Tu craignais un piège?

Cette idée m'était venue, avoua Blade.

Hectoris sourit de nouveau, en révélant de longues dents jaunies.

A moi aussi. Mais tu as été trop rusé. Te prendre au piège aurait entaché mon honneur, tout autant que d'ignorer ton défi. Alors, puisque tu ne veux pas écouter la voix de la raison et te joindre à moi, je vais avoir le plaisir de te tuer.

Blade sourit à son tour.

Pourquoi attendre plus longtemps? Ton soldat et le mien garderont la fille entre eux. Si je vis elle viendra avec moi, sinon elle restera avec toi.

Le soldat samostain vint chercher Juna, et tous deux allèrent rejoindre Nob. Blade dégaina son épée et, son bouclier au bras, il descendit vers le bord de l'eau. Quand il en fut à une quinzaine de mètres, il s'arrêta et se retourna. Lorsqu'il romprait, comme il le devrait au début, il aurait la mer derrière lui. Ainsi, Hectoris ne pourrait l'attaquer que sur trois côtés.

Blade regarda Hectoris se mettre en selle, ajuster à son bras gauche le bouclier orné du serpent et prendre une lance au râtelier; il avait dégagé son épée du fourreau et accroché une masse d'armes à sa selle. Blade sourit ironiquement. Hectoris le prenait au mot et arrivait armé jusqu'aux dents. Il tourna son attention vers le cheval de bataille, qui piaffait et encensait comme s'il sentait le combat.

C 'était un animal magnifique, un gigantesque destrier qui, calcula Blade, devait peser une tonne ou plus. Suprêmement entraîné pour la bataille en masse, il se révélerait peut-être lourd et peu maniable contre un seul homme agile. Blade l'espérait. Le cheval portait une armure de chanfrein avec une longue pointe acérée entre les deux yeux, et un long caparaçon de maille. Rien de tout cela ne déconcerta Blade mais il maudit les jambières de bronze. Il ne pourrait le frapper aux jarrets pour l'abattre. Un espoir de victoire en moins.

Hectoris rassembla les rênes et abaissa sa lance. Blade jeta un coup d'œil derrière lui.

Une vague haute de trois mètres déferlait rapidement pour venir s'écraser en grondant sur le sable mouillé, en l'inondant d'écume salée. Blade recula encore de quelques pas et se tint prêt au premier assaut.

Le puissant cheval s'élança, galopant assez lourdement car le sable mou s'accrochait à ses sabots. Blade avait compté sur cela quand il avait choisi de combattre sur la plage.

Hectoris portait sa lance sur sa droite. Blade se déplaça pour offrir la cible de son bouclier en forme de cerf-volant dont le secret était bien dissimulé et recouvert de vernis.