Avec le varech est morte une conscience planétaire et, par la même occasion, le commencement d’une conscience collective humaine. Est-ce pour cela que nous avons détruit le varech?


Kerro Panille, Œuvres complètes.


La natte épaisse de ses cheveux bruns flottait derrière lui tandis que Panille le Noir courait à longues enjambées dans le corridor qui menait à la salle de contrôle des Courants. Les autres Siréniens s’écartaient sur son passage. Ils savaient pourquoi il était pressé. La nouvelle s’était déjà propagée dans tout le complexe central. Il était arrivé quelque chose à l’une des grandes îles. Quelque chose de grave.


Devant la double porte étanche de la Salle des Courants, Panille ne s’arrêta pas pour reprendre son souffle. Il déverrouilla la porte extérieure, s’engouffra à l’intérieur, remit les crampons d’une main tandis que de l’autre il faisait tourner le volant de la porte intérieure. Tout cela en contradiction formelle avec les instructions. Il se retrouva au milieu du tumulte qui régnait dans la grande salle peu éclairée. Deux murs étaient entièrement occupés par des machines et des écrans fluorescents. Les images que l’on voyait et l’activité inhabituelle des opérateurs disaient immédiatement l’ampleur de la crise.

Huit écrans relayaient à longue distance des images du fond de l’océan jonché de morceaux de grumelle déchiquetée et d’autres débris. Les moniteurs de surface transmettaient le spectacle d’une multitude d’embarcations dérisoires surchargées de survivants, évoluant sur une mer huileuse encombrée d’épaves de toutes sortes.

Panille mit un moment pour faire le tour de la situation. Les quelques visages de rescapés que l’on pouvait apercevoir reflétaient l’hébétude et le désespoir. Il y avait un très grand nombre de blessés. Ceux qui le pouvaient avaient entouré leurs blessures de pansements improvisés. La plupart semblaient souffrir de brûlures profondes. Tous les bateaux étaient chargés presque à fleur d’eau. L’un d’eux ne transportait qu’un monceau de cadavres et de débris humains. Une vieille femme aux cheveux blancs et aux bras trop courts était maintenue de force par ses voisins à bord d’un grand coracle, probablement pour l’empêcher de se jeter à l’eau. Il n’y avait pas de son sur l’écran, mais Panille voyait qu’elle était en train de hurler.


- Que s’est-il passé? demanda-t-il. Une explosion?


-Peut-être leur unité de production d’hydrogène, mais nous n’en savons rien pour l’instant.

C’était Lonson qui lui avait répondu sans se retourner. Lonson était l’opérateur de jour n° 2 à la console centrale. Panille se rapprocha de lui.


- C’est quelle île? demanda-t-il.

- Guemes. Ils sont malheureusement trop loin, mais nous leur envoyons des équipes de sauvetage et nous avons alerté toutes les unités qui croisent dans leurs parages. Comme vous le voyez, nous avons relevé les capteurs du fond.

- Guemes, répéta Panille en se remémorant le dernier rapport, qui les situait à plusieurs heures de suba. Quelles sont vos estimations pour l’arrivée des premiers survivants?

- Pas avant demain matin, répondit Lonson.

- Merde! Ce sont des hydroptères qu’il nous faut, et non des subas de sauvetage! Vous en avez demandé ?

- Bien sûr, immédiatement. La Logistique nous a répondu qu’il n’y en avait pas de disponible. Priorité à la surveillance de l’Espace. Comme d’habitude!

- Du calme, Lonson. On va nous demander un rapport, c’est certain. Voyez si la première équipe de sauveteurs sur les lieux peut charger quelqu’un de questionner les rescapés.

- Vous croyez qu’ils auraient pu heurter le fond? demanda Lonson.

- Non, c’est sûrement quelque chose d’autre. Nef! Quel gâchis!


Panille avait serré les lèvres. Il frotta la fossette de son menton puis demanda :


- Avez-vous une estimation sur le nombre des survivants ?


Une jeune femme du service informatique lui répondit :


- Il semble qu’il y en ait moins d’un millier.

- Au dernier recensement, ils étaient un peu plus de dix mille, fit Lonson.


Neuf mille morts ?


Panille secoua la tête. Il songeait à la tâche monumentale qui les attendait quand il faudrait récupérer tous ces cadavres et s’en débarrasser. On ne pouvait pas les laisser flotter. Ils contaminaient l’espace Sirénien. Ils pouvaient inciter les capucins et autres prédateurs à de nouvelles escalades dans leurs agressions. Panille frissonna. Rien n’était plus bouleversant pour un Sirénien que de sortir travailler avec un scooter pour se trouver nez à nez avec un Ilien mort flottant le ventre gonflé entre deux eaux.


- Le dernier rapport sur Guemes disait que l’île était d’une extrême pauvreté et que sa grumelle se détériorait, reprit Lonson.

- Ce n’est pas une explication, dit Panille. Et il y a trop d’eau pour qu’ils aient heurté le fond. Quelque chose a dû exploser.


Il scruta un moniteur qui affichait les coordonnées de la catastrophe et indiquait l’approche des unités de sauvetage. Puis il se déplaça sur sa gauche pour parcourir lentement la rangée d’écrans. De temps à autre, il se penchait pardessus l’épaule d’un opérateur et demandait un zoom ou un arrêt sur une scène particulière.


- Cette île ne s’est pas démantelée toute seule, déclara-t-il enfin.

- On dirait qu’elle a été coupée en deux et incendiée, dit un opérateur. Par les dents de Nef, qu’est-ce qui a bien pu se passer?

- Les rescapés nous le diront peut-être, fit Panille.


La porte d’accès située derrière lui s’ouvrit à ce moment-là en sifflant et Kareen Ale apparut, reflétée par un écran sombre. Panille fit la grimace. Encore un mauvais coup du sort! Il fallait que ce soit elle qu’on lui envoie pour prendre son premier rapport! Il y avait eu une époque où… Mais cela appartenait au passé.

Elle s’avança jusqu’aux côtés de Panille et balaya du regard la série d’écrans. Il vit la stupéfaction s’inscrire sur son visage à mesure qu’elle saisissait l’ampleur de la catastrophe. Avant qu’elle pût parler, il déclara :


- Selon nos premières estimations, il y aura neuf mille cadavres à repêcher. Le courant les fait dériver actuellement vers l’une de nos plus grandes et plus anciennes plantations de varech. Nous aurons un mal fou à les sortir de là.

- La Surveillance de l’Espace nous a envoyé un rapport de sonde, fit-elle.


Les lèvres de Panille formèrent un aaahl muet. L’avait-on prévenue en tant que membre du corps diplomatique, ou en tant que nouvelle directrice de la Sirénienne de Commerce? Mais cela faisait-il une différence?


- Nous n’avons pu capter aucun rapport de sonde, fit Lonson de l’autre bout de la salle.

- Ce sont des informations réservées, dit Ale.

- Que disait le rapport? demanda Panille.

- L’île s’est disloquée de l’intérieur et a coulé.

- Pas d’explosion?


Panille était encore plus surpris par cette affirmation que par la nouvelle selon laquelle le rapport de sonde était gardé secret. Il pouvait arriver pour différentes raisons que l’on censure un rapport de sonde, mais une île comme Guemes ne pouvait se disloquer toute seule et couler!


- Pas d’explosion, dit Ale. Juste une sorte de commotion près du centre de l’île. Elle s’est coupée en plusieurs morceaux et a sombré aussitôt.

- Elle devait être complètement pourrie, dit l’opérateur à côté de Panille.

- Impossible, répliqua celui-ci en désignant les blessés sur l’écran.

- Un suba n’aurait pas pu faire ça? demanda Ale.


Panille demeura silencieux devant le contenu implicite de cette question.


- Eh bien? insista Ale.

- Ce n’est pas à exclure, murmura Panille. Mais comment un tel accident…

- N’y pensez plus, fit Ale. Pour le moment, oubliez ce que je viens de dire.


Il était impossible de se méprendre sur la manière catégorique dont elle avait dit cela. Et l’aigreur de son expression ajoutait à la brusquerie du commandement quelque chose qui hérissait Panille. Que pouvait-il y avoir sur les images transmises par cette sonde?


- Quand recevrons-nous les premiers rescapés? demanda Ale.

- Pas avant demain à l’aube. Mais j’ai donné des instructions pour que la première équipe sur les lieux établisse un rapport. Nous aurons peut-être…

- Ils ne doivent pas émettre sur une fréquence libre, fit Ale.

- Mais…


- Nous allons envoyer un hydroptère, dit-elle. Elle se dirigea vers une opératrice et donna une série d’instructions à voix basse. Puis elle revint jusqu’à Panille.


- Les subas de sauvetage sont trop lents, reprit-elle. Nous devons agir le plus rapidement possible.

- Je croyais qu’il n’y avait aucun hydroptère disponible.

- Je viens d’établir de nouvelles priorités.


Elle recula vers le centre de la salle et s’adressa à tout le monde;


- Ecoutez-moi tous. Cette catastrophe se produit à un moment fâcheux. Je viens de ramener avec moi le Juge Suprême. Nous sommes engagés dans des négociations particulièrement délicates. Toute rumeur ou annonce prématurée pourrait avoir des conséquences graves. Ce que vous voyez et entendez dans cette salle doit demeurer confidentiel. Ne colportez aucun bruit à l’extérieur.


Quelques murmures accueillirent ces paroles. Tout le monde ici connaissait le pouvoir d’Ale, mais le fait qu’elle passe ainsi sur la tête de Panille en disait long sur l’urgence de la situation. Ale était une diplomate, habituée à amortir les coups durs.


- Les bruits courent déjà, dit Panille. J’ai entendu les gens parler dans le corridor en venant.

- Et on vous a vu courir.


~ On m’a appelé d’urgence.


- Je sais… peu importe. Mais il ne faut pas alimenter les rumeurs.

- Ne vaudrait-il pas mieux annoncer qu’il y a eu une catastrophe et que les premiers survivants vont arriver d’ici peu? demanda Panille.


Ale se rapprocha de lui et parla à voix basse :


- Nous sommes en train de préparer un communiqué, mais sa rédaction est… délicate. Nous nageons en plein cauchemar politique. Cela ne pouvait pas tomber plus mal. Il faut éviter d’aggraver les choses.


L’odeur du savon parfumé qu’elle utilisait parvint aux narines de Panille, réveillant de vieux souvenirs. Il écarta aussitôt ces pensées. Ale avait raison, naturellement.


- La Psyo est de Guemes, lui rappela-t-elle.

- Vous croyez que les Iliens auraient pu faire ça?

- Ce n’est pas impossible. Les fanatiques de Guemes ont beaucoup d’ennemis. Cependant…

- Si c’est un suba qui a fait cela, c’est nécessairement un des nôtres. Les subas îliens n’ont pas l’équipement nécessaire pour opérer de telles destructions. Ce ne sont que des pêcheurs.

- Qu’importe son origine? fit-elle. Ce qui compte, c’est de savoir qui a ordonné de commettre une telle atrocité. Et qui l’a exécutée.


Une fois de plus, elle scruta les écrans d’un air préoccupé.


Elle est convaincue que c’est un suba, se dit Panille. Les images de la sonde devaient être probantes. Et un de nos subas, c’est certain.


Il commençait à entrevoir toutes les répercussions politiques. L’île de Guemes, entre toutes! Les Siréniens et les Iliens vivaient dans une indépendance que la catastrophe de Guemes pouvait remettre en question. L’hydrogène îlien, extrait de l’eau de mer par des procédés organiques, était plus riche et plus pur. Et le programme spatial actuel exigeait de plus en plus d’hydrogène très pur.

Des mouvements visibles à travers un hublot de plaz attirèrent l’attention de Panille. Une équipe d’ouvriers nageaient en traînant derrière eux une plate à stabilisation hydrostatique. Leurs combinaisons de plongée adhéraient à eux comme une seconde peau, laissant apercevoir le jeu de leurs muscles puissants.


Et les combinaisons! se dit Panille.


A elles seules, elles pouvaient être un facteur de trouble. C’étaient les Iliens qui fabriquaient les meilleures combinaisons de plongée, mais le marché était étroitement contrôlé par les Siréniens. Les protestations des Iliens concernant les blocages des prix n’avaient pratiquement aucun poids.

Ale, voyant ce qui avait distrait son attention et devinant en partie ses pensées, fit un geste vague en direction des nouvelles plantations de varech que l’on apercevait par le hublot de plaz.


- Ce n’est qu’une partie de nos problèmes, dit-elle.

- Quoi donc?

- Le varech. Sans la coopération des Iliens, notre programme est presque inévitablement voué à l’échec.

- Il ne fallait pas le garder secret, dit Panille. Les Iliens auraient dû y être associés dès le début.

- Mais ils ne l’ont pas été. Et à mesure que nous créerons de nouvelles masses de terres émergées…


Elle haussa les épaules.


- Le danger d’échouement augmentera pour les îles, acheva Panille. Je suis bien placé pour le savoir, vous ne croyez pas?


Je suis heureuse que le responsable de la Salle des Courants comprenne aussi les dangers politiques de la situation, dit-elle. J’espère que vous saurez l’expliquer à votre personnel.


- Je ferai ce que je pourrai. Mais je crains qu’il ne soit trop tard.


Ale murmura quelque chose d’une voix trop basse pour qu’il l’entende. Il se pencha encore plus près d’elle.


- Qu’avez-vous dit?

- J’ai dit que plus il y a de varech, plus il y a de poisson. C’est l’intérêt des Iliens, également.


Ah, oui! se dit Panille. Les fluctuations de la politique le rendaient de plus en plus cynique. Il était trop tard pour arrêter complètement le programme concernant le varech, mais on pouvait le mettre en veilleuse et retarder la réalisation du rêve Sirénien pendant plusieurs générations. Mauvaise politique que tout cela. Non… les profits devaient être évidents pour tout le monde. Tout devait être axé autour du varech et des caissons hybernatoires. D’abord, récupérer les caissons hyber en orbite; ensuite, s’occuper des rêveurs. Panille voyait d’abord les détails pratiques et reconnaissait que la politique devait régler les questions matérielles tout en parlant principalement des rêves.


- Nous essaierons d’être pratiques, dit-il d’une voix sourde.

- Je vous fais confiance pour cela.

- Nous sommes concernés au premier chef. Je sais bien pourquoi vous avez mentionné les varechs. Si les varechs disparaissent, la Surveillance des Courants disparaît aussi.

- Ne soyez pas si amer, Shadow.


C’était la première fois aujourd’hui qu’elle l’appelait par son prénom, mais il ne voulut pas s’attarder sur ce que cela signifiait.


- Il y a eu plus de neuf mille victimes, dit-il. Si c’est un de nos subas qui a fait cela…

- Les responsabilités devront être établies clairement. Il ne devra subsister aucun doute sur…

- Aucun doute sur l’identité des Iliens qui ont fait cela.

- Ne jouez pas au plus fin avec moi, Shadow. Nous savons tous les deux qu’il y a beaucoup de Siréniens pour qui la destruction de Guemes apparaîtra comme un bienfait pour la planète entière.


Panille jeta un regard circulaire à ses opérateurs de la Salle des Courants, qui semblaient tous absorbés par leur travail, comme s’ils n’entendaient rien de cette conversation importante. Mais ils entendaient. Et Panille était consterné à l’idée que même parmi eux il y en avait qui partageaient les idées auxquelles Ale venait de faire allusion. Ce qui n’avait été jusqu’à présent que conversations de derrière le comptoir et élucubrations gratuites prenait une nouvelle dimension. Panille ressentait cela comme une maturation non désirée, telle la mort d’un père ou d’une mère. La réalité cruelle ne pouvait plus être ignorée. Il était choqué de s’apercevoir qu’il s’était jusqu’à présent bercé d’illusions sur la bonne volonté qui présidait aux relations entre les humains. Et cette prise de conscience le rendait furieux.


- Je chercherai personnellement le responsable de cette boucherie, dit-il.

- Prions pour que ce ne soit qu’un horrible accident.

- Vous n’y croyez guère et moi non plus… Il regarda la rangée d’écrans scintillants qui apportaient leur témoignage atroce… C’est un de nos gros subas qui a fait cela. Un S-20 ou encore plus gros. A-t-il plongé pour échapper aux débris de l’île?

- Il n’y a aucun indice dans les images transmises par la sonde.

- Alors, c’est bien ainsi que les choses se sont passées.

- Ne faites rien qui puisse vous attirer des ennuis, Shadow. Je vous parle en amie. Gardez vos soupçons pour vous. Que rien ne s’ébruite en dehors de cette salle.

- Ce qui se passe risque d’être mauvais pour les affaires, dit-il avec froideur. Je comprends que vous soyez si préoccupée.


Elle se raidit et prononça d’une voix tranchante :


- Il faut que j’aille me préparer à accueillir les survivants. Nous discuterons de cela plus tard.


Elle pivota sur un talon et sortit. La porte étanche se referma avec un sifflement en laissant à Panille l’image de son pas rageur et le parfum suave de son corps.

Bien sûr qu’il faut qu’elle se prépare, songea-t-il. Elle avait son diplôme de médic et toutes les personnes compétentes devaient être mobilisées pour l’occasion. Mais Ale était bien plus qu’une médic.


La politique! Pourquoi, autour de chaque crise politique majeure, faut-il que les marchands laissent de tels remugles?


L'effet Lazare
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