Quand, quittant la place du Palais, Alhadji Guidado se dirigea vers la concession des Traoré, il était chargé d’une mission de grande importance. Chacun le savait, ce qu’El-Hadj Omar haïssait le plus, c’était la tolérance de l’islam vis-à-vis du fétichisme, le mélange de l’islam et des rites fétichistes. Or il y avait un bon moyen de lui prouver que le Macina ne tolérait pas plus que lui pareille pratique et ne prenait pas les choses à la légère. Tiékoro Traoré avait été un saint, un martyr de la vraie foi. À présent son tombeau se trouvait au milieu d’une concession d’incroyants, à deux pas de cases aux autels inondés de sang, dans les vapeurs délétères de plantes aux pouvoirs magiques. On disait qu’un musulman venu de Bakel pour demander d’en faire un lieu de pèlerinage pour les croyants avait attendu pendant plus de six mois une réponse mitigée. Eh bien, tout cela allait changer ! Dans un grand déploiement de forces, on allait briser les cases aux autels et établir la tombe de Tiékoro Traoré dans la prééminence qu’elle aurait toujours dû avoir. S’il fallait abattre des cases autour d’elle afin qu’elle se détache comme un lys dans une broussaille d’orties, les tondyons s’en chargeraient.
En même temps, Alhadji Guidado haïssait cette mission. Hypocrisie des hypocrisies ! Voilà que le Macina d’Amadou Amadou pratiquait la muwalat avec le royaume du Mansa Demba pour avoir accès à la fortune qu’il possédait. Aussi le verset du Très-Haut le condamnait tout spécialement : « O vous qui croyez, ne prenez point pour affilié un peuple contre lequel Allah est courroucé… »
Ô Amadou Amadou, indigne fils de son père Amadou Cheikou, ennemi des mécréants, ami d’Allah, qui craint Allah !
Alhadji Guidado se trouva devant la concession des Traoré et, impressionné malgré lui, admira la façade décorée de nervures en relief, mise en valeur par l’alternance des décorations murales colorées de rouge ou de blanc de kaolin. Ah, ils savaient bâtir, ces gens-là !
Alhadji Guidado entra dans la première cour, suivi de son fils, de quelques dignitaires peuls et de nombreux tondyons, et se trouva nez à nez avec un beau vieillard qui se présenta avec détermination :
— Je suis Tiéfolo Traoré, fa de cette demeure !
Tiéfolo portait une courte chemise faite de deux bandes de coton teintes en rouge, attachée sur les côtés par trois cordelettes, un cache-sexe de cuir décoré de cauris, une haute coiffure à armature de peaux de bêtes entièrement recouverte de cauris et de gris-gris de toutes sortes. Le plus frappant, c’étaient les colliers et la ceinture de queues de bêtes qui agrémentaient sa poitrine et ses bras tandis qu’un arc et un énorme carquois rempli de flèches étaient suspendus à son épaule gauche. Alhadji Guidado regarda tout cela avec dégoût. Il se doutait bien que Tiéfolo ne s’était pas vêtu ainsi par hasard et qu’un tel étalage de gris-gris n’était pas gratuit. Il dit sèchement :
— Je suis envoyé par Allah. Laisse-moi faire mon devoir…
— Qui est Allah ?
Certes Alhadji détestait la mission dont il était chargé. Néanmoins, il était un musulman austère et convaincu. Il n’allait pas laisser mettre en dérision le nom de Dieu, surtout que des femmes, des enfants et des hommes étaient sortis en foule des cours intérieures pour regarder son affrontement avec le fa. La tranquille impertinence de ce dernier, qui feignait d’ignorer le nom d’Allah, le mit en rage. Il marcha sur lui et l’apostropha :
— Impie, courbe-toi devant le seul vrai Dieu !
Ce qui se passa ensuite n’est pas clair. Les Traoré prétendirent qu’Alfa Guidado accompagna ces mots d’une forte bourrade. Tiéfolo, se sentant insulté, mit la main à son carquois. Alors les tondyons se jetèrent sur lui et le renversèrent. Les Peuls affirmèrent au contraire que Tiéfolo cracha au visage d’Alhadji qui, ne pouvant supporter cette offense, donna l’ordre aux tondyons de s’emparer de son adversaire qui, tentant de se dégager, tomba par terre. Toujours est-il que pendant quelques instants Tiéfolo resta cloué sur le sol en faisant pour se relever des mouvements que la fureur rendait plus malhabiles encore. Il parvint à s’agenouiller et à étreindre les pans du caftan de soie blanche d’Alhadji. En même temps, ses lèvres s’écartèrent comme s’il allait parler. Mais il ne prononça aucun son et retomba par terre. Inanimé.
Un silence total régna pendant quelques instants. Ni les membres de la famille Traoré, ni les Peuls de Macina, ni les marabouts royaux et les tondyons qui les accompagnaient n’osèrent bouger. Puis la bara muso de Tiéfolo s’approcha de son mari. Il était tombé sur le côté, la face dans la boue de la concession. Elle le retourna et l’on vit son visage crispé, un peu de bave moussant à ses lèvres, aussi rouges que si on les avait teintes au ngalama. La bara muso hurla :
— Allah a tué mon mari !
Le cri galvanisa tous les hommes de la famille. Même ceux qui secrètement s’étaient convertis à l’islam ou envisageaient de le faire, car ils avaient envie d’être admirés des femmes en écrivant à leur tour sur des tablettes, prirent des armes improvisées, gourdins, pierres, flèches. Cela pouvait-il tenir en échec les tondyons armés de fusils ? En un rien de temps, ils furent alignés contre le mur des cases cependant que des gueules noires et circulaires se pointaient sur eux. Sans un regard pour le cadavre de Tiéfolo, Alhadji Guidado et quelques dignitaires peuls marchèrent vers la dernière cour où, ils le savaient à présent, se trouvaient les cases aux autels. Ils déchiquetèrent les boli, renversèrent le pembélé, dispersèrent les pierres rouges, brisèrent les poteries qui contenaient le souffle des défunts de la famille, attendant la naissance d’enfants qui leur permettraient de se réincarner. Puis, ils libérèrent la volaille blanche que l’on tenait enfermée dans un enclos en vue de sacrifices au dieu Faro.
Alfa Guidado restait effondré à côté du corps de Tiéfolo. Pas un instant auparavant, il n’avait mis en doute sa foi. Il n’avait jamais vécu que pour Allah et par Allah. Il était capable de rester quarante-huit heures sans manger ni boire. Il considérait cet acte de chair auquel le condamnait sa condition d’homme marié, puisqu’il n’avait pas répudié Ayisha comme une souillure et priait dès qu’il ouvrait les yeux. Et pourtant ce cri : « Allah a tué mon mari ! » résonnait dans sa tête. Brusquement il comprenait qu’il n’y a point de dieu universel, que chaque homme a le droit d’adorer qui lui plaît et qu’ôter à un homme sa foi, pierre angulaire de sa vie, est le condamner à la mort. Pourquoi Allah valait-il mieux que Faro ou Pemba ? Qui en avait décidé ainsi ?
Des larmes ruisselèrent sur son visage. Il appuyait son front sur le torse de Tiéfolo comme si lui aussi avait été privé de père, pareil aux orphélins de la concession qui commençaient de réaliser leur malheur. Olubunmi qui par extraordinaire n’avait pas accompagné Mohammed sur la place du Palais vint s’agenouiller à côté de lui. Puis à deux, en pleurant, ils soulevèrent le corps et le portèrent dans sa case.
Tiékoro ressemblait à un arbre tombé alors que la sève l’irrigue encore, que son feuillage ne manque pas d’éclat et que son panache s’étend orgueilleusement. Peu à peu, la paix de la mort s’était posée sur ses traits. Il ne restait plus sur ses lèvres qu’une croûte blanche que bientôt les femmes procédant à la toilette mortuaire laveraient avec de l’eau chaude aromatisée de basilic. Tiéfolo ayant été un des plus grands chasseurs de sa génération, les esclaves couraient aux quatre coins de Ségou pour annoncer son décès à toutes les confréries de chasseurs. Des karamoko et des élèves, avertis de la nouvelle, et surtout des circonstances de cette mort, arrivaient en hâte, déchargeant leurs fusils en attendant de les tourner contre les Peuls, coupables de tout le mal. Les femmes de la famille et du voisinage, hormis les épouses de Tiéfolo, avaient commencé de hurler. Déjà s’organisait le vacarme de la mort.
Mohammed entra comme un fou dans la concession au moment où Olubunmi et Alfa sortaient de la case de Tiéfolo. Sans un mot, les trois jeunes gens s’étreignirent. Mohammed et Alfa se retrouvaient. Ils se serraient l’un contre l’autre comme un couple d’amoureux qui a failli se perdre. Ils avaient appris en peu de temps toute l’horreur du fanatisme religieux avec celle des tractations pour le pouvoir qui souvent se dissimulent derrière lui. Il semblait à Alfa que la vision de son père profanant les autels des Traoré ne s’effacerait jamais de son esprit. Dieu est amour. Dieu est respect de chacun. Ah non, Alhadji Guidado ne servait pas Dieu. Il n’était que l’instrument de l’ambition terrestre d’Amadou Amadou et cela, il ne le savait pas.
Pendant ce temps, le conseil de famille se réunissait. Certes, il était trop tôt pour désigner le successeur de Tiéfolo à la responsabilité de fa, même si on savait que ce rôle incomberait à son frère cadet. Mais il importait de venger sa mort et de présenter des revendications au Mansa. Il fallait exiger réparation de ces Peuls qui étaient entrés dans la concession comme en pays conquis. Certains hésitaient. Fallait-il attendre l’inhumation de Tiéfolo ? N’était-ce pas lui manquer de respect que de distraire le temps qui était dû aux cérémonies funéraires ? D’autres affirmaient au contraire qu’il fallait agir sur-le-champs. Ces derniers l’emportèrent. Un cortège quitta donc la concession qui comprenait des frères du défunt, les aînés de ses fils, des maîtres chasseurs de ses amis. Mohammed, Olubunmi et Alfa fermaient la marche. Ce n’était pas sans mal qu’ils avaient fait accepter leur présence : on les trouvait trop jeunes.
Cependant, quand tout le monde atteignit la place du Palais sur laquelle fumaient encore les derniers boli, on entendit résonner le grand tabala royal. Le Mansa Demba était mort.
Généralement, à la mort du Mansa, le royaume est orphelin. Ce ne sont que chants funèbres, lamentations, pleurs. Outre les grandes cérémonies publiques, chacun égorge un chevreau avant d’aller défiler devant la dépouille exposée dans le premier vestibule du palais. C’est la désolation.
La mort de Demba fit une exception à cette règle et eut presque un caractère de réjouissance populaire. Pour tous les Segoukaw, c’était le signe que, offensés, les dieux avaient frappé vite et fort, qu’Allah était vaincu. On racontait que Demba, qui se portait comme un charme, avait été pris de mystérieuses douleurs alors qu’il s’entretenait avec les Peuls du Macina. Un flot de sang jaillissant de sa bouche avait interrompu leurs conversations. Puis son corps, son visage en particulier, s’était couvert de pustules. Quelques minutes après, il était mort, et tout de suite son cadavre avait exhalé une terrible puanteur.
Joie, bonheur ! Comme par peur des tondyons, on n’osait pas manifester ces sentiments ouvertement, les gens dansaient derrière les murs des concessions et, de temps à autre, on entendait fuser des éclats de rire. Une chanson circulait :
Pemba, tu es le constructeur des choses,
Faro, toutes les choses de l’univers
Sont en ton pouvoir.
Celui-qui-s’assied-sur-la-peau-de-bœuf1
Avait oublié cela !
Elle fut vite interdite. Mais comment empêcher une chanson de courir d’une bouche à l’autre ? De fleurir là où on ne l’attend pas ? Une chanson, c’est insaisissable comme l’air. Et les femmes faisant tomber leurs pilons dans les mortiers fredonnaient en chœur :
Celui-qui-s’assied-sur-la-peau-de-bœuf
Avait oublié cela.
Plus que tout autre, malgré leur deuil récent, les Traoré nageaient dans la joie. À quoi bon chercher une réparation individuelle quand la vengeance éclate ? La vengeance divine ? La famille avait partagé les femmes de Tiéfolo, désigné un nouveau fa, Ben, frère cadet du défunt, paisible cultivateur qui ne dédaignait pas de donner un coup de daba2 à côté des esclaves et qui avait vis-à-vis de l’islam une attitude plus conciliante que son aîné puisqu’il avait envoyé trois de ses fils à l’école coranique des Maures.
Alors que les Peuls du Macina étaient retenus au palais à cause du deuil officiel en attendant la nomination d’un nouveau Mansa, Alfa Guidado avait quitté son père et la compagnie de ces dignitaires. Il partageait la case de Mohammed et d’Olubunmi et il savourait avec eux le bonheur d’être jeune, sans souci ni responsabilité immédiate. Lui qui n’avait pas su quelle suite donner à son mariage avait l’impression que Dieu en avait disposé au mieux. Depuis des semaines, loin d’Ayisha, il demeurait à Ségou où il avait retrouvé son ami et découvert un autre compagnon. L’esprit d’Olubunmi l’enchantait comme il enchantait Mohammed. Cette curiosité qu’il ne possédait pas lui-même. Ce désir de vérifier de quoi le monde est fait au-delà du Joliba, de la Bagoé, du désert aux portes de Tombouctou. Olubunmi les avait entraînés chez le vieux Samba qui leur avait conté ses habituelles histoires de bateaux et de Blancs :
— Est-ce que vous ne savez pas que les Blancs eux-mêmes ont peur d’El-Hadj Omar ? Les Toubabs3 ont bâti un fort sur le fleuve Sénégal et El-Hadj Omar veut les chasser de là…
Cela donnait lieu à des discussions interminables. Pourquoi les Toubabs avaient-ils bâti un fort sur le fleuve ? El-Hadj Omar n’avait-il pas raison de vouloir les en déloger ? Les jeunes gens ne partageaient pas l’admiration du vieux Samba pour les Blancs, leurs fusils et leurs médicaments. Ces intrus à peau d’albinos n’avaient rien à faire dans la région. Ceux-là étaient de vrais infidèles, à la fois buveurs d’alcool, mangeurs de chairs immondes et parlant un informe jargon que nul ne comprenait.
Il n’y avait que deux points sur lesquels Mohammed et Alfa ne s’accordaient pas avec Olubunmi. Ceux de l’alcool et des femmes. Olubunmi ne répugnait jamais à entrer dans un cabaret pour s’emplir le ventre de dolo. De même il ne se passait guère de nuit sans qu’il n’ait commerce avec quelque esclave de la concession. Il raillait ses amis, Mohammed surtout, qui n’avait jamais connu de femmes :
— Vos verges, si vous n’y faites pas attention, vont vous pourrir entre les cuisses…
Et c’est ainsi que Mohammed et Alfa en vinrent à parler enfin d’Ayisha. Ils étaient seuls dans leur case à la tombée de la nuit, savourant la paix de l’heure et la paix de ce temps sachant comment elle était fragile et comment la menace d’El-Hadj Omar continuait de gronder au loin. Yassa avait passé non loin, son fils suspendu à son sein et c’était merveille de voir combien ce petit être avait rendu sa mère à la joie. Alors le désir d’un corps de femme et, plus lointain, mais tout aussi troublant, le désir de la paternité avaient remué en eux s’ajoutant au souvenir des descriptions lyriques d’Olubunmi. C’était Mohammed qui avait commencé :
— Ainsi tu n’as jamais aimé et pourtant tu as possédé Ayisha. N’est-ce pas un péché de prendre une femme sans amour ?
Alfa resta d’abord silencieux. Il semblait à Mohammed que son ami devenait de plus en plus beau. Peut-être parce qu’il s’imposait moins de mortifications religieuses et se laissait, lui aussi, choyer par les mères de la concession, toujours prêtes à offrir un plat de to et une succulente sauce aux feuilles de baobab. Puis il se tourna vers son compagnon :
— Je ne voulais pas la prendre pour cette raison et aussi parce qu’elle t’avait fait du mal. Alors elle a pleuré…
— Pleuré d’amour… pour toi ?
Malgré lui, malgré les leçons qu’il s’était faites, Mohammed était éperdu de jalousie. Pourquoi les femmes aiment-elles celui-ci et non cet autre ? Lui qui avait voulu mourir pour Ayisha, il n’avait jamais obtenu d’elle que sourires et regards de bénigne affection. Alfa poursuivit, et on sentait bien que cette conversation était pour lui un supplice qu’il était toutefois décidé à endurer jusqu’au bout :
— Elle pleurait. Elle s’est blottie contre moi. Elle était à moitié nue. Je ne sais pas moi-même ce qui m’a pris…
Mohammed se rapprocha et interrogea fiévreusement :
— Est-ce que c’était agréable ? Même de cette manière…
À nouveau, Alfa demeura silencieux avant de répondre d’une voix troublée :
— Agréable ? Le féerique Djanna ne doit pas receler plus de délices qu’un corps de femme.
Mohammed fut atterré :
— Même si on ne l’aime pas ?…
— Je crois que si j’étais resté à Hamdallay, j’aurais… J’aurais fini par l’aimer. C’est pour cela que j’ai demandé à suivre mon père. Pour m’éloigner d’elle…
Les deux jeunes gens demeurèrent sans parler. Après pareil aveu, que dire ? Mohammed était à la fois torturé par la jalousie et par la curiosité. Jalousie, en imaginant Ayisha et son ami dans les bras l’un de l’autre, les caresses qu’ils se prodiguaient, les soupirs qu’ils poussaient, la volupté qu’ils partageaient ! Curiosité, en se demandant quand il connaîtrait enfin ces sensations. Bientôt la famille songerait à le marier. Ce qui compliquait quelque peu l’opération, c’est que, étant fils de Tiékoro et élevé à Hamdallay, on ne pouvait lui offrir qu’une musulmane. Ou une fille prête à se convertir. Hélas ? cette épouse aurait-elle la beauté d’Ayisha et comme Alfa se prendrait-il malgré lui à l’aimer après l’avoir désirée ?
Dans la cour voisine, on chantait. On riait et l’on entendait les piaillements joyeux des enfants repoussant toujours plus loin l’heure du sommeil. Quelle chaleur dans cette concession ! Alfa et Mohammed se rappelaient leur éducation austère à Hamdallay. Affamés, transis, roués de coups par un maître. Le tout au nom d’Allah ! Ils se levèrent et rejoignirent le cercle familial.
Sous le dubale, Faraman Kouyaté enchantait l’auditoire avec sa chanson qui, chose étrange, avait fait le tour de Ségou comme si elle symbolisait l’attitude à la fois moqueuse et fataliste du peuple devant les décisions des puissants :
La guerre est bonne puisqu’elle enrichit nos rois.
Femmes, captifs, bétail, elle leur procure tout cela.
La guerre est sainte puisqu’elle fait de nous des musulmans.
La guerre est sainte et bonne,
Qu’elle embrase donc nos ciels
De Dinguiraye à Tombouctou
De Guémou à Djenné…
Depuis qu’il vivait dans la concession, le griot s’était transformé. Les femmes avaient pansé ses plaies et l’avaient nourri. Aussi se serait-il fait tuer pour les Traoré et révérait-il Mohammed à l’égal d’un dieu.