hommes et moi, et en première ligne comme tu dis. Je saurai le mettre à l'épreuve comme il ne l'a jamais été.

Qu'il en soit ainsi, déclara le Khad. Et quand la ville sera tombée, ce qui ne se fera pas sans grands combats, alors nous trouverons d'autres épreuves pour Blade. Celui qui aspire à épouser ma chère sœur doit prouver qu'il est un homme supérieur aux autres.

Blade comprit que le Khad entendait le faire mourir.

A ce moment un guerrier fit irruption sous la tente. Il portait quelque chose, une espèce de grand parchemin plié, sombre, imprégné de sang qui gouttait sur les riches tapis. Le Khad fronça les sourcils.

Que me veux-tu? Et où est mon courrier? Il devrait être revenu depuis longtemps!

Le guerrier avança les mains et laissa le parchemin se dérouler.

Le courrier est revenu, votre grandeur. Le voici... Ce que les Caths de la Mer ont renvoyé de lui.