Le Khad, monté sur Tonnerre, précédait le cortège entouré de sa garde personnelle armée de lances où pendaient des queues de cheval. Derrière le Khad venait Sadda, parfois à cheval, parfois dans son chariot. Elle en avait vingt autres pour sa suite de femmes et d'esclaves.

Derrière Sadda, c'était le chariot de Rahstum et ceux de ses hommes, puis les simples capitaines, les soldats et enfin les chariots-prisons et ceux des prostituées.

Blade, en les regardant passer, se demanda si le nain avait un chariot personnel. C'était probable mais Blade ne l'avait jamais vu et ne savait quelle place il occupait dans la caravane. Il y avait d'ailleurs longtemps qu'il n'avait pas vu Morpho.

A un kilomètre derrière les chariots venait l'immense troupeau de chevaux et de poneys, au moins cinq mille têtes, surveillé nuit et jour par des Mongs qui ne faisaient pas autre chose que de s'occuper des montures, les protéger et les abattre selon les besoins. Ils étaient aidés par plusieurs meutes de chiens maigres à l'air féroce parfaitement dressés.

La sixième nuit, Sadda fit mander Blade. Il avait maintenant son propre chariot. Il se baigna, se parfuma et après le repas du soir il alla la rejoindre. La nuit était froide et des étoiles glacées brillaient autour d'une demi-lune. Les feux des Mongs, dispersés sur la plaine qui commençait à devenir un désert, concurrençaient les étoiles par leur nombre et leur éclat. Au loin, du côté du troupeau, un singe charognard cria.

Le chariot de Sadda était immense et luxueusement aménagé. Un garde se tenait près de l'escalier démontable, à l'arrière. Il salua ironiquement Blade mais ne l'insulta pas. Les gardiens, tous ceux qui étaient proches de Sadda, avaient remarqué la faveur nouvelle dont il jouissait et leur attitude avait changé. Il savait qu'ils le méprisaient toujours, le considéraient comme un esclave, le jouet d'une femme, mais n'osaient plus le railler ouvertement.

Sadda l'attendait, nue sur sa couche. Une chandelle faisait luire sa peau dorée ointe d'huile parfumée. Elle lui tendit les bras et il se pencha pour l'embrasser. Au début, elle refusait tout baiser parce qu'il n'était qu'un esclave, mais depuis qu'une nuit, dans la frénésie de sa passion, elle l'avait, embrassé et y avait pris goût elle l'autorisait et l'exigeait même.

Lorsqu'elle eut assez de ses baisers, elle le caressa, joua un moment avec lui, passant ses longs doigts dans sa barbe luxuriante toujours bien taillée par Baber. Elle lui pinça le nez, par jeu.

Tu m'as manqué, Blade. Déshabille-toi et fais- moi l'amour!