CHAPITRE VI

A cheval, Blade sortit de la porte centrale de la muraille dans la plaine ensoleillée. Des milliers de Caths se massaient au pied des murs. Au sommet de la haute tour, entourée de ses officiers, Lali siégeait sur son trône. Les Caths étaient bruyants.

En face, les Mongs se taisaient. Ils formaient une longue ligne sombre et compacte en travers de la plaine, devant leur camp. Une des tentes noires avait été avancée et se dressait devant les autres. Devant elle, sur un trône à grand dossier et entouré d'étendards, une silhouette difforme se vautrait, le Khad Tambur, Secoueur de l'Univers.

Blade poussa son cheval gris jusqu'à la lance plantée dans le sable noir. A son extrémité pendait une queue de cheval. Il attendit. Le champion du Khad était en retard.

Dès le lever brutal du soleil, le messager nain de la veille était revenu, pour mettre au point les détails de la rencontre et, encore une fois, Blade s'était senti curieusement attiré par le petit gredin. Et juste avant de le quitter, le nain, le regard grave au-dessus de son sempiternel sourire, lui avait murmuré quelques mots énigmatiques :

Prends garde au sol, sir Blade.

C'était un avertissement, mais contre quoi? A présent, en attendant l'homme qu'il avait l'intention de tuer, Blade examinait la plaine. Il n'y voyait rien d'insolite. Simplement de la terre aride parsemée de petits rochers épars et recouverte de sable noir. Il avait beau chercher, il n'y voyait pas le moindre péril.

Un cavalier quitta les rangs des Mongs et galopa vers lui. Blade fit tournoyer au-dessus de sa tête sa masse d'armes, pour détendre ses muscles. C'était une arme qu'avaient fabriquée les armuriers de Cath sur ses indications, munie d'un court manche de bois, formée d'une longue chaîne au bout de laquelle était fixée une boule de fer hérissée de pointes de jade acérées comme un rasoir. Une arme redoutable, dont Blade savait bien se servir.

En plus de la masse, il portait un bouclier carré et un glaive court. La dague qu'il avait prise à Lali le premier soir était glissée dans sa ceinture. Il avait choisi le cheval gris dans les grandes écuries de la ville et l'avait fait caparaçonner de soie matelassée épaisse.

Le cavalier, poussant des cris affreux, galopait maintenant autour de lui. Blade, très calme, tenait son gris bien en main et le faisait pivoter pour faire constamment face au danger. Le guerrier Mong ne semblait pas pressé. Il se rua sur Blade mais à vingt mètres de lui il arrêta son cheval si brutalement que l'animal se cabra. Et il menaça Blade de sa lance en hurlant :