— Votre mari est bien mort. J'ai pris son armure et on m'a transporté dans ce temple. Je ne savais où aller et j'ai pensé que j'y serais en sécurité pour le moment. Je ne puis vous expliquer que cela. Plus tard, je vous dirai tout. Maintenant, j'ai besoin de votre aide, d'un abri, de nourriture, de vêtements, et d'une raison d'être afin de ne pas être soupçonné et tué.

Les yeux d'émeraude se plissèrent et elle lui dit une chose surprenante :

— Cette armure vous va bien. Vous avez plus l'air d'un homme que ne l'a jamais été Mei Saka.

— Vous êtes trop aimable, fit Blade avec une pointe d'ironie. Voulez-vous m'aider? Et me faire confiance en tout, surtout quand je vous dis que je ne veux aucun mal à vous ni à Cath?

— J'aurai confiance. Je vous aiderai. Laissez-moi me lever maintenant, étranger, et n'ayez plus jamais l'audace de me toucher!

Elle faillit bien réussir. L'oreille de Blade était fine et pourtant il n'avait pas entendu approcher la patrouille. Elle, si. Elle se redressa, laissa retomber ses jambes de l'autel et le regarda avec un curieux petit sourire. Ce fut uniquement grâce à un sixième sens extraordinairement développé, et parce qu'il vit se contracter les muscles du cou de l'impératrice qu'il put agir à temps.

Il bondit et lui plaqua la main sur la bouche comme elle allait crier. Elle le repoussa, se débattit avec une force étonnante et prit son élan pour un nouveau cri. Blade avait été déséquilibré, en la rabattant sur l'autel, et il prévint ce second cri le plus rapidement qu'il le put. En l'étouffant avec sa bouche.

Dès que leurs lèvres se touchèrent, elle cessa de se débattre. Son corps s'amollit, les bras ballants, sa tête retomba de côté et sa bouche resta inerte. Blade, qui avait simplement voulu la réduire au silence, se mit à l'embrasser. Il était incapable de s'en empêcher, de s'arrêter. Si la patrouille était réellement entrée dans le temple et l'avait piqué de ses lances, il n'aurait pu interrompre ce baiser.

Au début, ce fut comme s'il tombait indéfiniment dans un puits écarlate parfumé. Un puits rouge et humide qui aspirait sa bouche et l'entraînait dans d'incommensurables profondeurs. Il avait embrassé mille femmes, mais jamais aucune de cette façon. Des inconnus se rencontraient et les éclairs jaillissaient.

Pendant un long moment, elle ne réagit pas. Pas plus qu'elle ne chercha à lui échapper. Elle se laissa embrasser, et dans la passivité, son propre désir grandit. Elle l'enlaça. Leurs bouches toujours collées, Blade la souleva et l'allongea sur l'autel. Les lèvres de l'impératrice s'animaient à présent et sa langue était un démon séducteur. Puis le démon cessa de séduire pour attaquer. La petite langue pointue prit sa bouche d'assaut, la fouilla, la posséda, elle le mordilla, elle chercha à le dévorer.