Les Mongs montaient sans étriers. Le messager fit un bond léger et se retrouva debout sur sa selle, en parfait équilibre. Il mit ses mains en porte-voix et cria, la tête levée vers le sommet de la tour :

Caths! Soldats de la province de Serendip, de la terre de Cath, et plus spécialement à l'impératrice Mei et à ses officiers, le Khad Tambur fait cette proposition. Écoutez bien, car c'est le Khad Tambur qui parle par ma voix. Le Khad Tambur qui est le Fléau du Monde et le Secoueur de l'Univers!

Un des soldats éclata de rire et répliqua :

On t'écoute, pantin ! Cesse de faire du bruit et dis-nous ce que tu as à dire! Et puis file avant que je traverse d'une petite flèche ta minuscule carcasse!

Un officier frappa l'homme qui recula en marmonnant. Le messager reprit :

Le grand Khad Tambur a de nombreuses oreilles dans vos murs...

Lali, qui avait éperonné son cheval pour rejoindre Blade fronça les sourcils et murmura :

C'est assez vrai. Des espions!

Blade lui cligna de l'œil et lui posa une main sur le genou.

Tais-toi, Lali, s'il te plaît. Je veux entendre ce que ce sacripant a à nous dire.

Elle lui lança un coup d'œil furieux. Il lui avait déplu de le voir partir en la laissant seule.

Le grand Khad a appris qu'un étranger est parmi vous. Un homme nommé Blade, qui est un capitaine et un courrier venu de Pukka, envoyé par Pukka pour savoir pourquoi vous ne pouvez pas vaincre les Mongs. Ce sir Blade est arrivé il y a trois

semaines en secret, à la nuit. N'est-ce pas vrai, Caths?

Blade et Lali échangèrent un regard. C'était précisément le mensonge qu'ils avaient inventé pour expliquer la présence de Blade. Le Khad Tambur semblait posséder un bon réseau d'espionnage.

Richard Blade obéit à une impulsion, qui était inévitable. S'il avait gardé le silence, il n'aurait pu être Richard Blade. Lali, devinant ce qu'il allait faire, lui saisit le bras. Mais Blade se dégagea et poussa sa monture plus près du créneau.

C'est vrai! hurla-t-il. Je suis sir Blade. Et alors ?

Le guerrier nain le dévisagea d'en bas, un large sourire amical fendant sa figure. Il avait un petit nez camus et des yeux rapprochés, noirs et pétillants. Sa peau était basanée et, contrairement à la plupart des Mongs, il était rasé de près. Il brandit vers Blade la lance à la queue de cheval.

Je t'apporte le salut du grand Khad Tambur, sir Blade. Je vois que tu es bien tel que l'ont rapporté les espions. Tu es un géant et tu accepteras donc sûrement la proposition du Khad…