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Sira était seule avec sa peur et sa douleur.

Peur, car l’année précédente, elle avait accouché d’un enfant mort-né. Neuf mois d’anxiété pour mettre au monde une petite boule de chair à laquelle les dieux n’avaient pas voulu insuffler la vie. Pourquoi ? S’irritaient-ils de cette alliance contre nature entre une Peule et un Bambara ?

Toi Peul, garde ton troupeau.

Noir conserve ta bêche, celle-qui-fatigue.

Ainsi dit le poème pastoral. Aucun lien n’était possible entre ces deux races d’hommes. Pourtant ils savaient bien qu’elle ne l’avait pas voulue elle-même et qu’elle n’était qu’une victime… Alors pourquoi la punir ? Et allaient-ils la punir à nouveau ? La condamner à cette attente stérile ? À un nouvel enterrement alors qu’elle souhaitait s’épanouir dans la gloire d’un baptême ? Elle regarda le monticule dans sa case, là où avait été enfoui le petit être aussitôt enlevé à son affection, et ses yeux s’emplirent de larmes. Que les dieux accordent la vie à son enfant, même si c’était celui d’un Bambara, d’un homme qu’elle aurait dû haïr.

Malgré elle, elle gémit et Souka, s’approchant, rectifia sa position accroupie, l’aida à nouer ses mains derrière sa nuque, puis lui massa doucement le ventre en chantonnant. L’odeur des fumigations de wolo, plante aimée du dieu Faro et qui favorise les naissances, lui emplit les narines. Elle eut un éternuement qui déclencha en elle une telle vague de souffrances qu’elle crut mourir. Elle se rappela les préceptes de sa mère, de Nya, de toutes les femmes qui étaient passées par là avant elle. Ne pas broncher. Être maîtresse de sa douleur. Mais c’était impossible. Impossible ! Elle serra les dents, se mordit les lèvres, sentit la fade saveur du sang, puis ouvrit les yeux sur la chevelure finement tressée et hérissée de gris-gris de Souka, penchée vers son bas-ventre.

Alors qu’elle était enfant, elle s’était aventurée avec un de ses frères dans le marigot de Dia où il menait paître les vaches en saison sèche. Comme c’était l’hivernage, les eaux étaient hautes. Ils avaient perdu pied et s’étaient trouvés emportés sans défense, parmi les plantes aquatiques qui couvraient la surface. Ils avaient cru qu’ils ne reverraient plus jamais leur mère et la case de leur père quand une rizière était apparue, leur offrant l’aide de ses tiges encore fragiles. C’était la même terreur qu’elle revivait à présent, le même désarroi et, soudain, la même paix. Inattendue.

Incrédule, Sira entendit un pleur ou plutôt un vagissement. Elle balbutia :

— Qu’est-ce que c’est ?

Souka se leva emportant vers la calebasse d’eau tiède un petit tas de chairs sanguinolentes qu’elle se mit à laver avec des gestes étonnamment doux et précautionneux :

— Un bilakoro1 de plus…

Puis, entourant Nya, les esclaves entrèrent en hâte, apportant, les unes un bouillon au poisson sec et au piment, les autres des lianes pilées afin de lui masser le ventre.

Elle murmura à l’adresse de Nya :

— Il est vivant, bien vivant ?

Nya feignit de ne pas entendre cette question malencontreuse qui pouvait irriter les dieux.

Souka, quant à elle, regardait le nouveau-né. Elle en avait reçu dans ses mains larges et puissantes ! Elle en avait sectionné des cordons ombilicaux ! Enterré des placentas ! Aussi lui suffisait-il d’étudier le dessin d’une bouche, le modelé d’une paupière pour deviner l’enfant qui ferait l’orgueil de ses parents ou, au contraire, celui qui se traînerait longtemps sur des jambes trop grêles. Elle savait que le petit garçon qu’elle tenait là sur ses genoux serait un aventureux, promis à un destin singulier. Il serait bon que Nya offre aux boli familiaux un œuf pondu par une poule noire, sans une seule plume blanche et des cœurs d’antilope. En outre, Dousika ne devrait pas être avare de coqs au plumage rouge dont il répandrait le sang afin d’en enduire le sexe du nouveau-né. Il fallait que ces précautions soient prises pour assurer la bonne vie. Souka massa de beurre de karité le petit corps informe et tiède, l’enveloppa d’un fin linge blanc, puis le remit à sa mère, répondant silencieusement à l’interrogation que contenait le regard de Nya :

— Mais oui, il est beau ! Et les dieux lui prêteront vie…

Sira prit enfin son fils contre elle. Selon la tradition, il ne recevrait son nom qu’au huitième jour. Pourtant, venu après un aîné mort-né, elle savait qu’on l’appellerait Malobali. Elle pressa contre la sienne sa petite bouche fragile, étonnée qu’une chair si légère pèse déjà d’un tel poids dans sa vie. Son fils était là, bien vivant. Quelles que soient les conditions de sa naissance, il la vengeait de son humiliation, de ses souffrances, de sa déchéance, fille d’un ardo peul, éleveur de centaines de têtes de bétail, devenue concubine d’un agriculteur.

Quand Sira pensait à sa vie d’autrefois, elle croyait rêver. Dans le Macina, la vie était rythmée par les saisons, les troupeaux allant et venant des pâturages de Dia à ceux de Mourdia. Les femmes trayaient les vaches, fabriquaient du beurre que les esclaves allaient troquer contre du mil sur les marchés des environs. Les hommes étaient amoureux de leurs bêtes plus que de leurs épouses et en chantaient la beauté le soir devant les feux de bois. Aussi les autres peuples se moquaient :

Ton père est mort, tu n’as pas pleuré.

Ta mère est morte, tu n’as pas pleuré.

Un menu bovin a crevé et tu dis Yoo !

La maison est détruite !

Mais les autres peuples comptaient-ils ? On ne s’en rapprochait qu’en saison sèche afin de négocier l’accès à la pâture et à l’eau pour le bétail.

Puis un jour, des tondyons bambaras avaient surgi coiffés de bonnets à deux pointes, vêtus de tuniques jaunes s’arrêtant au-dessus du genou, bardés de cornes et de dents d’animaux ou d’amulettes achetées aux musulmans. L’odeur de la poudre emplissant ses narines, Sira s’était retrouvée à Ségou dans le palais du Mansa. Malgré le chagrin que lui causait sa captivité, elle ne pouvait s’empêcher d’admirer le nouveau cadre de sa vie. Derrière des murs qui défiaient le ciel, des esclaves tissaient, assis sous des auvents devant leurs appareils faits de quatre bois verticaux enfoncés en terre et reliés par des tiges horizontales, et elle ne se lassait pas de regarder, fascinée, le long serpent blanc de la bande. Des maçons réparaient et recrépissaient les façades. Partout, des commerçants offraient des tapis de Barbarie, des parfums, des soieries tandis que des bouffons, le corps disparaissant littéralement dans des vêtements faits de petits losanges de peau de bêtes étoilés de cauris, caracolaient pour la plus grande joie des enfants royaux. Comme les Peuls, quant à eux, ne bâtissaient pas, se contentant de leurs cases rondes en paille tressée ou en branchages, tout cela la fascinait.

Était-ce pour la punir de ces sentiments d’admiration involontaires, presque inconscients pour ses vainqueurs que les dieux l’avaient livrée à Dousika ?

Non, il ne fallait pas penser à Dousika sinon la joie de l’instant serait gâchée. Pourtant peut-on abstraire un enfant de son père ?

Justement il entrait, Dousika, flanqué de Koumaré qu’on était allé quérir en vitesse pour les premiers sacrifices. Elle détourna la tête pour ne pas rencontrer son regard et partager sa joie. En même temps, elle se reprochait son hypocrisie. Qu’est-ce qui la retenait de le quitter, de quitter Ségou ? Elle se persuadait qu’elle attendait des dieux ou de son peuple une vengeance éclatante qui la dépasserait elle-même. Était-ce la vérité ?

Quelques semaines auparavant, un artisan labo2 était entré dans la concession pour proposer des mortiers, des pilons et des manches d’outils. Ils s’étaient reconnus au parler, le doux parler foulfouldé3. L’homme lui avait donné des nouvelles du pays. Les Peuls en avaient assez de la domination de Ségou, des razzias et des exactions des Bambaras. Se détournant de l’ardo Ya Gallo du clan des Dialloubé4, ils plaçaient tous leurs espoirs dans un jeune homme, Amadou Hammadi Boubou du clan des Barri, musulman fervent, qui avait juré de les unir dans un État unique, souverain, qui ne reconnaîtrait d’autre maître qu’Allah ! Du coup, on chuchotait une prédiction faite quelques siècles plus tôt à l’Askia5 Mohammed du royaume songhaï de Gao. On lui avait annoncé qu’un Peul porterait un coup mortel au royaume bambara et fonderait un vaste empire. Amadou Hammadi Boubou serait ce Peul-là !

Était-ce possible ?

Caressant doucement la tête de son nouveau-né, Sira imagina le serpent du feu touchant de sa langue bifide le palais du Mansa, les concessions, les bouquets de cailcédrat et s’arrêtant en bordure du Joliba après avoir calciné les flottilles de pirogues des Somonos. Ah, il fallait au moins cela pour la venger ! Elle ferma les yeux.

Pendant ce temps, Souka déclinait toutes les particularités corporelles qui permettraient à Koumaré de déterminer de quel ancêtre le nouveau-né était la réincarnation. Sira entendit ensuite le battement d’ailes et le cri bref du coq que le féticheur égorgeait. Enfin le silence se fit et elle se retrouva seule avec son fils.

 

Naba tira Tiékoro par la blouse et gémit :

— Rentrons à présent. J’ai faim. Je suis fatigué…

Mais Tiékoro ne pouvait s’y décider : il voulait de toutes ses forces voir l’homme blanc. Il interrogea un homme qui venait vers eux, la sueur ruisselant sur son torse nu :

— Tu l’as vu ? Comment est-il ?

L’homme eut une moue :

— Il est pareil à un Maure. À part qu’il a deux oreilles rouges et les cheveux couleur d’herbe en saison sèche…

Tiékoro eut une inspiration :

— Les arbres ! Il faut grimper aux arbres !

Levant la tête, il s’aperçut que cela aussi était impossible. Les branches des karités ou des fromagers étaient chargées de grappes humaines. Il fit avec dépit :

— Eh bien, allons-nous-en !

À quinze ans, Tiékoro, fils aîné de Dousika, fils de Nya, sa première épouse, atteignait presque la taille d’un adulte. Les griots, qui venaient dans la concession chanter les louanges de la famille, le comparaient à un rônier qui s’élève dans le désert et lui prédisaient un avenir incomparable. C’était un adolescent silencieux, réfléchi, que l’on s’accordait à trouver arrogant. Quelques mois auparavant, il avait été circoncis, mais il n’avait pas encore été initié au Komo.

En réalité, Tiékoro avait un secret. Qui le rongeait.

Tout avait commencé un jour où, par curiosité, il était entré dans une mosquée. La veille, il avait entendu résonner l’appel du muezzin et quelque chose d’indicible s’était éveillé en lui. Il en était convaincu, c’était à lui que cette voix sublime s’adressait. Pourtant la timidité avait été la plus forte et il n’avait pas suivi les Somonos qui pénétraient à l’intérieur de l’édifice. Il n’en avait eu le courage que le lendemain après s’être armé de résolutions toute la nuit.

Dans une cour, un homme de l’âge de son père était assis sur une natte. Il portait un ample vêtement bleu foncé sur un pantalon de même teinte. Il était chaussé de babouches jaune clair. Sur son crâne rasé de près, un petit bonnet rouge sombre était posé. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Ce n’était pas la première fois que Tiékoro voyait des hommes pareillement accoutrés, jusque dans l’enceinte du palais du Mansa où il accompagnait quelquefois son père. Ce qui l’intrigua, ce fut l’occupation à laquelle se livrait l’homme. Dans sa main droite, il tenait une tige de bois terminée par une pointe acérée. La trempant dans un récipient, il traçait ensuite de minuscules dessins sur une surface blanche. Tiékoro s’accroupit près de lui et interrogea :

— Qu’est-ce que tu fais là ?

L’homme sourit et dit :

— Tu vois bien, j’écris…

Tiékoro tourna et retourna dans sa tête ce dernier mot qu’il ne comprenait pas. Puis un éclair illumina son esprit. Il se rappela les amulettes que certains portaient et il s’exclama :

— Ah ! Tu fais de la magie…

L’homme rit et demanda :

— Tu es un Bambara n’est-ce pas ?

Sensible au mépris qui perçait dans la voix, Tiékoro répliqua avec orgueil :

— Oui, je suis le fils de Dousika Traoré, conseiller à la cour…

— Alors, cela ne m’étonne pas que tu ignores ce qu’écrire signifie…

Tiékoro fut ulcéré. Il chercha une réponse cinglante et n’en trouva pas. Et puis, que peut un enfant devant un adulte ? Pourtant, dès le lendemain, il prenait à nouveau le chemin de la mosquée. Désormais ses visites devinrent quotidiennes.

À présent, Naba se plaignait :

— Tu vas trop vite…

Tiékoro ralentit son allure :

— Qu’est-ce que tu ferais si je m’en allais ?

L’enfant le regarda avec surprise :

— À la guerre ? Avec le Mansa ?

Tiékoro secoua vivement la tête :

— Ah non, je ne ferai jamais ces guerres-là !

Tuer, violer, piller ! Sang, que de sang répandu ! D’ailleurs, toute l’histoire de Ségou n’était-elle pas sanglante et violente ?

De sa fondation à son expansion par Biton aux jours présents ! Ce n’était que meurtres et massacres. Jeunes gens emmurés vifs, vierges immolées à l’entrée des portes, empereurs étranglés par leurs esclaves au moyen de bandelettes de coton. Avec, en leitmotiv, les sacrifices. Sacrifices aux boli de la ville, du royaume, des ancêtres, de la famille. Chaque fois que Tiékoro passait devant la case qui abritait ceux des Traoré, il frissonnait. Un jour, il avait osé pénétrer à l’intérieur et s’était demandé, terrifié, d’où venait le sang qui se coagulait sur ces formes immondes.

Ah, une autre religion qui parlerait d’amour ! Qui interdirait ces funèbres sacrifices ! Qui délivrerait l’homme de la peur. Peur de l’invisible. Et même peur du visible ! Comme ils passaient devant la mosquée des Somonos, Tiékoro pressa le pas, craignant qu’on le reconnaisse et que Naba découvre son secret. Puis il eut honte de sa lâcheté. Un croyant ne doit-il pas être prêt à mourir pour sa foi ?… Et il était un croyant n’est-ce pas ?

« Il n’y a de dieu que Dieu et Mahomet est l’envoyé d’Allah ! »

Ces paroles l’enivraient. Il n’avait qu’un désir. Quitter Ségou. Partir pour Djenné ou, mieux, Tombouctou et s’inscrire à l’université de Sankoré6.

Les deux garçons se mirent à courir à fond de train par les rues tortueuses, sautant par-dessus le dos des moutons et des chèvres, évitant de justesse les femmes peules, qui, à cette heure, venaient offrir leurs calebasses de lait. Des cabarets, les tondyons, buveurs de dolo7, leur lançaient de grasses plaisanteries.

Quand ils arrivèrent en nage dans la concession, tout le monde se précipita vers eux et ce fut un brouhaha :

— Vous l’avez vu ? Vous l’avez vu ?…

— Le Blanc ?

Force fut d’avouer qu’il n’en était rien. Flacoro, la troisième épouse de Dousika, guère plus âgée que Tiékoro, eut une moue :

— C’était bien la peine de passer la journée au bord de l’eau…

Puis elle ajouta :

— Sira a eu un garçon…

Un garçon ? Et bien en vie ? Le cœur de Tiékoro s’emplit de joie.

Son intimité avec Sira avait commencé avec son intérêt pour l’islam. Il avait entendu dire que de nombreux Peuls pratiquaient cette religion. Pourtant quand il avait eu le courage d’interroger Sira, elle n’avait pas pu le renseigner. Un de ses oncles s’était converti, mais elle ne savait rien de lui. L’islam était tout nouveau venu dans la région, apporté par les caravanes des Arabes comme une marchandise exotique !

Tiékoro alla rôder près de la case de Sira dont l’accès, il le savait, serait interdit à tous pendant huit jours. Il vit en sortir son père avec Koumaré, le féticheur. Cachant la frayeur que lui inspirait ce dernier, il salua poliment les deux hommes et se préparait à s’éloigner prestement, quand son père lui fit signe de le suivre. Tremblant, il obéit.

Quelques années auparavant, Tiékoro admirait son père comme un dieu. Bien plus que le Mansa. Quand avait-il commencé de le considérer comme un barbare doublé d’un ignorant buveur d’alcool ? Quand l’œuvre des musulmans avait grandi dans sa vie. Mais ne plus admirer son père ne signifiait pas cesser de le chérir. Aussi Tiékoro souffrait-il de ce divorce entre cœur et esprit, entre sentiments instinctifs et réflexions de l’intelligence. Il s’assit en silence dans un coin du vestibule et, conscient de l’honneur qui lui était fait, prit une pincée de tabac dans la tabatière qu’on lui tendait. Il n’osait regarder dans la direction de Koumaré, car il croyait que celui-ci saurait déchiffrer ses pensées, découvrir ce qu’il cachait à tous. Et en effet, le féticheur le fixait de ses prunelles piquetées de rouge. Dès que ce fut possible sans trop d’irrespect, il se leva et sortit au-dehors. Sous l’effet de la peur et de l’effort qu’il avait dû faire, son estomac se contracta et il vomit douloureusement contre le mur d’une des cases, un jus brunâtre mêlé de glaires. Ensuite, il demeura immobile, la tête en feu. Combien de temps encore pourrait-il cacher son secret ?

Cependant, demeuré seul avec Dousika, Koumaré était pensif. Son regard ne quittait pas la porte basse par laquelle Tiékoro s’était retiré. Quelque chose travaillait l’esprit de ce garçon. Quoi ?

D’un petit sac il sortit un jeu de douze cauris divinatoires et les répandit sur le sol. Ce qu’il vit lui parut si surprenant qu’il les ramassa, remettant l’opération à plus tard. Dousika s’aperçut de son étonnement et dit d’une voix pressante :

— Qu’est-ce que tu vois, Koumaré ? Qu’est-ce que tu vois ?

En fait, il ne pensait qu’à lui-même et aux railleries du Conseil, Koumaré décida de ne point le détromper :

— Je ne peux rien te dire. L’affaire n’est pas claire. Toute la nuit, je vais travailler. Ensuite, je pourrai te parler…

Ah non, l’affaire n’était pas claire ! Un fils arrivait, un autre s’en allait ! Le père s’élevait, puis s’abaissait ! Un véritable chaos s’installait dans une concession jusque-là bien ordonnée. Pourquoi ?

Koumaré appartenait à l’une des trois grandes familles de forgerons « de race » dont les ancêtres, originaires du village souterrain de Gwonna, avaient découvert le secret des métaux. Un jour qu’ils se chauffaient à un grand feu, ils avaient vu fondre l’un des cailloux du foyer. Ils l’avaient ramassé et avaient alors constaté qu’il s’agissait d’un corps dur qu’ils n’arrivèrent pas à briser. Ce fut le premier morceau de cuivre. Ensuite, ils découvrirent les secrets de l’or et du fer. Ils fabriquèrent alors des armes, des couteaux, des flèches, des pointes, et grâce à eux, les Bambaras purent remplacer leurs anciens outils faits de silex. Comme les forgerons étaient sous la protection du dieu Faro et de ses auxiliaires, les génies maîtres de l’air et du vent, ils étaient aussi les maîtres de la divination.

Pour Koumaré, l’invisible n’avait pas de secrets.

1- Garçon non circoncis.

2- Caste peule qui travaille le bois.

3- Le foulfouldé est le nom de la langue des Peuls du Macina.

4- Les Dialloubé, c.-à-d. « ceux qui portent le nom patronymique de Diallo », dynastie régnante peule.

5- Mot songhaï qui signifie « roi ».

6- Célèbre université soudanienne.

7- Bière de mil.