A vos ordres, mon maître, seulement si je pars maintenant je vais manquer la bataille!

Va, te dis-je! A l'instant!

Nob grommela mais partit au galop sur la gauche à l'abri d'une ondulation de terrain. Blade fit pivoter son cheval et ordonna :

Formons le carré. Ils seront bientôt sur nous.

Les soldats de la Garde se déployèrent sur les deux flancs, et se disposèrent en carré, en laissant le centre libre. Les rangs s'écartèrent pour laisser Blade et ses officiers y pénétrer, puis se resserrèrent. Blade sauta sur sa selle, debout, pour examiner la formation. Il hocha la tête avec satisfaction.

Les soldats étaient placés sur trois rangs; d'abord des hommes, un genou en terre, armés de longues piques, puis des lanciers et, derrière eux, des archers. En plus de leurs armes particulières ils portaient tous une épée et une dague. A l'intérieur du carré, près de Blade et de ses officiers, un petit groupe de frondeurs comptaient déjà leurs munitions, des pierres volcaniques aux arêtes aiguës.

La cavalerie samostaine se déploya en croissant devant le carré de Blade. Des trompettes sonnèrent, des bannières claquèrent au vent mais elle ne passa pas à l'attaque.

Ils veulent parlementer, dit soudain Edyrn. Voici venir Lycus, leur commandant. Je le connais. Un homme cruel et un guerrier habile. Allons-nous ordonner aux archers et aux frondeurs de déclencher le tir? Si nous tuons Lycus, ils nous laisseront peut-être tranquilles.

Blade secoua la tête.

Non. Je ne veux pas qu'ils nous laissent tranquilles. Je dois voir comment notre Garde se bat, et c'est l'occasion ou jamais. Et ce Lycus peut me servir. Fais passer la consigne : on doit me le laisser. A moi seul!

Edyrn parut perplexe, ce qui lui arrivait rarement, mais alla transmettre les ordres. Blade se rapprocha des rangs et vit un cavalier trapu se détacher de la ligne samostaine pour galoper vers le carré. Il leva ses deux mains désarmées en signe de paix, et arrêta son cheval juste devant la ligne de piques. Blade trotta vers lui en serrant la bride à son étalon nerveux et piaffant. Un des archers, levant son arme, sourit largement à Blade.

Laissez-moi tenter un coup, monseigneur. Je peux l'abattre d'ici et, si je le rate, vous pourrez m'écharper vif.

Blade le regarda et répliqua en riant :

Plus tard, plus tard. Tu pourras te battre tout ton soûl, je te le promets.