CHAPITRE XI
Blade fut arrêté le lendemain matin. Six des hommes de Rahstum vinrent le chercher. On lui permit de garder sa dague de bois et son fouet et, avec de gros rires, on le poussa brutalement à la pointe des lances. Il ne vit pas trace de Sadda.
Blade fut conduit dans une petite tente de garde près de l'enclos impérial du Khad. On l'y enferma en lui ordonnant d'attendre en silence. Quelques instants plus tard Rahstum entra. Durant une minute il ne dit rien, se contentant d'observer Blade de ses yeux gris rusés, en jouant avec sa chaîne d'argent. Les queues de cheval de son rang dansèrent à ses épaules quand il se mit à marcher de long en large. Enfin il fit demi-tour, face à Blade.
— Vous avez parlé à Baber? Le nain est allé vous voir?
— Oui aux deux questions, capitaine.
Du respect sans servilité, pensait Blade. A la vérité, il éprouvait pour cet homme un respect réel. Rahstum se lissa sa barbe et fronça les sourcils.
— Je serai bref. Je prends le risque de cette entrevue uniquement parce que le Khad est... occupé ailleurs.
On ne pouvait se méprendre sur le dégoût que lui inspirait le Khad. Blade hocha la tête.
— J'ai entendu parler de cela.
Les dents blanches du capitaine brillèrent dans sa barbe.
— Vous voyez et vous entendez sûrement beaucoup de choses, Blade, et vous ne les oubliez pas. Je vous ai observé. Vous jouez assez bien l'esclave mais vous ne m'abusez pas. Peu importe. Êtes-vous avec moi dans cette affaire?
Il était temps de marchander un peu, et de faire preuve d'une certaine audace.
—- Si vous parlez de tuer le Khad, répondit-il en baissant la voix, je suis avec vous. C'est une bonne chose. Mais mon avenir? Que retirerai-je de tout cela?
Les yeux du capitaine se plissèrent.
— Ce que vous désirez le plus au monde, Blade. La liberté! Et une situation enviable. Vous serez mon lieutenant. Et si jamais votre rançon arrive (Rahstum souriait, et insistait sur le si) vous aurez le droit de retourner chez les Caths. Mais je ne le souhaite pas. Je vous ai vu tuer Cossa et j'ai besoin d'un guerrier tel que vous. Il y a aussi un mystère chez vous, Blade, qui m'intrigue. Mais il suffit. Vous êtes avec moi ?
— Oui.