Le petit Mong plaisait assez à Blade. II lui répondit en riant :

— Quelle proposition, petit homme? Je t'écoute!

Derrière lui, il entendit les murmures de Lali et

des officiers. Ils n'aimaient pas ce qu'il faisait.

Le nain dansa lestement sur sa selle.

— Si tu acceptes d'affronter en combat singulier le champion du Khad, là devant cette muraille en un lieu qui sera désigné, le Khad s'inclinera devant son issue. Si toi, sir Blade, tu remportes la victoire sur son champion, le Khad promet de s'en aller et de ne jamais plus revenir. Mais si tu perds, sir Blade, le grand canon devra être remis au Khad.

Derrière Blade, les murmures enflèrent. Il leva une main et cria au nain :

— Un instant. Tu auras ma réponse.

Il fit tourner bride à son cheval, s'éloigna des créneaux et mit pied à terre. Lali était entourée d'officiers silencieux. Seul Queko osa parler :

— Pourquoi pas, majesté? Il faut faire quelque chose et ceci est peut-être la solution. Sûrement sir Blade est capable de tuer n'importe quel Mong que l'on enverra contre lui. C'est un géant et ils sont tous petits. Et il sait bien manier les armes, avec une grande adresse. Nous l'avons tous constaté.

Lali était en proie à une telle rage qu'elle cravacha Queko.

— Je ne le permettrai pas! Je n'y consentirai jamais! Sir Blade est trop précieux pour risquer pareille folie! Je dois l'avoir à mes côtés. J'ai besoin de ses conseils. Il est venu expressément de Pukka pour cela. Non, non et non!

Blade écarta le cercle d'officiers en se disant que le moment était venu de tenir tête à Lali devant témoins. Mais il devait le faire adroitement. Il avait un plan.

— Je dis oui, Lali! C'est enfin une occasion de nous débarrasser des Mongs! Queko a raison, je peux battre n'importe lequel d'entre eux.

En combat loyal, il n'en doutait pas un instant. Il connaissait des tours et des coups que les Mongs n'avaient jamais imaginé. Pas plus que les Caths, d'ailleurs.

— Tu ne comprends pas, sir Blade! Le Khad

Tambur ne tiendra pas parole, même si tu gagnes. Rien ne sera changé. Et si tu perds...

Un des officiers, plus hardi que les autres, rit et déclara :

— Si sir Blade est vaincu nous ne tiendrons pas parole non plus. Nous ne leur donnerons pas le canon.

Quelques rires nerveux. Lali les dévisagea avec colère et le silence se fit. Elle effleura le bras de Blade.